Le jet lag des anesthésies générales

Anesthésie Générale
Dix millions d’anesthésies générales sont pratiquées chaque année en France. Mis à part quelques accidents exceptionnels, elles ne présentent plus d’inconvénients majeurs. Les produits utilisés aujourd’hui sont sûrs, vite éliminés et dénués d’effets secondaires graves. De quoi limiter le séjour à l’hôpital. Quelques 30 % des personnes bénéficient d’ailleurs d’anesthésies en ambulatoire, en clair, sans hospitalisation. Et pourtant…

Un tiers des personnes se plaint

« J'ai l'impression d'être épuisé toute la journée. Impossible de rester au concentré au bureau. » Près d'un patient sur trois continue pourtant de se plaindre durant les trois à cinq jours suivant l'intervention. Mauvaise qualité du sommeil, troubles de l'attention, épisodes de somnolence, fatigue inexpliquée... Ces symptômes surviennent même lorsque l’anesthésie a été de courte durée (20 à 30 min.) et cela, quelle que soit l'opération.

Qui est touché ? A priori, les personnes en état de fatigue préopératoire important... mais pas seulement. Le seuil de perception de la fatigue étant variable d'un individu à l'autre, on peut tous être concerné. L'horloge interne cérébrale est une petite structure située dans le cerveau. Elle enregistre les informations extérieures comme la lumière et permet au corps de se synchroniser avec la journée : cycle de veille- sommeil, production d'hormones comme le cortisol. Or, il a été prouvé qu'une anesthésie par propofol - la molécule la plus couramment employée - a une action directe sur notre horloge interne, d'où un effet de décalage horaire, comme le jet lag ressenti après un vol long-courrier.

Anesthesie Générale
© istock

Atténuer les symptômes

Cet effet secondaire ne présente aucune gravité en soi. Mais il peut rendre difficile la reprise des activités familiales ou professionnelles, avec des risques d'accidents liés aux troubles de l'attention.

« Tout dépend évidemment du type de travail, explique Anne Petit, neurobiologiste. Mais pour les activités physiques comme les infirmières, les chauffeurs de bus ou encore les ouvriers, il faut une vigilance permanente qui peut ne pas être assurée dans les jours post-anesthésie. »

Sauf si l'anesthésiste juge possible d'intervenir sous péridurale, il est impensable d'éviter les anesthésies générales. Selon votre sensibilité et votre type de travail, le médecin pourra parfois vous prescrire quelques jours de repos en plus. Sinon, il existe une simple solution pour atténuer les symptômes : après l'anesthésie, s'exposer à la lumière naturelle entre midi et quinze heures, quelque soit son état de fatigue.

« Nous savons que ce procédé fonctionne, poursuit A.Petit. Nous misons sur la luminothérapie appliquée à un moment proche de l'anesthésie. Reste à déterminer la puissance et la durée d'exposition. »

Et la mélatonine ?

Cette hormone régulant le fonctionnement de l'horloge interne, elle pourrait théoriquement avoir un effet bénéfique. Mais de plus amples recherches sont nécessaires quant à l'utilité d'une hormone qui est, jusqu'à présent, interdite à la vente en France (au dessus de 2mg).

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires