Comment remarcher après un accident ?

femme adulte handicapée avec fauteuil roulant à l’intérieur à la maison
Blessées au cerveau ou à la moelle épinière, de nombreuses personnes se retrouvent temporairement paralysées. Pendant de longs mois, elles vont réapprendre à mettre un pied devant l’autre.

« La première fois que je me suis mise debout, plusieurs mois après mon accident de voiture, j'ai cru que j'allais tomber. Mais j'ai réussi à faire deux pas. J'étais très émue », se souvient Jade. C’était le 2 mai 2022.

Une date que la jeune femme n'oubliera jamais, elle qui pensait ne plus pouvoir remarcher. Chaque année en France, de très nombreuses personnes sont victimes d'un accident qui atteint gravement leur système locomoteur. Ces lésions du cerveau ou de la moelle épinière bloquent les "commandes" nerveuses qui permettent d'activer les muscles. Du jour au lendemain, ces patients se retrouvent paralysés. Certains le seront, malheureusement, de manière définitive. Mais la majorité pourra remarcher, après une longue rééducation.

Parmi les 130 000 victimes d'un accident vasculaire cérébral (AVC)* et les 15 000 à 18 000 traumatisés crâniens que l'on recense chaque année, plus de 80 % retrouveront l'usage de leurs jambes. En ce qui concerne les 1 000 à 1 500 personnes blessées chaque année à la moelle épinière, la moitié environ réussira à remarcher.

La rééducation se prolonge sur plusieurs mois et demande un effort physique et mental intense. « J’ai récupéré assez vite, car je suis quelqu’un de volontaire et j'ai insisté auprès du kinésithérapeute pour faire deux fois plus d'exercices », souligne Laurence, hémiplégique à la suite d'un AVC survenu à l'âge de 52 ans. Cinq ans après, elle marche selon sa propre expression "de guingois" et en s'aidant d'une canne. Mais le moral est revenu.

Stimuler les muscles

Les muscles sont stimulés le plus tôt possible après l'accident, même si la personne est encore alitée. Il est très important de bouger les patients et de les mobiliser. Si on ne fait rien, les muscles s'atrophient et les articulations se raidissent.

Dès que la personne peut quitter son lit, un programme de rééducation est établi en fonction de ses difficultés. Certaines doivent travailler la force musculaire, d'autres l'équilibre, d'autres encore devront améliorer la perception la coordination de de leur corps, leurs mouvements ou la sensibilité de leurs nerfs...

Les kinésithérapeutes font travailler tous les muscles qui réagissent, en s'intéressant plus particulièrement aux fessiers, aux quadriceps et aux fléchisseurs de hanche, indispensables à la marche. De faibles réactions ne sont pas forcément mauvais signe. Pendant les trois premiers mois ils ne font pas de pronostic, car ils ne savent pas comment la situation va évoluer. A ce stade, tout est encore possible.

Le message important, c'est qu'il ne faut pas se décourager. Prenez l'exemple des traumatisés crâniens. Certains ne remarchent que dix-huit mois après leur accident. Pour tous ces blessés, la rééducation est une école de patience. Il va se passer du temps avant d'obtenir un geste utile à la marche. Il y a un monde entre le moment où un orteil bouge et celui où le pied est assez fort pour monter une marche.

Se tenir debout

Avant de mettre un pied devant l'autre, il faut réussir à tenir debout. Plus facile à dire qu'à faire... Les blessés de la moelle épinière ne peuvent retrouver la station verticale que de manière très progressive. Si on les mettait debout brutalement, ils seraient victimes d'une chute de tension et tomberaient en syncope. C'est pourquoi le kinésithérapeute les installe sur un plan incliné qu'il redresse petit à petit, quelques minutes par jour, jusqu'à ce que l'organisme se réhabitue à cette position.

Les traumatisés crâniens et les victimes d'un AVC souffrent souvent d'un trouble de l'équilibre (le "tonus axial") qui les empêche de se tenir sur leurs pieds. Ces personnes vont réapprendre à se lever en passant par les mêmes étapes qu'un bébé.

Couchés sur le dos, on leur demande de se retourner sur le ventre, de redresser la tête, puis de se mettre à quatre pattes, sur un genou et, enfin, sur leurs pieds.

Progresser pas à pas

Une fois debout, le patient poursuit sa rééducation entre des barres parallèles. Au début, il se tient à la force des bras, parfois aidé par des attelles qui lui maintiennent les jambes. Puis, progressivement, il prend appui sur ses membres inférieurs. Après l'entraînement sur tapis roulant, il se déplace avec un déambulateur, puis des cannes et, dès que possible, se lance sans aucune aide... Dans ce contexte, la moindre amélioration est vécue comme un véritable événement.

Quand on est dans un fauteuil roulant, pouvoir se lever pour se laver les dents ou attraper un objet, ça vous bouleverse la vie. D’un centre de rééducation à l'autre, les techniques ne varient pas beaucoup. D’ailleurs, elles ont peu progressé depuis de longues années.

Gagner en autonomie

Au bout de trois mois de rééducation intensive, les thérapeutes font le point. À ce stade, on sait en général si la personne remarchera et si elle aura besoin d'une aide technique. À partir de là, l'autonomie du patient devient l'objectif numéro 1. Il faut qu'il puisse rentrer chez lui et organiser sa vie en fonction de ses nouvelles capacités.

Pour les plus handicapés, c’est un moment difficile sur le plan psychologique. Les personnes qui sont épuisées par la marche vont devoir accepter l'idée qu'elles ne pourront plus se passer de cannes, voire d'un fauteuil roulant. Si vous vous déplacez péniblement, vous aurez du mal à faire vos courses. Nous essayons de faire comprendre au patient que le fauteuil roulant est utile dans certaines circonstances.

La rééducation ne s'arrête pas pour autant à la sonie de l'hôpital ou du centre spécialisé. Laurence poursuit l'entraînement par ses propres « De retour chez moi; j'ai moyens . continué à récupérer en faisant tous les jours le tour de mon village, soit deux kilomètres à pied. »

Comment réparer le système nerveux

Différentes pistes de recherche permettent d'espérer qu’un jour, les paralysés pourront remarcher.

  • Limiter l'aggravation : Certains chercheurs s'intéressent aux molécules "neuroprotectrices" qui, administrées rapidement après l'accident, bloqueraient la production de substances toxiques qui aggravent la lésion du système nerveux. Parallèlement, on essaie d'empêcher la formation d'une cicatrice sur la moelle épinière. Celle-ci gêne, en effet, la repousse des fibres nerveuses. En évitant cette cicatrice, on a réussi à faire remarcher des souris paralysées
  • Rétablir le contact : Une autre approche consiste à greffer un nerf, en effectuant un "pontage" par-dessus une lésion de la moelle épinière. Depuis son opération en 2021, un paraplégique français a réussi à contracter les muscles de ses cuisses. Mais il est loin de pouvoir marcher.
  • Stimuler grâce à l'électronique : On essaie aussi de remplacer l'influx nerveux par des impulsions électriques. C'est une idée ancienne, reprise et développée dans le programme européen "Lève-toi et marche".
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