Grain de beauté : faites les bien surveiller !

Femme à Dermatologie examen
Une petite tache brune ou noire qui apparaît est toujours à surveiller. En cas de doute, il faut consulter. Un traitement précoce évitera le pire… Certains grains de beauté sont à surveiller de très près. Nos explications.

Grain de beauté : prendre au sérieux

En effet, les grains de beauté peuvent évoluer en mélanome malin. C'est le plus grave des cancers de la peau, car, non traité à temps, son évolution risque de devenir irréversible. C'est aussi celui dont l'incidence augmente le plus vite : le nombre de cas double tous les dix ans. En France, sa fréquence est de l'ordre de 10 nouveaux cas pour 10 000 habitants, soit environ 6 000 nouveaux cas chaque année.

Si le pronostic des formes avec métastase est redoutable, il faut cependant souligner que, pris à son début et bien traité (et c'est le cas pour la majorité d'entre eux), la guérison est fréquente.

Le mélanome malin est une tumeur développée par les mélanocytes, les cellules qui fabriquent la mélanine, c'est-à-dire le pigment de la peau, d'où son nom.

La peau garde la mémoire

A l'origine du mélanome ? Les coups de soleil et, plus précisément, les UVA et les UVB qui ont des répercussions sur l'organisme, des années plus tard, la peau gardant en mémoire les expositions solaires.

C'est ainsi qu'un coup de soleil reçu dans l'enfance peut être le point de départ d'un mélanome à l'âge adulte. En brûlant la peau, le soleil induit des lésions dans l'ADN (gène) que l'organisme doit réparer. Or, il peut se produire une perturbation dans ces mécanismes de réparation.

Une petite tache indolore

Au tout début, le mélanome se présente comme une toute petite tache brune ou noire, indolore, pouvant passer inaperçue pendant quelque temps. Cet état peut durer plusieurs mois. Puis la tache grandit, ses contours deviennent irréguliers. Il est alors urgent de consulter avant que la tumeur ne s'épaississe.

Lors des dépistages, les dermatologues enseignent aux patients, dans les familles à risque ou après une intervention, à s'auto-observer.

C'est ainsi que les patients, grâce à un moyen mnémotechnique, sont à même de dépister un mélanome et incités à consulter rapidement.

Le mélanome malin tient dans les cinq premières lettres de l'alphabet.

  • A pour asymétrique ;
  • B pour bords irréguliers ;
  • C pour couleurs non homogènes (du violet au noir, en passant par le brun) ;
  • D pour diamètre (supérieur à 6 mm) ;
  • E pour évolution (la tache grandit ou se modifie).

Si certains - une minorité proviennent d'un grain de beauté existant et qui évolue, 80 à 90 % des mélanomes surviennent spontanément.

Les femmes plus touchées que les hommes

Existe-t-il des personnes plus susceptibles de développer ce type de cancer ? Oui, celles qui abusent ou ont abusé du soleil (ou des UV en cabine), en particulier si elles ont la peau claire.

En effet, aux différences de couleur de peau, correspond une grande différence dans l'aptitude naturelle de la peau à se protéger contre l'agression des UV. Le patrimoine soleil s'épuise beaucoup plus vite pour une peau claire que pour une peau mate.

Une fois ce patrimoine soleil consommé, à mesure que les lésions provoquées par le soleil s'accumulent dans la peau, les premiers signes pathologiques de vieillissement cutané, puis les premiers cancers risquent d'apparaître.

Par ailleurs, il faut noter que les femmes sont légèrement plus touchées que les hommes par le mélanome malin (51 % contre 49 %).

Chez la femme, il survient plus souvent sur les jambes, tandis qu'il apparaît plutôt sur le dos chez l'homme. Avant la puberté, il demeure très rare. Enfin, il existe des familles à risque, celles où il y a un antécédent de mélanome et de nombreux naevus (grain de beauté) atypiques sur la peau.

Quel traitement ?

Si le mélanome est bien localisé, sans métastase (stade 1), on procède à l'ablation chirurgicale de la tumeur (sans chimiothérapie adjuvante).

Les résultats de l'intervention et les pronostics dépendent avant tout de l'importance de l'exérèse et de l'épaisseur de la tumeur (d'où l'utilité d'un dépistage précoce).

En effet, sur une lésion peu épaisse prise au stade 1, il existe 95 % de chances de survie à dix ans. Au même stade, mais au-delà de 4 mm d'épaisseur, la chance de survie à cinq ans oscille autour de 50 %.

En cas de métastase ganglionnaire régionale, le traitement est aussi chirurgical (curage ganglionnaire). Enfin, en cas de métastase à distance, le pronostic est très sombre : chimiothérapie et chirurgie des ganglions sont alors prescrites.

Sous surveillance

Y a-t-il des risques de récidive après exérèse d'un mélanome primitif (stade 1) ? Oui, et ce risque de survenue d'un deuxième mélanome est d'autant plus élevé que le diagnostic du premier mélanome aura été fait à un âge précoce (40 ans environ), qu'il existe des antécédents de mélanome dans la famille et/ou que le malade est porteur de naevus atypiques.

Un suivi régulier - dont la fréquence dépend de l'épaisseur de la tumeur enlevée - est mis en place sur plusieurs années.

La surveillance clinique sera couplée à une autosurveillance. Et, dans le cadre du dépistage, parents, enfants, frères et sœurs d'un patient atteint de mélanome feront aussi l'objet d'une surveillance clinique et d'une éducation à l'autosurveillance et à la protection solaire.

Quel avenir ?

L'utilisation des techniques de visualisation microscopique de la peau in vivo et des progrès dans les techniques d'imagerie pourraient améliorer la précocité du diagnostic.

Par ailleurs, des améliorations dans les études génétiques et moléculaires devraient permettre un meilleur dépistage des groupes à risque et des formes familiales.

Une bonne information peut faciliter un dépistage plus précoce des mélanomes, donc une meilleure prise en charge, et surtout une bonne protection contre le soleil demeure la meilleure des préventions. Donc, si vous avez un doute, consultez !

À retenir :

  • Si une tache apparaît ou si un grain de beauté change d'aspect, consultez. En cas de doute, le médecin l'enlèvera pour le faire analyser en laboratoire.
  • L'ablation du grain de beauté est une petite intervention très rapide sous anesthésie locale.

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