Hallux valgus : déroulement et suite opératoire

Femme massant son hallux valgu
De nombreuses femmes souffrent d’une déformation à la base du gros orteil. Au fil des ans, elles ne peuvent plus se chausser. Nous avons suivi une patiente qui a décidé de se faire opérer sur les conseils de son médecin. Récit sur plusieurs mois de cette intervention efficace.

Hallux valgus : qu'est-ce que c'est ?

Très fréquente et plus connue sous le nom d'oignon, cette bosse osseuse, souvent bilatérale, se développe à la racine du gros orteil sur le bord interne du pied.

Elle se complique parfois d'une déviation des autres doigts de pied (en griffe) sur lesquels se développent souvent des durillons. Indolore au début, mais inesthétique, l'hallux valgus devient généralement douloureux vers la cinquantaine.

Outre des facteurs anatomiques congénitaux comme un gros orteil un peu long (qui accentue le problème), les grands responsables sont le port de chaussures étroites et de talons hauts. Cependant, il existe aussi des formes héréditaires et du sujet jeune.

Quand se faire opérer dans hallux valgus ?

Outre une demande esthétique, l’intervention s'impose dès l'instant où l'angle de valgus (déformation) est de 30°, mais surtout dès qu’il existe une douleur. D’autant plus si celle-ci est invalidante.

Plusieurs techniques opératoires sont possibles, le choix dépendant de l'aspect anatomique de la déformation, mais aussi de l'âge ou d'éventuelles complications arthrosiques.

Comment le soulager ?

Le traitement médical a peu d'effet. Les anti-inflammatoires ne sont pas très efficaces. Les soins locaux sont une solution provisoire et ne sont pas recommandés. Des semelles peuvent soulager temporairement, mais elles sont assez mal supportées et risquent d'accentuer le frottement du gros orteil. Une bonne hygiène des pieds et des soins chez le pédicure s'imposent. De même que le port de chaussures confortables et adaptées.

À noter : Seule la chirurgie peut résoudre le problème.

Hallux valgus : comment ça se passe avant l'intervention

Une bosse inesthétique

Nathalie est âgée de 48 ans quand les premiers symptômes apparaissent sous forme d'une bosse osseuse sur les deux pieds. Pour elle, le problème est avant tout esthétique. Plus de chaussures découvertes, honte de montrer ses pieds nus... Par ailleurs, elle commence à ressentir une gêne aggravée par le port de ses chaussures.

Dans ses antécédents, elle n'a aucun facteur héréditaire, mais elle admet avoir longtemps porté des chaussures étroites à talons hauts (d'environ sept centimètres). Entre son travail d'hôtesse d'accueil et ses nombreuses activités familiales, elle n'envisage pas une intervention qui désorganiserait sa vie. De plus, elle avoue redouter l'opération réputée douloureuse.

10 ans après la douleur est insupportable

Les années passent, la situation s'est aggravée. Nathalie ne peut plus travailler en position debout. La déformation de ses pieds s'est accentuée jusqu'au chevauchement de ses orteils du côté gauche. A ce stade, le port de baskets est conseillé, mais son travail l'oblige à mettre des chaussures élégantes qu'elle achète, par obligation, souples et à bout carré. Malgré cela, elle souffre et se trouve de plus en plus gênée dans sa vie quotidienne.

La douleur est si vive au frottement qu'elle a recours à des crèmes hydratantes et relaxantes, et à des antalgiques en période de crise. Nathalie prend conscience de la nécessité d'une intervention. Mais c'est la réussite de l'opération d'une amie atteinte du même mal qui la décide.

Le jour de l’opération

Dans sa chambre d’hôpital

Nathalie arrive à 10 heures. Une anesthésie loco-régionale ou rachidienne étant prévue, elle a pu prendre un petit déjeuner léger. On lui fait un bilan biologique et une radiographie des pieds. Dans sa chambre, après une séance de rasage des poils sur les membres inférieurs, elle prend un bain de pieds désinfectant. Un analgésique lui est administré par voie injectable une demi-heure avant l'intervention.

Objectif : la mettre dans un état somnolent avant son arrivée au bloc opératoire prévue à 14 heures.

Au bloc opératoire

L'anesthésiste procède à une rachianesthésie. Cette technique d’anesthésie peut parfois impressionner, mais elle est indolore. Nathalie est placée en position à demi-assise pendant que le médecin injecte à l’aide d'une aiguille le produit anesthésiant à la base de son dos entre deux vertèbres (L4-L5).

L'objectif : Arriver au contact des racines nerveuses sensitives dans l'espace péridural, tout en restant à distance de la moelle épinière. Cette technique permet une anesthésie de 12 heures et procure une insensibilité durant les deux jours post-opératoires réputés douloureux dans ce type d'intervention.

Allongée sur la table, Nathalie est confortablement installée avec un oreiller sous la tête. Ses jambes et ses pieds sont badigeonnés d'un antiseptique iodé, des champs opératoires sont mis en place. Consciente, elle est autorisée à écouter de la musique avec un baladeur, mais elle préfère un léger calmant. (On peut lui parler, mais elle ne gardera aucun souvenir de l'opération.) La jambe du côté opéré en premier est entourée d'une chaussette en jersey.

15 minutes après l'anesthésie, l'opération commence

  1. Le chirurgien pratique une incision latérale sur le bord du pied pour atteindre la première phalange. Une section osseuse (ostéotomie) est ensuite réalisée sur la phalange de façon à corriger l'angle de la déformation. Les défauts de l’articulation sont corrigés.
  2. Les adhérences sont libérées, puis l’os est "remodelé" jusqu’à récupération de sa forme initiale. Le gros orteil est replacé dans l'alignement, puis une suture esthétique est réalisée.
  3. Le chirurgien opère les durillons ou cors des orteils (en général, en griffes). Une petite incision latérale est pratiquée sur le bord de l'orteil concerné. La tête de la phalange est partiellement sectionnée, un geste réalisé en quelques secondes. une suture esthétique est effectuée.
  4. Les sutures sont désinfectées et un pansement compressif est rapidement appliqué pour limiter le gonflement du pied. (Ce pansement est conçu pour que la patiente puisse remarcher dès le lendemain de l'intervention.)

La même opération est pratiquée de l'autre côté. L'intervention a duré au total 45 minutes.

Après l'opération de l’hallux valgus

À l’hôpital

Nathalie, toujours sous l'effet de l'anesthésie loco-régionale, ne souffre pas quand elle retourne dans sa chambre. Elle ne se plaint pas non plus de douleur les trois jours suivants où elle bénéficie d'anti-inflammatoires et d'antalgiques (voire de morphine).

Une radiographie est effectuée le lendemain de l'opération, jour où elle va déjà remarcher, sans béquilles. Elle porte des chaussures spéciales achetées avant l'intervention. Ces nu-pieds équipés de Velcro, adaptés au pansement compressif, lui permettront de se déplacer jusqu'à l'ablation des fils. Mais, fait important, elle doit marcher pendant cette période en ménageant l'articulation opérée, c'est-à-dire en s'appuyant sur les talons sans dérouler le pied (comme un ours, les pieds bien à plat).

Ses pansements sont changés tous les jours, à partir du deuxième jour. Nathalie quitte l'hôpital quatre jours après l'opération, avec une prescription d'antalgiques.

15 jours plus tard, ses fils sont retirés à l'hôpital par le chirurgien. La cicatrice est belle, un peu foncée, et ses pieds sont encore rouges et gonflés. Des veinotoniques lui sont prescrits pour faciliter le retour circulatoire. Nathalie est désormais dispensée de pansements. Elle marche avec des chaussures souples et lâches, mais peut reprendre sa vie normale.

Chez le kinésithérapeute

Une rééducation douce est entreprise dès la 72 heure par un kinésithérapeute spécialiste du pied. Après avoir retiré les pansements, il effectue une mobilisation active et passive des articulations opérées. L'objectif : prévenir les raideurs.

Une kinésithérapie plus active, mais douloureuse, commence dès l'ablation des fils. Généralement au nombre de douze, les séances durent environ un quart d'heure, à raison de trois par semaine.

Chez le chirurgien

Nathalie revoit son chirurgien un mois, puis trois mois après l'intervention, avec une radiographie de contrôle.

Quelques semaines après l’opération

Cinq semaines après l'intervention, Nathalie est parvenue sans difficulté à grimper en haut du Mont-Saint-Michel. Un exploit pour elle. C'était l'été et elle portait des chaussures découvertes.

Au bout de deux mois, elle a pu remettre ses chaussures habituelles, des mocassins souples.

Enfin, trois mois après l'opération, elle a pu porter des escarpins. Et rien ne s’oppose plus au port de chaussures fines ou à talon car il n'y a pas de risque de récidive, du fait de la remise en place de l'articulation.

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