La paralysie faciale : d’où ça vient ?
Sophie, avocate de 44 ans, était en train de plaider lorsqu'elle a senti ses oreilles bourdonner et son élocution se ralentir. En quelques heures, son œil s'est figé et sa bouche s'est tordue. Elle a bouclé son dossier tant bien que mal avant de se précipiter chez un médecin. Un zona, logé dans l'oreille, avait endommagé le nerf facial, provoquant une paralysie faciale.
Les mouvements de la bouche, des paupières, la sécrétion de la salive et des larmes sont commandés par les deux branches du nerf facial (une de chaque côté du visage). Lorsque l'une d'entre elles est lésée, ces fonctions ne sont plus assurées. Une moitié de la face agit et l'autre ne répond plus.
La paralysie faciale se caractérise par une chute du sourcil, un œil ouvert, une commissure labiale abaissée et une bouche qui est attirée vers le côté sain. Il s'y ajoute l'impossibilité de l'occlusion palpébrale (dans ces conditions, la cornée de l'œil n'est plus protégée, NDLR) et du sourire, ainsi qu'une mauvaise mastication des aliments car la bouche ne peut pas se fermer correctement. Psychologiquement, une paralysie faciale est très difficile à supporter.
Pour Sophie, ce fut un drame et, pendant des mois, elle a renoncé à plaider ses dossiers : « D’un coup, vous découvrez que votre œil ne se ferme plus, que vous avez le sourire de travers, une prononciation impossible et que vous êtes obligée de boire à la paille ! » Peu à peu, elle a appris à surmonter cet "arrêt sur image", selon son expression. Et la moindre amélioration est alors considérée comme une victoire.
La solution peut être chirurgicale
Dans le cas de Sophie, le nerf facial était atteint à 100 %. Après une opération chirurgicale pour le décomprimer, il recommence lentement à réagir et la jeune femme voit réapparaître sur son visage de petites rides d'expression. Un bonheur qu'elle n'aurait pas soupçonné l'année dernière. De multiples causes peuvent aboutir à ce phénomène.
Les paralysies faciales les plus fréquentes sont appelées a frigore parce qu'on croyait qu'elles étaient dues à un coup de froid. Mais cette hypothèse n'a pas été démontrée. Survenant brutalement, elles sont probablement d'origine virale.
Un virus de l'herpès réactivé pourrait être en cause. 70 % d'entre elles vont guérir spontanément, sans séquelle, en 15 jours à 3 mois. Il existe malheureusement des récupérations plus tardives et des séquelles possibles dans 30 % des cas ; et dans 16 % des cas, celles-ci sont sévères.
Des examens clinique et électromyographique (mesure de l'activité électrique du nerf) déterminent ce degré de gravité. Souvent, un traitement à haute dose de cortisone et d'anti-viraux est nécessaire. Des exercices de kinésithérapie permettent d'améliorer la mobilité du visage.
La paralysie faciale peut aussi être la conséquence d'une tumeur comprimant le nerf sur son trajet. La maladie s'installe progressivement. Le traitement, repose sur l'ablation de la tumeur. En ce qui concerne le nerf lui-même, celui-ci peut être conservé, ou alors sacrifié et nécessiter une reconstruction par greffon nerveux lorsque celle-ci est possible. Dans les autres cas, il faudra avoir recours à des gestes de chirurgie plastique afin de symétriser la face et de permettre l'occlusion palpébrale.
Enfin, la paralysie faciale peut être la conséquence d'un traumatisme crânien, par exemple une fracture du rocher, un os traversé par le nerf facial. Il arrive aussi que ce dernier soit endommagé au cours d'une opération de la glande parotide (glande salivaire) ou de l'oreille. Dans tous les cas, une intervention chirurgicale est nécessaire lorsque la paralysie ne régresse pas.
Améliorer les séquelles
Certaines séquelles peuvent être soignées. Quand le nerf abîmé est mis à nu, il s'auto-stimule, ce qui peut provoquer des "hémispasmes". Très gênantes, ces contractures des muscles de l'œil et de la joue peuvent être traitées grâce à la toxine botulique.
Injectée à très faible dose sous la peau, cette toxine paralyse les terminaisons nerveuses. Heureusement, le nerf a la faculté de reconstruire des terminaisons toute neuves. Grâce à ce traitement, l'état du visage se trouve amélioré. Mais il faut faire de nouvelles injections tous les 3 ou 4 mois pour pérenniser le résultat.