IVG : décryptage des sites anti-avortement

Femme tenant une pancarte "my body, my choice"
Le 28 septembre c’est la journée mondiale pour le droit à l’IVG. Nous, françaises, bénéficions de ce droit depuis 1975 grâce à Simone Veil. Plus de 40 ans. Ce droit, nous pourrions le croire bien ancré dans notre société et dans les mentalités. Nous pourrions penser qu’il n’est plus inébranlable. Mais gardons les yeux bien ouverts et restons vigilant(e)s. Tout d’abord parce que nos sœurs polonaises ont fait les frais des conservateurs catholiques, et parce qu’en France des mouvements “pro-vie”, que l’on appellera plus justement “anti-avortement”, envahissent la toile de leur sites tous plus insidieux les uns que les autres.

Le délit d’entrave numérique

En France, l’entrave au droit à l’IVG est un délit depuis 1993. Il est donc interdit de s’enchaîner dans un bloc opératoire destiné à un avortement (oui oui ça s’est vu). Depuis quelques années, les associations anti-IVG ont alors trouvé un nouveau terrain de jeu où leur force de frappe est bien plus grande : Internet.

Aujourd’hui, le gouvernement a réagit en déposant un amendement condamnant le délit d’entrave numérique. Donner de fausses informations, empêcher de s’informer sur l’avortement est donc passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amendes. On avance.

Le problème est que bien souvent ces sites se déguisent. Si derrière se cachent des associations anti-ivg, elles ne s’affichent pas en une. On pense avoir à faire à un site sérieux, d’informations scientifiques, écrit par des personnes neutres. Il n’en est rien. Voici alors quelques éléments pour démasquer ces désinformateurs.

À quoi reconnaît-on un site anti-ivg ?

L’imagerie du désespoir

Le premier élément qui saute aux yeux, ce sont les photos choisies pour illustrer les sites. Les femmes y sont désespérées, au bout du rouleau. Ces images nous renvoient inévitablement l’idée que l’avortement est un drame.

La dramatisation

Ces sites évoquent une souffrance irrémédiable, en s’appuyant bien souvent sur des témoignages poignants. Ces femmes ne manquent pas d’interpeller les lectrices : Les filles vous savez, la plupart regrettent leur ivg, alors que je ne connais aucune maman qui regrette d’avoir fait naître son enfant.” Si l’avortement peut être un choix difficile – il ne s’agit pas de nier une certaine souffrance – il n’est pas nécessairement un drame. A chacune son histoire.

Les allocations familiales

Les sites anti-ivg se la jouent CAF et vous calculent vos allocations familiales en fonction de votre situation. C’est limite s’ils ne vous déposeraient pas votre dossier. L’argument phare est que pour toucher le RSA “il n’y a pas de condition d’âge en cas de grossesse ou d’enfant à charge”. Cette information est vraie et nous en sommes ravies, mais que fait-elle sur un site destiné à aider des femmes souhaitant avorter ?

L’avortement sous contrainte

On vous demande de bien vous poser la question. Qui souhaite cet avortement ? Ce ne serait pas votre compagnon, ou votre famille par hasard ? Est-ce vraiment votre choix ? La pression extérieure conduisant à l’avortement est, selon ces sites, extrêmement courante. On vous conseille alors d’être forte, de ne pas vous laisser faire, et d’appeler à l’aide. L’avortement sous contrainte est une forme de violence conjugale ou familiale, elle existe et est un délit effectivement. Mais, insidieusement, on fait entrer dans votre tête que ce choix n’est pas le vôtre et que vous devez revenir sur le droit chemin.

Les risques pour la santé

Ces sites s’appuient sur une multitude d’études principalement américaines bien douteuses indiquant les complications suite à un avortement telles que les infections (de quoi ?), les embolies (de quoi ?), les hémorragies… L’avortement accentuerait aussi les risques de dépression, de toxicomanie, d’alcoolisme et de cancers. Et je vous en passe… Bref avorter c’est risquer sa vie, voire ruiner sa vie.

Évidemment, là nous ne sommes plus dans la manipulation mais bien dans ce que l’on appelle le mensonge. Avorter ne rend pas stérile et aucune étude sérieuse n’indique de syndrome post-traumatique à long terme.

Malheureusement, ces sites maîtrisent très bien le référencement des moteurs de recherche. Pour les contrer, il faut donc sensibiliser un maximum les femmes et notamment les jeunes. L’avortement est un droit garanti par la loi. Nous devons le protéger.

Pour n’avoir aucun doute, ne retenez qu’un seul site : http://www.ivg.social-sante.gouv.fr/ et un seul numéro 0800 08 11 11. Sachez également que les plannings familiaux peuvent vous recevoir et vous informer partout en France.

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