Protégeons les plantes médicinales

Femme prépare des remèdes à base de plantes
L’ethnobotaniste Jean-Pierre Martin se bat pour protéger ce patrimoine naturel en péril. Interview d’un homme engagé.

Pour certaines populations du monde, les traitements à base de plantes sont une véritable nécessité. Par tradition ancestrale bien sûr, mais surtout par manque de médicaments conventionnels trop coûteux.

« II faut donc absolument préserver les plantes des pays économiquement pauvres pour que leur population puisse les utiliser pour se soigner », souligne Jean-Pierre Martin. Docteur en ethnopharmacologie et ethnobotanique, il se bat depuis douze ans, dans le cadre de l'association Jardins du Monde, pour préserver ce patrimoine naturel. Il nous explique son engagement.

Quel est l'objectif de l’association ?

Jean-Pierre Martin : Jardins du Monde intervient auprès de populations en difficulté : au Honduras, au Burkina Faso, au Tibet... pour essayer de les rendre autonomes en matière de santé, qu'elles puissent produire elles-mêmes leurs propres remèdes grâce à la flore locale.

Le but de l'association ? Échanger nos savoirs et leur permettre de produire des médicaments, tout en respectant leur culture et leurs traditions. Ainsi, une fois que nous quittons le pays, le système de soins peut continuer et se transmettre sans modifier pour autant leur mode de vie.

Comment agissez-vous sur le terrain ?

J.-P. M. : On répertorie les principales maladies, comme le paludisme, les problèmes de diarrhée, et on va essayer de les traiter en utilisant les plantes locales.

Des agents de santé, des sages-femmes et des vétérinaires locaux apprennent avec nous comment les utiliser (les sécher et les transformer). Ensemble, on construit des petits laboratoires et des pharmacies, à proximité des villages. Mais aussi des jardins médicinaux, pour cultiver les principales plantes à vertu curative.

Tout se passe bien parce que notre équipe agit avec l'aide des paysans locaux, des guérisseurs, des universités, des structures de santé... pour ne surtout pas bouleverser leur système de valeurs.

Vous insistez beaucoup sur l'éthique de vos missions...

J.-P. M. : Oui, c'est très important. L'association essaye de respecter au mieux la culture du pays où elle intervient, de prendre le temps de comprendre les subtilités du langage, les coutumes... pour faire le meilleur travail possible.

Par exemple, là où il existe une population de guérisseurs, on leur laisse le soin de traiter les maladies chroniques qu’ils considèrent comme leur terrain d'action, et nous, les autres pathologies. Au Burkina Faso, pour aborder la question des plantes, on communique sous la forme de contes pour que cela leur soit plus parlant.

C’est la même chose pour le conditionnement des traitements. Alors que certaines populations préféreront des sirops, d’autres comme celles du Tibet ou de l'Afrique consommeront leurs médicaments sous forme de poudre. C'est essentiel de prendre en compte les traditions et de valoriser chaque culture si on veut que ça marche.

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