Les vergetures : souvent très mal vécues par les femmes
C’est une hantise. Et pour cause : elles sont inesthétiques (ventre, seins, haut des cuisses) et n'ont pas de solution miracle... Mais comment surviennent-elles ?
« Dès qu'il se produit une modification importante du métabolisme (croissance, puberté, grossesse, dérèglement hormonal...), il y a un risque de rupture du tissu élastique et d'apparition de vergetures, explique le docteur Marc Bone, dermatologue. En grande partie, à cause d'un terrain héréditaire familial. »
La femme enceinte est la plus exposée et, dans 90 % des cas, les vergetures apparaissent en effet entre le sixième et le huitième mois. Le risque est maximal au cours de la première grossesse et diminue avec l'âge et leur nombre.
Les régimes amaigrissants sont un autre facteur favorisant. « Ils constituent un vrai traumatisme pour la peau. C'est comme tirer sur un élastique, si on tire trop ou trop vite, il casse. »
Enfin, la prise de médicaments à base de cortisone la fragilisent également et peuvent entraîner ce que l'on appelle des vergetures post-cortisoniques".
Vergetures : Existe-t-il des peaux à risque ?
Tout dépend de la qualité de la peau. « Si on reconnaît qu'il y a un terrain, on ne sait pas, en revanche pourquoi, sur trois sœurs d'une famille 'là risque", deux vont développer des vergetures, la troisième, non », cite en exemple le Dr Bone.
La vergeture est imprévisible. On sait cependant que les peaux claires, plus fines, sont davantage exposées. Une femme qui a la peau plus épaisse court moins le risque d'en développer.
Peut-on les prévenir ?
On peut améliorer la qualité générale de la peau, par la prise de vitamines E, A, C, de compléments alimentaires, de gélules d'huiles végétales (bourrache, onagre...). De même, pratiquer un sport et hydrater sa peau avec des crèmes ou des huiles permet d'en améliorer la qualité, mais sans garantie, du moins connue, sur le risque d'apparition des vergetures.
Aux femmes enceintes, le docteur Vincent Cossu, gynécologue, recommande dans tous les cas de prendre soin quotidiennement de leur peau, afin, dit-il, « de maintenir une souplesse qui permette de mieux résister aux "craquements". Mais il est aussi important que les femmes surveillent leur poids. En prendre trop rapidement sollicite brutalement l'élasticité de la peau. Si celle-ci n'a pas le temps de s'adapter aux changements, elle peut craquer. »
Les vergetures peuvent-elles se résorber seules ?
Les vergetures qui se résorbent le mieux sont celles de l'adolescence, qui apparaissent entre quatorze et dix-huit ans, souvent de couleur rosé ou pourpre.
Avec le temps, elles s'atténuent pour une large part, et on ne les voit pratiquement plus chez certaines jeunes femmes. Chez d'autres, elles perdurent, car elles ont pris naissance plus profondément dans le derme.
Quand et comment traiter les vergetures ?
La plupart des médecins sont d'avis de ne pas attendre trop longtemps. Plus on tarde, plus les tissus vont s'atrophier et plus le traitement risque d'être lourd et le résultat très moyen. Tant que les vergetures sont au stade inflammatoire (rosées ou pourpres), il est inutile de recourir à des traitements lourds (dermabrasion, laser, peeling) : elles sont encore en mouvement et peuvent se résorber seules.
Ensuite, il y a deux cas de figure. Si au bout de deux ou trois mois, elles ne se sont pas résorbées et sont devenues blanches, vous pouvez traiter. Si au bout de six mois à un an, elles sont toujours roses, désormais, elles ne changeront plus de couleur... C'est aussi le bon moment pour agir.
La vergeture est une rupture du tissu élastique au niveau du derme, donc à un niveau profond, où il n'y a pas de réparation possible, au contraire de la cicatrisation de l'épiderme.
« Pour qu'un traitement agisse, explique le Dr Cossu, il faut qu'il se produise un changement au niveau du derme, c'est-à-dire qu'il y ait inflammation, afflux de sang par la micro-circulation, puis d'oxygène, pour stimuler les fibroblastes ». Ces derniers vont ensuite produire l'élastine et le collagène nécessaires au renouvellement cellulaire de la peau.
« La difficulté actuelle est de déterminer la limite entre superficiel et profond. Car si le traitement est superficiel, le résultat le sera aussi ; s'il est profond, il peut s'avérer dangereux. »
Les crèmes contre les anti-vergetures
Les femmes utilisent couramment les crèmes anti-vergetures au cours de la grossesse, mais elles s'adressent également aux jeunes filles au moment de la puberté.
Mais certains médecins sont plutôt sévères à leur encontre, arguant d'une efficacité trop faible pour être appréciée. Les autres ne souhaitent pas jeter le discrédit sur des produits qui ont une action bénéfique pour la peau, ne serait-ce que par leur haut pouvoir hydratant.
Les crèmes anti-vergetures contiennent aussi des actifs stimulant la production de collagène et d'élastine. Elles agissent suffisamment en profondeur pour traiter les vergetures récentes et superficielles. Préventivement, les résultats d'études cliniques (traitement contre placebo) montrent une survenue moindre, de près de la moitié, des vergetures. A condition, comme le rappellent les laboratoires commercialisant ces crèmes, de commencer l'application dès les premières semaines de la grossesse, jusqu'à deux mois après l'accouchement. Mais si vous avez un terrain favorable, elles pourront survenir malgré vos soins.
Sur les vergetures récentes, elles réduiraient leur couleur, grâce à des actifs anti-inflammatoires, et leur taille, grâce à l'action exfoliante et lissante des AHA. À condition, toujours, de commencer dès l'apparition des vergetures et d'appliquer idéalement la crème deux fois par jour, pendant trois mois !
Le massage est aussi un facteur important dans la prise en charge de la vergeture. Ne le négligez pas, prenez votre temps, car il intervient pour une bonne part dans l'assouplissement de la peau. En revanche, sur les vergetures anciennes ou profondes, ces produits n'ont aucun effet.
La dermabrasion
Elle consiste à projeter sur les vergetures des cristaux d'alumine pour lisser la peau. Cette technique très lourde et douloureuse est considérée comme "totalement inefficace" par de nombreux praticiens et, dans cette indication précise, est abandonnée au profit d'autres techniques (peut-être) plus prometteuses.
Le peeling
Avant de traiter la peau, on la prépare en réalisant une éolisation "appuyée" des premières couches de l'épiderme. On apaise l'inflammation cutanée conséquente avec une compresse à base de lidocaïne. Après ça, seulement, on applique la solution de peeling, à base d'AHA et d'acide trichlocératique.
On régénère ensuite la peau par l'application d'une crème qui contient des facteurs de croissance dermiques et épidermiques, des antioxydants et des vitamines (acides gras, précurseurs de la vitamine A, vitamines C, E et H, sélénium, silicium).
Dernière étape, la plus importante, l'occlusion de la zone traitée : on la recouvre d'un film plastique que l'on garde de 6 à 24 heures, en fonction de la profondeur et de l'ancienneté des vergetures. La cicatrisation se fait en 8 à 10 jours.
La couleur de la peau n'est pas rédhibitoire, mais il faut adapter "rigoureusement" le traitement à chacune afin d'éviter les risques de brûlure ou de dépigmentation.
En revanche, il est contre-indiqué aux personnes sous cortisone, diabétiques et aux femmes enceintes. Ce traitement est en cours d'évaluation dans une quinzaine de centres de dermatologie pour juger de ses éventuels effets secondaires à long terme.
Protocole : deux à dix séances selon les zones, à raison d'une séance par mois.
Le laser
Il existe deux sortes de lasers : le C02 (première génération de lasers), avec un effet thermique important dans le derme, et l'Erbium, avec un effet thermique moins profond.
Chacun est utilisé en fonction de la profondeur de la vergeture, avec une intensité (longueur d'onde) donnée. En effectuant plusieurs passages sur la peau, le laser réalise une sorte "d'épluchage" couche par couche, une abrasion qui reste superficielle.
Le laser pénètre au niveau du superficiel derme moyen, sans risque de brûlures. Par l'inflammation provoquée il y a reconstruction collagénique et élastique de l'épiderme. La peau qui était vergeturée devient ainsi plus ferme après le traitement.
Ce dernier est réalisé sous anesthésie locale et le temps de cicatrisation est de huit à quinze jours.
Dans le meilleur des cas, on parvient à atténuer les vergetures anciennes de 50%.
Protocole : une à trois séances, tous les deux à trois mois, chez le dermatologue.
À lire aussi : Vergetures grossesse : comment les faire disparaître ou les diminuer ?
