Handicaps, phobies etc. : se soigner avec les chevaux

Cheval Thérapie
La thérapie avec le cheval aide des patients souffrant de troubles du comportement, d’un handicap ou de phobies à libérer leurs émotions et à s’ouvrir aux autres.

Le cheval utilisé comme outil thérapeutique n'est pas une idée nouvelle. Développé en France à la fin des années 1970 par Renée de Lubersac, psychomotricienne et psychothérapeute, ce concept a fait du chemin, surtout à l'hôpital.

La thérapie avec le cheval s'adresse aux patients handicapés, et plus particulièrement à ceux qui souffrent de troubles du langage et du comportement (psychotiques, autistes, schizophrènes...).

Pendant longtemps, le cheval a été surtout utilisé dans un but ré éducationnel, avec des exercices imposés d'équilibre, de déplacements dans l'espace, des jeux, des slaloms, selon la pathologie du patient.

On se détend au contact de l'animal

Aujourd'hui, l'objectif n'a pas changé, mais les moyens ont évolué. Les soignants privilégient l'aspect relationnel entre le patient et le cheval. On place le patient seul avec le cheval, mais dans un cadre toujours sécurisé. On observe ses réactions, en essayant de déchiffrer les signes et les gestes. On émet beaucoup d'hypothèses, on en garde beaucoup aussi. C'est une science du tâtonnement.

Pour les enfants ou les adultes bénéficiant de ces séances, la rencontre est d'abord déstabilisante. Cris, agressivité ou repli sur soi ponctuent la première journée. Pour le cheval aussi, c'est un défi. Intuitif, hypersensible, l'animal réagit à la personne en face de lui. Il faut comprendre pourquoi, éventuellement changer de cheval et trouver le bon accord.

Femme Monte à Cheval
© istock

Retrouver confiance en soi

Et l'on monte à cru de préférence (sans selle). II est important de sentir le cheval, sa chaleur et son mouvement. Ce dernier agit comme un bercement rassurant, qui rappelle celui de la mère et entraîne une détente, une sensation de sécurité indispensable pour se construire.

Il est aussi important d'apprendre à respecter le cheval, en s'en occupant et en étant attentif à ses réactions. C'est un pas nécessaire vers l'autonomie. Après avoir travaillé avec des handicapés, des spécialistes s'intéressent aujourd'hui aux personnes victimes de comportements addictifs — drogue, alcool, tabac — ou de phobies sociales.

La taille du cheval, son tempérament, son caractère purement émotif, l'assise dominante et panoramique qu'il permet, l'environnement naturel dans lequel on évolue, sont des éléments forts pour la thérapie. Ils peuvent libérer la parole, aider chacun à retrouver confiance en soi.

Claude, atteinte d'une maladie neuromusculaire, en a fait l'expérience. En cinq jours, à raison de deux à quatre heures de pratique par jour, elle acquiert sur le cheval la tonicité qui lui fait défaut, elle sent ses pieds dans les étriers. Ses efforts lui coûtent beaucoup physiquement, mais lui redonnent la sensation d'exister : « On passe par toute la panoplie des émotions : chanter, crier, pleurer, rire, avoir peur... C'est libérateur, notamment pour des personnes très inhibées par le déni, la culpabilité, la honte ou la mésestime de soi. »

Un travail de longue haleine

Nul doute que le cheval est un médiateur corporel. Surtout chez les personnes souffrant de graves problèmes psychiques. Ce sont des patients qui ont perdu toute sensation de plaisir. Le cheval permet, par le toucher et le partage, de projeter ses émotions et affects, de parler de ses difficultés à vivre et de ses angoisses. Mais, souvent, les thérapeutes n'y pensent pas.

Malgré toute la compétence et la patience des équipes soignantes, les progrès peuvent se compter en années : deux à trois ans en moyenne, parfois dix à quinze ans. Les soignants donnent beaucoup d'eux-mêmes, pour peu en retour.

Alors, pourquoi continuer ? Parce que ces séances sont un moment de calme, d'apaisement et de contentement. Mais également parce qu'il y a des changements observables prise de confiance en soi, autonomisation, volonté, effort. Des patients psychotiques retrouvent un ancrage dans la réalité ; des schizophrènes, des sensations corporelles perdues. Et si cela ne marche pas, car certains sont angoissés par la présence du cheval, d'autres activités peuvent être proposées : gym, escalade, vélo...

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires