Relation parents-enfants : les raisons de la colère
34 ans, Paul ressent toujours un pincement au cœur lorsqu'il évoque le souvenir de Castor, son chat, offert par sa grand-mère pour ses sept ans. Très vite, ils deviennent inséparables. Mais les parents de Paul décident de déménager et de laisser Castor chez la grand-mère. Au grand désarroi de l'enfant... Peu de temps après, l'animal est écrasé par une voiture. Aujourd'hui encore, Paul en veut à ses parents qu'il rend responsables de la mort de son chat.
Histoire très différente, celle de Issam, 25 ans, qui a un lourd contentieux avec ses parents. « Mon père me disait toujours que j'étais nul. J'ai fini par le croire, et j'ai le sentiment de tout rater dans ma vie à cause de lui. Je ne parviens pas à lui pardonner »
Les reproches plus ou moins importants que l'on peut faire à ses parents sont-ils toujours fondés ? Ce n'est pas ce qui s'est passé qui est essentiel, mais ce que l'enfant a ressenti à un moment de sa vie, au plus profond de lui, et qu'il n'a pas pu, ou pas su, exprimer.
Personne ne peut juger de la souffrance d'autrui. Certaines personnes gardent sur le cœur des peines infantiles pour des motifs qu'elles ne pouvaient, à l'époque, reprocher à leurs parents. Se pose alors, adulte, la question du pardon. On ne parle pas ici des souffrances de l'enfant maltraité, qui relèvent d'abord de la justice.
Aucune éducation n'est parfaite
« J'ai passé mon enfance à comparer ma mère aux autres femmes, raconte Marie-Alice, 32 ans. Elle s'habillait si mal que je n'osais pas inviter des amies. J'ai du temps à lui pardonner de ne pas avoir été plus féminine. Je crois que cela a joué dans ma volonté d'être toujours tirée à quatre épingles ! »
Tous les enfants rêvent de parents merveilleux, et cet idéal reste souvent ancré toute la vie. Or, les parents ne sont ni tout bons ni tout mauvais, mais simplement des personnes ordinaires, avec leurs faiblesses. Sans oublier que chaque parent a son histoire, avec ses rêves, ses chagrins... Aucune éducation n'est parfaite, disait déjà Sigmund Freud, le père de la psychanalyse.
Les reproches sont normaux et nécessaires pour se construire et devenir soi-même. Pour entretenir des relations équilibrées avec ses parents et avec les autres, il faut se détacher des sentiments de l'enfance et poser un regard lucide sur ses parents. Oser le reproche permet d'arriver au pardon : c'est une étape constructive dans le développement de la personnalité. Grandir, c'est aussi apprendre à faire avec ce que l'on a.
Il ne faut pas demander aux personnes plus que ce qu'elles peuvent donner. C'est une question de sagesse. Donc de maturité, et c'est parfois le travail de toute une vie. Si certains reproches persistent à l'âge adulte, l'important est de ne pas s'enliser dans un réquisitoire sans fin contre ses parents, de ne pas vivre par rapport au passé, mais de construire sa vie par rapport à ses valeurs et à l'avenir. Peut-être est-il temps d'apprendre à tourner la page afin de ne pas transmettre ses rancœurs, voire ses angoisses, à ses propres enfants.
Aidez vos enfants à dire leurs émotions
Le problème avec les reproches, c'est qu'ils sont formulés, le plus souvent, des années après l'événement qui a marqué l'enfance. Dès lors, le mal est fait et l'explication perd de sa puissance, Mais ce n'est pas toujours facile pour l'enfant d'oser parler, car il est tiraillé entre l'amour pour ses parents et le sentiment d'injustice.
Certains psychologues pensent qu'il faudrait apprendre aux enfants à réagir "à chaud" , au moment où l'attitude parentale les heurte. Cela suppose d'accepter que son enfant exprime ses émotions et même sa colère, d'accepter aussi qu'il puisse formuler une critique à l'encontre de ses parents, même s'ils ne sont pas d'accord avec lui. L'important est que l'enfant sache qu'il a le droit de dire ce qu'il ressent, que le dialogue est possible avec ses parents.
À lire aussi :