Plaques rouges, démangeaisons, boutons : à qui la faute ?
Même sans être une inconditionnelle du maquillage, il ne se passe pas une journée sans qu'une femme utilise un produit cosmétique : shampoing, savon, crème... Tout se passe bien jusqu'au jour où apparaissent des plaques rouges, des démangeaisons ou des boutons.
A qui la faute ? Peut-être à votre nouvelle crème antirides, ou à votre shampoing préféré que vous utilisez depuis plus de cinq ans, ou encore à l'eau de toilette que l'on vient de vous offrir... En tout cas, certainement à un parfum contenu dans la formule de l'un de ces produits car il constitue le premier allergène des cosmétiques. Les parfums sont partout ! Dans les crèmes et le maquillage, mais aussi dans les produits d'hygiène corporelle ou buccale, ou encore ménagers (liquide vaisselle, etc.).
Les peaux sensibles en première ligne
La sensibilité cutanée varie d'une personne à l'autre. Elle peut être héréditaire : près de 10 % des femmes ont une peau génétiquement sensible. Les premières touchées sont celles qui ont la peau claire, fine, atopique et sujette a la couperose. Elle se caractérise par une perméabilité anormale de la couche cornée et un seuil bas de déclenchement des démangeaisons. Un tiers d'entre elles sont devenues sensible car elles ont été trop exposées au soleil, au vent, à la pollution, aux traitements au laser. Enfin, la sensibilité peut être d'origine inconnue. C'est le cas pour 60 % des femmes à peaux sensibles : ce sont toutes celles qui ne supportent plus aucun cosmétique.
Mascara, blush, vernis à ongles...
Par contact direct
C'est le mode de sensibilisation le plus courant. Par exemple, le mascara sur les cils. Vous ne supportez pas un ou plusieurs de ses composants, vos yeux piquent et se mettent à pleurer dès que vous l'appliquez.
A distance
La réaction n'apparaît pas sur la zone d'application du produit. On parle de réaction "ectropique". C'est le cas du blush posé sur les joues, qui peut provoquer une réaction au niveau des paupières, là où la peau est la plus fine, donc plus fragile.
Par "procuration"
Vous venez de vous mettre du vernis à ongles, vous caressez le cou de votre enfant et il se retrouve avec des taches rouges. Votre vernis était pourtant bien sec. Mais comme les résines qu'il renferme sont très concentrées, celles-ci continuent d'agir. Autre exemple : vous embrassez votre enfant sur la joue et, quelques secondes plus tard, une rougeur apparaît. Dans ce cas, c'est sans doute votre rouge à lèvres qui est en cause.
Par photosensibilisation
Le dernier mode de réaction concerne la photosensibilisation. Vous prenez soin d'appliquer de la crème solaire mais il suffit que vous vous exposiez au soleil pour qu'une allergie apparaisse. Pourtant, tant que vous étiez à l'ombre, tout allait bien. Il s'agit, en fait, d'une réaction au filtre solaire, et plus vous vous badigeonnez de crème, plus ça s'aggrave.
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Par l'air ambiant
Depuis que les sprays (parfums d'ambiance, déodorant...) ont envahi les maisons, la voie "aérienne" est un mode de sensibilisation très courant. Cela se traduit souvent par un eczéma sur les paupières.
Des produits irritants bien cachés
Malheureusement, ils sont très nombreux ! Mais certains le sont plus que les autres comme le conservateur Euxyl K400, l'émulsifiant cocamidopropylbétaïne (CAPB) que l'on retrouve dans les shampoings, savons, liquides pour lentilles de contact. Méfiance également vis-à-vis de la lanoline, des vitamines A et E contenues dans certaines crèmes, des filtres solaires chimiques comme l'oxybenzone.
Et sachez encore que les huiles essentielles, même bio peuvent provoquer des réactions dues à leurs extraits très actifs, qui constituent des allergènes forts. Le henné, lorsqu'il n'est pas pur, est aussi un produit "à risque", car les fabricants lui ont ajouté des colorants pour faire tenir la couleur plus longtemps.
Comment en venir à bout ?
Pour commencer, il faut stopper toute application de produit "suspect". Si vos paupières sont atteintes, oubliez le mascara, même s'il est indiqué que celui-ci est spécialement conçu pour les yeux les plus fragiles. Si c'est le visage, vous devez nettoyer votre peau avec des lotions neutres ou avec une eau thermale, et vous sécher en tamponnant délicatement sans utiliser de coton, trop agressif.
Ensuite, vous devez appliquer des crèmes contenant des molécules choisies selon le type d'irritation : adoucissantes, nourrissantes ou cicatrisantes (aloe vera, vitamine A et E, acides gras essentiels, karité…) ou encore plus neutres comme les cold creams.
Si vous devez vous exposer au soleil, préférez les crèmes antisolaires avec des filtres minéraux et non chimiques. Bien sûr, on évite les applications de crème cortisonée sans avis médical. Ces crèmes n'agissent pas sur l'irritation, elles la calment momentanément et elles fragilisent la peau. Cet apaisement incite à répéter les applications de cortisone, créant une "dépendance" qui, petit à petit, peut être à l'origine d'une "dermite des corticoïdes" : la peau amincie est rouge, fragile, parcourue de petits vaisseaux, de plus en plus sensible et source de réactions.
Conseils de prévention
- Tout d'abord, réduire et limiter le nombre de produits d'hygiène, notamment ceux qui sont très parfumés.
- Utiliser des pains sans savon et sans tensio-actifs détergents qui altèrent le film hydrolipidique protégeant la peau.
- Respecter les dilutions prévues par le fabricant. Ne pas utiliser les produits purs à moins que leur emploi ne l'exige, ne pas les mélanger.
- Employer des produits dont la "destination" est clairement indiquée (hygiène, cosmétiques...). Rincer à l'eau tiède, essuyer la peau doucement.
- Préférer les fibres textiles naturelles — comme le coton, le lin, la soie ou la laine — plutôt que les fibres synthétiques qui favorisent l'irritation aux anti-transpirants et déodorants.
- Prendre le temps d'observer sa peau et ses éventuelles réactions, même minimes. Et rester fidèle aux produits qui conviennent le mieux.
Ne pas confondre allergie et l’irritation
L’allergie
Elle a une composante immunologique, c'est-à-dire qu'elle est liée à une réaction antigène et anticorps. Elle affecte uniquement la personne sensible à une molécule précise, quel que soit son dosage. La peau est souvent rouge et gonflée, avec des démangeaisons et parfois des petites vésicules.
L’irritation
Un shampoing mal rincé peut provoquer une irritation du cuir chevelu. Pourtant, cette irritation n'a pas de composante immunologique, contrairement à l'allergie. La peau est rouge, un peu gonflée… un symptôme qui disparaît ou s’atténue rapidement.
Attention, une irritation devenant chronique favorise la sensibilisation et l'apparition d'allergie.
Un produit hypoallergénique, c’est quoi ?
Pour répondre à une demande plus forte de produits "sains", les laboratoires proposent aujourd'hui des "hypoallergéniques", Leurs ingrédients sont censés être le moins allergisants possible. Pour le vérifier, le produit est testé par des médecins sur des patients, mais en nombre trop limité pour obtenir des résultats probants, car le panel ne concerne que 50 personnes. Alors qu'il en faudrait au moins 200 pour que cela soit valable ! Donc, sachez qu'un produit hypoallergénique ne vous met pas à l'abri d'une allergie…
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