La situation de la femme a changé
Couple, enfants, travail... Il y a quarante ans, les femmes avaient déjà une vie accomplie lorsqu'elles fêtaient leurs trente ans.
Aujourd'hui, la situation a changé : elles font souvent des études plus longues et les premiers boulots sont rarement rémunérateurs, ce qui retarde leur prise d'autonomie et leur entrée dans la vie active. C'est donc autour de la trentaine qu'elles effectuent leurs choix de vie.
Et cela ne se fait pas sans mal car ces jeunes femmes appartiennent à une génération où la performance a valeur de modèle. Elles doivent assurer dans tous les domaines : vivre une histoire d'amour durable, voire être une épouse et une mère parfaites, doublée d'une professionnelle exemplaire.
C'est beaucoup de responsabilités sur leurs épaules !
Cependant, trente ans est aussi l'âge où la jeune adulte commence à savoir ce qu'elle veut, ou pas, mais aussi ce qu'elle vaut. Même si elle est encore fragile par rapport à la pression sociale, l'expérience déjà acquise l'aide à prendre enfin de (vraies) distances avec ses parents et à envisager sa vie avec davantage de clairvoyance. Trente ans, c'est l'âge de tous les carrefours et celui des premiers bilans. Un cap pour certaines, une crise pour d'autres. Mais, surtout, un avenir qui n'a rien de figé : tout est encore possible.
Vive la crise de la trentaine !
« Trente ans ? Je trouvais que c'était un âge qui sonnait bien, raconte Sophie, 32 ans, secrétaire de direction. Et puis, le jour de mon anniversaire, la déprime m 'est tombée dessus sans crier gare. Soudain, j'avais la sensation que tout devenait urgent : trouver l'homme de ma vie, avoir un bébé, gravir les échelons dans ma boîte. Comme si j'étais en retard sur ma vie et que, du coup, j'allais forcément rater le train. »
À l'âge de Sophie, Aude, 36 ans aujourd'hui, avait déjà un mari et un bébé de deux ans. Elle aussi se souvient de cette anxiété au changement de dizaine : « Je voulais un autre enfant, mais je savais que je ne pourrai plus postuler pour le poste qui me plaisait car je voulais m'occuper de mes enfants le mercredi. »
Deux parcours différents, mais une même problématique : le passage délicat de la trentaine.
Ces jeunes femmes se disent que, si elles veulent prouver leur valeur au travail, ce n'est pas le moment d'avoir un enfant. Pour autant, elles ne veulent pas sacrifier leur vie de famille à leur carrière. Elles pensent donc qu'elles sont dans une impasse et qu'il va leur falloir tout accomplir au même moment, sous peine de ne pas trouver leur place dans la société.
D'où cette angoisse que le cap des trente ans ne fait que révéler. Surprenante, inquiétante, parfois douloureuse, cette crise est pourtant salutaire : elle permet de devenir vraiment adulte en se posant des questions sur soi et en y apportant les réponses qui feront avancer.
Pourquoi elles ont peur d'être mères ?
Pour Annick Blondeau, psychothérapeute « la femme de trente ans (et plus) se rêve comme une mère parfaite, menant de front carrière, vie de couple, vie de famille et vie sexuelle. Or, ce fantasme de perfection est difficilement compatible avec les deux schémas maternels qu'elle connaît celui de la mère au foyer, dévouée et dans le sacrifice de sa personnalité, et celui de la mère culpabilisée de faire carrière au détriment de sa vie de famille ».
C'est donc souvent la peur d'échouer dans son rôle de maman qui tend à refouler son désir d'enfant. Et plus elle attend, plus elle a du mal à surmonter sa peur. Lorsqu'elle devient enfin mère, l'enfant ne calme pas ses doutes pour autant.
D'autres questions se posent alors : « C'est quoi être une bonne mère ? Et si je ne suis pas une bonne mère, suis-je obligatoirement une mauvaise ».
« Mon conseil aux futures ou jeunes relâchez la pression. Toutes mamans les femmes, à tous les âges, se posent des questions sur leur capacité à devenir mère. Et être une bonne mère, c'est justement consentir à ne pas toujours l'être (parfaite), en acceptant ses failles et ses limites ».
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