Le premier à avoir fait le rapprochement entre alimentation et cancer du côlon est un anglais, le Dr Burkitt, dans les années 70. Résident en Afrique, il remarqua que les tumeurs du côlon, si fréquentes chez les Anglais, étaient presque inconnues des Africains. Soupçonnant le rôle de l'alimentation, il émit l'hypothèse qu'une nourriture riche en fibres, comme l'était celle des Africains, était un facteur protecteur.
Des études en question sur les fibres et le cancer
Depuis, nombre de recherches ont conforté cette thèse. C'est le cas d'un travail mené par l'American Cancer Society, sur 760 000 volontaires et qui montre un effet protecteur des céréales riches en fibres.
Dans une autre étude concernant 35 000 volontaires de l'état de l'Iowa, on note une incidence moindre du cancer colorectal chez ceux qui consomment beaucoup de fibres et de légumes.
Cependant, certaines études n'ont pas permis de mettre en évidence ce lien.
Notamment celle portant sur près de 90 000 infirmières : après 16 ans de suivi, la baisse du risque de cancer colique dans le groupe consommant le plus de fibres n'apparaît pas significative. Ou cette étude auprès de 48 000 employés des Services de santé aux États-Unis chez lesquels on note cependant une diminution de la survenue de polypes pour les plus grands consommateurs de fibres.
Au vu de ces travaux, le Pr E. Riboli, responsable des études sur la Nutrition et le cancer au Centre International de Recherche sur le cancer (CIRC-OMS) argumente : « il semble pertinent actuellement d'encourager une alimentation comprenant une plus forte proportion d'aliments d'origine végétale (légumes, fruits, céréales) riches en fibres. »
Contrairement à une idée reçue, les fibres alimentaires ne se résument pas au son présent dans les céréales complètes !
Elles existent, en quantité variable, dans tous les fruits et légumes, frais ou secs.
Les fibres possèdent la caractéristique de ne pas être digérées au niveau de l'intestin grêle, et d'arriver presque intactes dans le côlon. Il y en a deux sortes. Les fibres solubles ont la propriété de fermenter dans l'intestin et de nourrir préférentiellement une flore intestinale bénéfique, capable d'avoir un effet-barrière vis-à-vis des substances cancérogènes.
Cette flore produit des acides gras volatiles protecteurs (butyrate et propionate) dans le côlon. Ceux-ci, comme le souligne C. Rémésy, directeur de recherche à l'INRA, exercent une action directe sur les cellules de la paroi du côlon :
« Ils favorisent la division des cellules normales, et empêchent éventuellement la prolifération des cellules cancéreuses. »
Vitamines et minéraux en renfort
Quant aux fibres insolubles, surtout abondantes dans les céréales complètes et les légumineuses, elles ne fermentent pas (ou peu), mais exercent un effet mécanique sur le transit. Cela permet l'évacuation de substances potentiellement cancérogènes, qui n'ont pas le temps de jouer leur rôle néfaste sur la paroi intestinale. Autres actions préventives : elles améliorent l'élimination des sels biliaires nocifs pour la paroi des intestins, ainsi que le métabolisme du cholestérol.
Ce n'est pas tout ! Les végétaux riches en fibres renferment d'autres micronutriments aux vertus protectrices agissant en synergie avec les fibres : vitamines, minéraux, pigments...
C'est en raison de tous ces arguments que le comité de cancérologues européens a fait figurer, parmi les 10 recommandations du Code européen contre le cancer, "l'augmentation de la consommation de fruits et de légumes frais, ainsi que de céréales complètes."
En pratique, comment consommer des fibres ?
Pour un quota suffisant en fibres, il faut :
- choisir du pain semi-complet ou complet, plutôt que du pain blanc ;
- manger deux ou trois fruits par jour ;
- prévoir au moins une portion de légumes (produits ou crus, frais, surgelés ou en conserve) à chacun des repas ;
- penser à servir des légumes secs une ou deux fois par quinzaine.
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