Stimuler l'attention et la concentration
Stimuler l'attention ou la mémoire de patients victimes de traumatismes crâniens ou d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) grâce aux odeurs, c'est le but des ateliers olfactifs. Ils sont organisés par l'Association CEW France (Cosmetic Executive Women), qui regroupe des femmes cadres du milieu cosmétique. Ces ateliers se déroulent en groupe ou individuellement.
S'imaginer dans la forêt en sentant l'odeur des champignons, de la mousse, des sous-bois. Evoquer un dimanche de Pâques en respirant l'odeur du chocolat. Retrouver les senteurs de sa maison, comme le linge mouillé ou le cuir de son vieux fauteuil...
Les ateliers permettent aux patients souffrant de lésions cérébrales de s'évader pendant une heure de l'univers hospitalier et de reprendre pied dans le monde extérieur.
Ils sont proposés très peu de temps après l'accident, à des patients qui sont en phase d'éveil de coma ou qui sont encore très renfermés sur eux-mêmes, avec des déficits sensoriels, moteurs et/ou cognitifs (mémoire, attention, concentration).
Complicité et échanges entre les patients
Les ateliers de groupe sont réservés aux personnes ayant des capacités d'attention suffisantes. Ils comprennent cinq à dix patients, assistés chacun par leur rééducateur, orthophoniste, ergo-thérapeute ou kinésithérapeute, et deux animatrices, bénévoles de l'association CEW. Les séances se déroulent sous une forme ludique. Les patients sont invités à sentir des odeurs sur des thèmes différents : balade en forêt, en bord de mer, repas au restaurant...
Ensuite, ils échangent leurs impressions, leurs souvenirs, en communiquant selon leurs moyens. C'est une façon de les resociabiliser car ils sont le plus souvent isolés dans leur chambre.
Ces exercices sont basés sur la notion de plaisir. On demande au patient ou à sa famille ce qu'il aimerait sentir. Les odeurs alimentaires arrivent en tête, avec une nette préférence pour le chocolat, le citron ou la menthe. La première question posée, c'est : "Est-ce que cela vous fait plaisir?" Quand la personne est en phase d'éveil de coma et ne parle pas, un code de communication est établi : mouvement des yeux, du doigt.
Les ateliers sont en général très appréciés : des personnes dépressives vont redevenir souriantes, les patients oublient qu'ils sont à l'hôpital. De vraies complicités se créent entre certaines personnes à travers les jeux. C'est d'autant plus stimulant qu'il n'y a pas d'exigence de résultat ni d'évaluation. Car l'odorat ne se mesure pas comme les autres sens. Les patients ne se sentent pas jugés, et cela les désinhibe. Ainsi, leurs capacités enfouies pendant l'accident émergent plus facilement.
Une aide à la mémorisation
Ces exercices olfactifs sont effectués en multi sensorialité (toucher, goût, vue, odorat) : Par exemple, on présentera l'aliment qui correspond à l'odeur, et le patient pourra alors le manipuler et faire l'association.
Cette activité pluridisciplinaire en groupe est ensuite utilisée dans les prises en charge individuelles de rééducation. Chaque thérapeute l'exploite avec sa sensibilité: l'orthophoniste pour stimuler la parole, l'ergothérapeute pour développer la prise d'initiative, et pour favoriser le geste en kiné.
Retrouver le goût des aliments
Les ateliers individuels sont réservés aux personnes qui sont fatigables ou bien qui présentent des déficits trop importants ou particuliers. Comme pour les ateliers en groupe, le patient est assisté de son rééducateur. Les attentes sont différentes. Le travail est adapté à chaque patient et suit une progression.
On réalisera un bilan olfactif pour détecter une diminution de l'odorat chez des personnes atteintes à la face. En travaillant la mémoire des odeurs, on aidera les patients trachéotomisés, qui ne mangent plus depuis des mois, à retrouve le goût des aliments.
L'olfactothérapie favorise la reprise alimentaire sans trouble de déglutition. L'olfactothérapie n'est pas reconnue comme thérapeutique médicale, mais elle a un effet bénéfique pour réactiver les capacités amnésiques des patients. C'est un soutien à la rééducation. II y a encore beaucoup de choses à développer dans ce domaine, nous n'en sommes qu'aux prémices.
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