Goitres : définition, examens, traitement

Goitre
Souvent visible et peu esthétique, un goitre résulte d’une thyroïde qui fonctionne mal. Le point sur cette affection pas ordinaire.

Près de 12 % de la population est atteinte de goitre. Plus qu'une véritable maladie, il s'agit de la manifestation, souvent visible et peu esthétique, d'un mauvais fonctionnement de la thyroïde.

Mais il y a goitre et goitre, et si, dans la plupart des cas, ils sont bénins, il faut rester vigilant.

Qu'est-ce qu'un goitre ?

Ce n'est pas une maladie. Son nom vient du latin "guttur" qui signifie gorge. Il s'agit donc d'une grosse thyroïde. Cette glande, qui se trouve au-dessus du sternum, entre les deux muscles importants du cou sous la pomme d'Adam, augmente de volume et devient palpable.

Lorsqu'il est plongeant et se développe, en bas et en arrière, le goitre risque de comprimer la trachée et nécessite une intervention chirurgicale.

Comment le découvre-t-on ?

Le goitre simple est, le plus souvent, latent et découvert par celui qui en souffre, par son entourage ou lors d'un examen.

Certains signes peuvent vous intriguer : une compression du larynx, des troubles du système nerveux, un grossissement très important de la thyroïde qui devient visible, car proéminente en avant du cou.

L 'hérédité joue-t-elle un rôle ?

Oui, et il convient d'être particulièrement attentif si l'un de vos parents a été ou est atteint. Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes et les épisodes de la vie génitale ont une influence.

La population de certaines régions est particulièrement concernée par les goitres. Notamment, le pourtour du Massif central, la Lozère, la Creuse, le Cantal, les Ardennes, le Massif armoricain, les Côtes d'Armor, le Finistère, la Savoie et les Pyrénées.

Quelles peuvent être ses origines ?

Un goitre peut être la manifestation d'une sécrétion trop importante d'hormones thyroïdiennes (hyperthyroïdie). Et, paradoxalement, il peut aussi être secondaire à une insuffisance de sécrétion comme dans les thyroïdites.

Enfin, certains goitres sécrètent des hormones tout à fait normalement, mais portent des nodules.

Qu'est-ce qu'un nodule thyroïdien ?

Il s'agit d'une tumeur qui peut être petite ou grosse, bénigne ou maligne, isolée ou nombreuse au sein d'un lobe thyroïdien ou des deux. Ce n'est qu'en analysant les tissus du nodule que l'on connaît la nature de celui-ci : adénome, kyste ou cancer. Le nodule thyroïdien solitaire sans grosseur palpable du reste de la glande concerne environ 5 % de la population, principalement des femmes.

Pour des nodules bénins, l'intervention chirurgicale est simple et la guérison immédiate.

Mais 10 % des nodules sont malins. De telles tumeurs cancéreuses se soignent très bien lorsqu'elles sont prises à temps. Elles nécessitent l'ablation de la thyroïde et l'administration d'iode radioactif.

Et une hyperthyroïdie ?

Lors d'une hyperthyroïdie, la glande quantité d'hormones avec une accélération du fonctionnement de l'organisme.

La chirurgie permet d'enlever le nodule et amène la guérison. Lorsque la chirurgie ne peut être pratiquée, l'iode radioactif permet de détruire le nodule toxique.

La maladie de Basedow correspond à la stimulation de la thyroïde qui provoque un goitre, mais aussi des yeux exorbités (exophtalmie), des palpitations, des bouffées de chaleur, des tremblements, une certaine nervosité. Suivant les cas, le spécialiste propose un traitement par médicaments, la chirurgie, ou l'administration d'iode radioactif qui est sans danger et donne de bons résultats.

Dereglement Thyroide Opération
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Et une thyroïdite ?

L'inflammation de la thyroïde peut être due à un virus ou à une anomalie des systèmes de défense de l'organisme.

Douleurs au niveau du cou, fièvre, fatigue générale et symptômes de l'hyperthyroïdie doivent être des signes d'alerte lorsque le virus est en cause. Le plus souvent, cette thyroïdite dite de Quervain évolue en poussées pendant deux ou trois mois et guérit spontanément.

L'aspirine et parfois des médicaments à base de cortisone viennent à bout des formes plus sévères.

Un goitre et une hypothyroïdie, ainsi que la présence dans le sang d'anticorps dirigés contre la thyroïde sont les symptômes d'une atteinte immunitaire de la thyroïde, appelée "thyroïdite de Hashimoto". Des médicaments compensant l'hypothyroïdie sont administrés ; si le goitre est trop gros, une chirurgie s'imposera alors.

Comment examine-t-on un goitre ?

L'interrogatoire du médecin a toute son importance car, comme nous l'avons vu, cette affection est, le plus souvent, héréditaire. N'oubliez pas d'indiquer les médicaments que vous prenez, certains, contenant de l'iode, peuvent être à l'origine d'un dérèglement.

Précisez également si vous venez de subir des examens radiologiques au cours desquels on a pu vous administrer de l'iode.

La palpation permet, le plus souvent, de préciser la taille, la consistance, la sensibilité de chacun des nodules (saillie en forme de nœud), mais aussi la mobilité du goitre lors de la déglutition, son prolongement éventuel dans la trachée, ou encore certains signes de mauvais fonctionnement de la thyroïde ou des ganglions lymphatiques.

D'autres examens sont-ils nécessaires ?

Les examens permettant d'explorer un goitre sont aujourd'hui très performants. Parmi les plus courants, figurent les dosages hormonaux sanguins et les examens dits morphologiques.

L'examen sanguin : pour un goitre simple, est dosée, dans le sang, l'hormone TSH ou thyréostimuline, qui agit directement sur la thyroïde. Elle a pour rôle de stimuler la thyroïde si le taux d'hormones baisse dans le sang.

En cas de goitre avec nodules, on mesure les anticorps antithyroïdiens. Leur présence indique une anomalie des systèmes de défense de l'organisme.

L'échographie : non douloureuse et non traumatisante, elle permet de visualiser le goitre et de le mesurer de façon précise. Elle est surtout conseillée lorsque celui-ci présente une irrégularité ou une partie dure.

En cas de nodules, il s'agit d'un examen indispensable qui permet d'apporter des précisions sur l'aspect du goitre, ses dimensions, ainsi que la nature du nodule. Elle peut aussi en détecter d'autres non visibles lors de l'examen.

La scintigraphie : après administration par la bouche d'une très faible quantité d'iode radioactif, on obtient l'image de la thyroïde grâce à une caméra spéciale. L'image est dite "chaude" lorsque la lésion fixe fortement l'iode : elle apparaît alors en foncé et signifie un hyperfonctionnement de la glande. Elle est dite "froide" lorsqu'elle ne le fixe pas : cela signifie qu'elle ne fonctionne pas. La scintigraphie n'apporte, dans le cas d'un goitre, que peu d'intérêt par rapport à l'échographie, sauf lors d'une hyperthyroïdie avec un nodule palpable.

La cytoponction : il s'agit de prélever quelques cellules de la thyroïde à l'aide d'une aiguille très fine. Cet examen, non douloureux, permet d'apporter des arguments en faveur de la bénignité ou de la malignité d'un nodule. La ponction peut traiter un nodule contenant du liquide.

Hypothyroidie Thyroide Fatigue
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Comment traiter un goitre ?

Un goitre simple peut régresser spontanément ou sous traitement. Il peut rester simple durant de nombreuses années, puis subir des poussées en fonction d'évènements de la vie génitale de la femme ou de perturbations psychologiques ou affectives.

Il peut encore se compliquer et voir la formation de nodules, l'apparition d'hémorragie ou d'infection.

Le traitement d'un goitre est prescrit à vie, il est à base d'hormones. Il permet souvent de le stabiliser et même d'obtenir une diminution de volume.

Il peut être poursuivi, sous étroite surveillance médicale, lors de la grossesse ou de l'allaitement.

Certains goitres doivent être opérés. Tout dépend de leur volume, de la présence ou non de nodules, de leur ancienneté et de l'histoire familiale. Mais il faut savoir qu'une intervention chirurgicale n'est pas une garantie totale pour que celui-ci ne repousse pas.

Où va la recherche ?

Elle se porte sur la localisation du gène régulant le fonctionnement de la thyroïde. Elle permettra ainsi de prévenir et de surveiller le développement éventuel d'un goitre dans certaines familles. Il s'agit d'une affection qui est appelée à diminuer de façon très importante d'ici à trois ou quatre générations grâce à la prévention.

C'est ainsi que des mesures sont déjà prises pour aller dans cette voie. En Belgique, le pain est fabriqué avec du sel iodé, en France, l'eau est iodée. Enfin, évitez de vous nourrir exclusivement de chou, de rutabagas et de topinambours. Ces aliments peuvent entraîner une carence en iode et favorisent goitre et hypothyroïdie.

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