Le guide des médicaments qui soulagent la migraine

Migraine
Même si des progrès ont été effectués, reste un vrai problème pour les migraineux : deux sur trois ne sont pas satisfaits de leur traitement et la plupart se soignent seuls. Un guide pour vous aider à mieux vous traiter.

Comment la migraine se manifeste ?

Les sept à huit millions de Français qui souffrent de migraine le savent : une crise migraineuse se manifeste de manière spécifique.

C'est un mal de tête qui :

  • Évolue par crises de quelques heures à trois jours,
  • Est survenu au moins cinq fois dans sa vie,
  • Présente au moins deux de ces caractéristiques : il est sévère à très sévère, localisé sur un seul côté de la tête, pulsatile (impression que "le cœur bat dans la tête"), la douleur est augmentée par un effort physique banal comme monter ou descendre un escalier,
  • S'accompagne de signes digestifs (nausées, vomissements) et/ou d'une gêne à la lumière et au bruit. Un seul de ces symptômes associés suffit à évoquer une crise migraineuse.

Différents facteurs sont à l'origine de cette crise, la migraine étant probablement une maladie neuro-vasculaire liée notamment à une vasodilatation des artères méningées. Elle ne survient que chez des personnes génétiquement prédisposées.

Il existe deux grandes familles de traitements : les traitements de la crise, qui doivent être utilisés le plus tôt possible, dès que l'on sent la douleur poindre, et ceux de fond, qui préviennent la survenue des crises. Ces derniers sont toutefois réservés à des cas particuliers.

Migraine : pour traiter la crise

Certains médicaments sont moins spécifiques que d'autres. Ils suffisent cependant à soulager certains migraineux.

Aspirine et paracétamol

Le paracétamol n'a jamais fait la preuve de son efficacité sur la migraine. Il est pourtant pris par 60 % des migraineux. Sauf allergie ou problèmes digestifs, les médecins préfèrent l'aspirine : il bloque l'inflammation qui se produit au niveau des parois des artères au début de la crise et est efficace si l'on en prend 1 g dès les premiers signes.

Si la crise persiste au bout de deux heures, reprendre un second comprimé mais pas plus (cela doit rester exceptionnel car un minimum de quatre heures doit être respecté entre deux prises). Si cela ne marche pas, consulter un médecin.

  • Effets indésirables : toxicité digestive, risque de saignements...
  • Contre-indications : allergie, ulcère, gastrite... A prendre avec précaution chez la femme enceinte, et pas après le 6e mois.
  • Les plus : l'aspirine a démontré son efficacité. Elle donne de bons résultats chez 50 % des migraineux. Des spécialités associent 1 g d'aspirine à du métoclopramide, molécule qui accélère l'absorption de l'aspirine et supprime les nausées.
  • Les moins : ce médicament est si familier que certains oublient qu'il peut être dangereux, du fait de sa toxicité digestive. Comme il est facilement disponible, on peut l'utiliser en excès, au risque de provoquer des maux de tête quotidiens dus à un abus médicamenteux.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

"Cousins" de l'aspirine, ils empêchent l'inflammation en bloquant la synthèse des prostaglandines (substances participant à ce phénomène). Tous sont à peu près aussi efficaces pour soulager les crises, avec un léger avantage pour ceux délivrés sur ordonnance.

  • Effets indésirables : toxicité digestive, risques d'allergie...
  • Contre-indications : ulcère ou gastrite. A prendre avec précaution en cas de grossesse, et pas après le 6e mois.
  • Les plus : les AINS ont prouvé leur efficacité. Ils peuvent donner de bons résultats quand les dérivés de l'ergot de seigle et les triptans ne marchent pas.
  • Les moins : on peut bien les tolérer en apparence sur le plan digestif, mais avoir un jour une gastrite.
Migraine Coté Gauche
© Istock

Les dérivés de l'ergot de seigle

Antimigraineux spécifiques les plus anciens, il en existe deux sortes : l'ergotamine, associée à la caféine (en comprimés), et la dihydroergotamine (utilisée seulement par voie nasale, sauf à l'hôpital).

Ces médicaments agissent, un peu comme les triptans, sur les récepteurs de la sérotonine (substance dont la variation du taux dans le sang serait liée à l'apparition des migraines), mais aussi sur d'autres récepteurs de l'organisme. Ils entraînent de ce fait des effets secondaires.

Le choix de l'un ou de l'autre dépend d'éventuels symptômes digestifs accompagnant la migraine. En cas de nausées et vomissements, privilégier le spray nasal.

  • Effets indésirables : ils provoquent souvent des nausées et des vomissements, alors que de nombreux migraineux en souffrent déjà. Ils peuvent aussi causer une vasoconstriction des artères des extrémités des doigts et des fourmillements. Ils sont parfois responsables de somnolence ou, à l'inverse, d'excitation, surtout si on utilise l'ergotamine associée à de la caféine.
  • Contre-indications : grossesse, maladie du foie sévère, antécédents vasculaires (angine de poitrine, infarctus, artériopathie des membres inférieurs, hypertension artérielle...).
  • Les plus : leur effet prolongé les rend intéressants chez les patients souffrant de crises de longue durée.
  • Les moins : Le soulagement n'est souvent obtenu qu'au bout de trois ou quatre heures.

Les triptans

Seuls antimigraineux à avoir été validés avec une grande rigueur scientifique, cinq sont commercialisés. En cas d'inefficacité de l'un, on peut donc en essayer un autre : les molécules sont différentes, et chaque patient répond de manière personnelle à un médicament.

  • Effets indésirables : lors de leur apparition, il y a dix ans, ils ont été "critiqués" du fait d'un éventuel risque vasculaire. Or, ce risque est limité si on respecte bien les contre-indications. Néanmoins, ils peuvent entraîner parfois, lors de la première prise, une oppression thoracique, des serrements de gorge, des fourmis dans les doigts... qui durent une quinzaine de minutes, et réapparaissent les deux ou trois fois suivantes. Mais ces effets indésirables ne sont pas liés à un problème cardiaque. Une fatigue et une somnolence peuvent aussi survenir, consultez alors votre médecin pour tester un autre triptan.
  • Contre-indication : grossesse, allergie aux sulfamides pour certains triptans, antécédents vasculaires, hypertension artérielle...
  • Les plus : leur efficacité (80 % si on les prend dès les premiers signes) sur la crise et les signes qui l'accompagnent ; leur rapidité d'action (sous forme orale, la plupart agissent en moins de deux heures, voire en moins d'une heure).
  • Les moins : une durée d'action un peu courte. 20 à 30 % des patients soulagés ont une récidive dans les 24 heures. Et certains doivent répéter la prise sur plusieurs jours, avec un risque de maux de tête chroniques et d'abus de triptans. Or, on ignore si l'accumulation de ces produits n'entraîne pas un risque vasculaire.

Traitements de fond

Moins de 10 % des migraineux utilisent un traitement de fond, alors que 30 % pourraient en bénéficier selon les médecins. Ces traitements n'ont pas pour objectif de guérir la migraine, mais de réduire la fréquence des crises. Lorsqu'un tel traitement est bien choisi et bien suivi, on y parvient dans 50 % des cas.

Leur prescription a longtemps reposé sur la fréquence des crises. Aujourd'hui, elle dépend du retentissement sur la qualité de vie et de la façon dont on se soigne. Une personne qui prend un médicament de la crise deux fois par semaine, et régulièrement depuis deux mois, a besoin d'un traitement de fond pour stopper la tendance à l'abus médicamenteux.

Mais un tel traitement ne se prend pas à vie.  En général, on le prescrit pour trois mois. Si le nombre de crises a diminué d'au moins 50 %, on passe alors à des cures tous les six mois ou tous les ans, puis on essaie d'arrêter. Parmi les traitements de fond, deux sont surtout prescrits.

La dihydroergotamine

Il s'agit de la même molécule utilisée pour soulager les crises, mais adaptée au traitement de fond. Elle se prend tous les jours sous forme de comprimés et son action est évaluée au bout de trois mois.

  • Contre-indications : prise d'un triptan pour traiter les crises, de certains anti-biotiques, antécédents cardiovasculaires...
  • Les plus : médicament avec peu d'effets secondaires.
  • Les moins : parfois des nausées, des fourmillements (doigts, pieds).

Les bêtabloquants

Le plus prescrit est le propranolol. D'autres ont prouvé leur efficacité, même si on ne connaît pas bien leur mode d'action dans la prévention de la migraine.

  • Contre-indications : asthme, insuffisance cardiaque, ralentissement marqué du rythme cardiaque…
  • Les plus : leur efficacité.
  • Les moins : hypotension, troubles du sommeil, fatigue, troubles de l'érection.

Cependant, tous les patients ne répondent pas à ces médicaments ou ont trop d'effets secondaires avec les bêtabloquants. Parmi les alternatives : l'oxérotone, qui procure en outre une détente et un meilleur sommeil. Les antidépresseurs tricycliques peuvent aussi aider les personnes à tendance dépressive (pathologie souvent liée à la maladie).

D'autres traitements de fond pourraient être bientôt disponibles. Ainsi, un médicament antiépileptique qui diminue l'excitabilité des neurones, un phénomène aussi présent dans la migraine, pourrait être prochainement utilisé.

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