De 7 à 8 % des Français souffrent de lithiase urinaire, le nom savant des calculs. L'urine contient certaines substances minérales qui, lorsqu'elles sont trop fortement concentrées, ont tendance à cristalliser.
La plupart du temps, ces amas de cristaux sont éliminés naturellement. Mais ils peuvent parfois se nicher dans le rein ou dans les voies urinaires. En bloquant l'écoulement des urines, ils déclenchent des douleurs intenses, les fameuses coliques néphrétiques.
Dans 80 % des cas, ces calculs sont constitués de sels de calcium. Certains y sont plus sujets que d'autres pour des raisons génétiques. Le risque est plus grand chez les gens qui consomment beaucoup de calcium au travers des produits laitiers, ou d'oxalate de calcium que l'on trouve dans le chocolat, les épinards, la rhubarbe et l'oseille.
L'hyperparathyroïdie, une maladie qui modifie le taux de calcium dans le sang et dans les urines, peut aussi être à l'origine d'une lithiase urinaire.
Dans des cas plus rares, les calculs sont constitués d'acide urique. L'obésité et une consommation excessive d'abats et de viandes représentent les principaux facteurs de risque. Les personnes sujettes aux crises de goutte ont trop d'acide urique dans le sang. Son passage dans les urines favorise le développement de cristaux.
Enfin, les calculs constitués de cystine ont une origine uniquement génétique. Il s'agit d'une maladie héréditaire rare. Beaucoup de personnes ont des calculs sans le savoir. Rien n'indique leur présence tant qu'ils restent de petite taille et qu'ils n'obstruent pas les voies urinaires. On les découvre parfois par hasard, à l'occasion d'un examen radiologique.
Une seule recommandation : surveiller leur évolution.
Malheureusement, les calculs ne restent pas éternellement discrets. Ils se manifestent parfois par la présence de sang dans les urines. Mais, huit fois sur dix, c'est la crise de colique néphrétique qui révèle le problème.
La douleur est réputée très brutale.
Elle part du dos et irradie vers le ventre, jusqu'aux organes génitaux. Elle s'accompagne parfois de nausées et de vomissements. Pour calmer la douleur, le médecin prescrit des médicaments anti-inflammatoires, anti-spasmodiques et antalgiques. Contrairement à une idée reçue, il est très important, au cours de la crise, de limiter les boissons à un demi-litre par jour pour ne pas augmenter le volume des urines. Plus la pression sur le calcul est forte, plus la douleur est intense. A l'inverse, dès que la crise est terminée, il faudra de nouveau boire abondamment deux litres par jour.
Souvent, les petits calculs s'éliminent naturellement
Pour déterminer la taille du calcul et son emplacement, différents examens sont pratiqués. Les cristaux de calcium ou de cystine se distinguent sur une simple radiographie, parfois complétée par une échographie. Les calculs d'acide urique sont repérables au scanner, à l'échographie ou à l'urographie intraveineuse (une radiographie assortie d'une injection intraveineuse d'iode).
Une fois ces examens pratiqués, l'urologue détermine la marche à suivre.
Souvent, il n'y a rien à faire... il suffit d'attendre. Fréquemment, les petits calculs de moins de 8 mm s'éliminent naturellement en urinant. 85 % des calculs de l'uretère (le canal qui relie le rein à la vessie) et 50 % des calculs du rein disparaissent spontanément dans les quatre mois qui suivent la crise de colique néphrétique. Dans ce cas, la seule solution, c'est d'être patient, sauf quand survient une complication (fièvre, mauvaise fonction rénale...).
Lorsque les cristaux de calcium ou de cystine représentent une masse supérieure à 8 mm, on intervient rapidement afin d'éviter toute complication. Depuis une quinzaine d'années, les techniques se sont grandement améliorées, permettant des interventions plus courtes et moins agressives.
« Aujourd'hui, il est très exceptionnel de pratiquer une chirurgie ouverte classique », remarque le Dr Hervé Baumert, urologue à l'Institut mutualiste Montsouris (Paris).
La lithotripsie extra-corporelle permet, grâce à une onde de choc, de fragmenter le calcul. Les débris sont ensuite éliminés par les voies naturelles. Cette intervention ne nécessite aucune hospitalisation. Dans de rares cas, elle est pratiquée sous anesthésie générale. Une seule séance suffit dans 65 à 70 % des cas. Sinon, on peut faire une seconde tentative. En cas d'échec, on a recours aux méthodes chirurgicales.
Les gros calculs imposent une intervention
L'uretéroscopie permet d'éliminer les calculs situés dans l'uretère. Le chirurgien va le déloger à l'aide d'une sonde introduite par les voies naturelles. Dans cette sonde, une micro-caméra permet de visualiser l'emplacement de l'obstacle. Il faut parfois recourir au laser, aux ultrasons ou au générateur pneumatique (un mini marteau-piqueur) pour pulvériser un calcul récalcitrant. Cette opération, réalisée sous anesthésie générale, nécessite une hospitalisation inférieure à 48 heures.
Lorsque le calcul est supérieur à 20 mm et qu'il s'est formé dans le rein, le chirurgien pratique une néphrolithotimie percutanée. Un tunnel de 1 cm de diamètre est pratiqué à travers la peau, afin d'introduire dans le rein une mini caméra et des instruments chirurgicaux. Lorsque c'est nécessaire, le calcul est fragmenté avant d'être retiré. Le patient reste hospitalisé trois à quatre jours. Malgré ces interventions, la récidive est fréquente. En effet, 60 % des patients qui ont souffert de lithiase urinaire ont de fortes chances de développer à nouveau un calcul.
Quelques mesures préventives permettent de limiter le risque.
La stratégie à adopter sera différente selon le type de calcul : calcium, acide urique ou cystine. Soit il y a eu une intervention chirurgicale. Dans ce cas, il suffit d'analyser le caillou que l'on vient de retirer. Soit il n'y a pas eu d'intervention chirurgicale, et le médecin demande la participation du patient.
A ce jour, on n'a pas trouvé mieux que de tamiser les urines dans un filtre à café afin de recueillir des cristaux ! une méthode simple, mais efficace.
D'autres examens permettent d'en savoir plus. Un bilan phosphocalcique mesure la quantité de minéraux (calcium, phosphore, acide urique...) dans le sang et les urines. Enfin, l'enquête alimentaire met en lumière d'éventuels déséquilibres. Les conseils diététiques du médecin permettront de les corriger.
Boire beaucoup limite les risques de récidive
Les personnes sujettes aux calculs ne boivent souvent pas assez. Deux litres d'eau par jour sont nécessaires pour éviter la formation des cristaux.
Certaines eaux minérales très riches en calcium (plus de 200 mg par litre), comme Hépar ou Contrex, sont à éviter. A l'inverse, Volvic est l'une des eaux qui en contient le moins.
Les personnes qui ont des calculs d'acide urique peuvent les faire fondre en buvant de l'eau de Vichy ou des jus d'orange frais. Dans tous les cas, le patient qui a souffert de lithiase urinaire fait l'objet d'une surveillance médicale pendant plusieurs mois.
Il s'agit de vérifier si les petits cailloux réapparaissent.
Des calculs dans la bile
Les calculs biliaires touchent 5 à 10 % des Français. Les femmes sont deux fois plus concernées que les hommes.
Il s'agit de cristaux qui se bloquent dans la vésicule ou les voies biliaires. Les petits calculs sont soignés avec un traitement médicamenteux au long cours. Pour se débarrasser des plus gros, il est parfois nécessaire d'enlever la vésicule.
Douleur + fièvre = urgence
Dans de rares cas, les urines bloquées au-dessus du calcul s'infectent, provoquant une forte fièvre. Ces coliques néphrétiques fébriles représentent une véritable urgence médicale car le malade risque une septicémie.
À l'hôpital, des antibiotiques sont administrés en perfusion. Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour dériver les urines et faciliter leur écoulement. On place alors une sonde dans l'uretère ou dans le rein.
À lire aussi :