Au soleil : pourquoi les lunettes sont obligatoires ?

Les gestes les plus simples sont souvent les plus efficaces. En été, pour protéger ses yeux, il faut les cacher. Explication médicale.

Avant d'arriver jusqu'à nous, le rayonnement émis par le soleil voyage dans l'espace et traverse l'atmosphère terrestre. Il subit alors des absorptions successives, notamment par la couche d'ozone. Parmi ce rayonnement, seuls les rayons qui fournissent la lumière (et nous éblouissent) sont perceptibles. Les autres, type ultraviolets et infrarouges, les plus nocifs en fait, sont invisibles. Et c'est là le danger !

Leurs effets sont constants, même lorsque le soleil n'est pas au zénith. Et s'ils créent des dommages sur la peau, ils peuvent aussi endommager l'œil. Paupières, cornée, cristallin et rétine : tous les tissus oculaires peuvent être lésés. D'où l'importance de bien protéger ses yeux.

Même derrière les nuages

Comme tous les rayons émis par le soleil, les ultraviolets parviennent aux yeux de trois façons : directement, par diffusion ou par réflexion. Si, naturellement, des précautions sont prises avec les rayons directs, on est moins souvent attentif aux rayons diffusés par temps couverts ou à ceux réfléchis par l'eau, le sable, la neige, un mur blanc...

Or, il faut savoir que l'eau réfléchit 5 à 10 % des UV ; le sable, 20 % et la neige, 85 % et que les heures dangereuses se situent entre 11 et 16 heures.

Par ailleurs, en altitude, la quantité d'UV reçue augmente de 10 % tous les 1 000 mètres. Et, plus on est proche de l'équateur, plus l'on reçoit d'UV. Selon le type de rayonnement, les effets seront différents.

S'il s'agit des infrarouges, l'effet de ces rayonnements de haute longueur d'onde sera immédiat et thermique.

L'infrarouge brûle. Il est à l'origine de certaines kératites. En effet, dès que les paupières s'ouvrent, la cornée - qui joue, au premier plan, un rôle de filtre pour protéger le cristallin et la rétine peut être touchée (c'est le seul tissu qui réagit immédiatement sous l'effet d'une brûlure). Si elle est bénigne, la kératite se soigne en 2/3 jours par des traitements locaux (pommade, gel, collyre).

S'il s'agit d'ultraviolet, l'effet se produira à court terme et à long terme. Les UV, qui font partie aussi du rayonnement solaire invisible, sont classés, selon leur longueur d'onde, en trois catégories : A, B et C.

Les UVA sont les plus dangereux pour les yeux. Chez l'adulte ils atteignent le cristallin, et chez l'enfant, ils peuvent aller jusqu'à la rétine. Les UVB sont absorbés par le cristallin, et les UVC sont presque en totalité arrêtés par l'ozone de l'atmosphère. Mais une petite partie peut atteindre la cornée. A court terme : c'est l'ophtalmie des neiges (qui survient 2 à 3 heures après l'exposition).

A long terme, les UV produisent un effet cumulatif sur le cristallin et sur la rétine. Sur le cristallin d'abord. Loupe de 1 cm de diamètre sur 5 mm d'épaisseur, le cristallin est une lentille convexe particulièrement exposée à l'action des UV. Jusqu'à l'âge de 10 ans environ, elle est transparente : les rayons peuvent la traverser pour atteindre la rétine. Avant 10 ans, le cristallin laisse passer au moins 75 % des rayons ultraviolets alors qu'après 25 ans, il n'en laisse plus passer que 10 %.

Les enfants sont les plus fragiles

De plus, chez les enfants, la pupille est plus large et les tissus moins riches en pigments.

Au début de la vie, les effets sont minimes et cela s'explique notamment par le pouvoir de régénération cellulaire qui permet de réparer rapidement les altérations subies par la rétine.

Mais il n'en va pas de même sur le long terme. Lorsque le cristallin souffre, qu'il s'agisse d'une agression ou du vieillissement, il s'opacifie, créant ainsi une cataracte.

Les UV produisent aussi, à long terme, des effets sur la rétine. En effet, cette dernière, dont la partie centrale s'appelle macula, tapisse le fond de l'œil et transforme les rayons lumineux en influx nerveux. C'est donc le tissu le plus sensible aux effets nocifs des radiations.

Normalement, de nombreux mécanismes de défense existent dans la rétine, basés notamment sur la présence de la mélanine. Mais cette mélanine diminuant progressivement avec l'âge et jouant moins son rôle protecteur, les UV seraient impliqués, parmi d'autres facteurs, dans la survenue de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge).

Certains sujets sont plus exposés. Les enfants tout d'abord. Parasol, casquettes, lunettes de soleil... sont indispensables pour éviter que le cristallin laisse passer une dose trop forte d'UV. Attention aux lunettes gadget !

Sous l'effet du " plastique teinté " la pupille se dilate pour chercher la lumière et laisse passer une quantité encore plus importante de rayons nocifs.

Les yeux peu pigmentés - bleu ou vert clair, mais aussi noisette - sont aussi plus sensibles. Par ailleurs, même si le cristallin artificiel filtre les W, les personnes opérées de la cataracte doivent obligatoirement protéger leurs yeux, et porter des lunettes, surtout après l'intervention. Idem pour les personnes qui ont des problèmes oculaires, type rétinopathie pigmentaire, DMLA.

A noter aussi que des médicaments, comme certains anti-dépresseurs notamment les tricycliques - ou des antibiotiques (certaines pénicillines) ont une action photosensibilisante.

N'hésitez pas à vous le faire préciser par votre médecin, et si c'est le cas, à bien vous protéger les yeux pendant toute la durée du traitement. De même si vous avez une tumeur sur la rétine, il est recommandé de ne pas vous exposer au soleil la tumeur étant photosensible, elle pourrait s'aggraver.

Enfin, certaines lentilles sont équipées de filtres UV, mais rien ne protège aussi bien qu'une bonne paire de lunettes teintées.

Un risque de cataracte ?

L'exposition aux rayonnements solaires dès l’enfance pourrait être un facteur important de risque de cataracte. C'est ce qui ressort de l'étude effectuée par l'INSERM de Montpellier et dont les conclusions ont été données récemment.

Cette étude, réalisée d'après un questionnaire sur l’exposition à la lumière et un examen ophtalmologique, portait sur 2 584 sujets de 60 ans, ou plus, habitant la ville de Sète (Hérault), une population particulière car originaire de différentes zones géographiques — native de la région, rapatriée d'Afrique du Nord, issue du nord de la France, ou de l'Europe et installée à Sète au moment de la retraite.

Le rayonnement solaire ambiant a été estimé pour chaque localisation (département, pays étranger) à partir de données fournies par Météo France.

L’exposition moyenne de chacun a été ensuite estimée en pondérant le niveau de rayonnement solaire de chaque lieu de vie par le temps passé à cet endroit.

Résultat, l'exposition au soleil et en particulier aux UV joue un rôle important dans la survenue de la cataracte. Le risque multiplié par 2,5 chez les personnes les plus sensibles apparaît lié à une exposition cumulative, y compris durant l'enfance.

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Par Femmes References