Maux d’estomac : qu’est-ce qu’ils révèlent ?

femme assise sur le canapé ayant des douleurs au ventre
Un Français sur trois s’en plaint. Si les maux d’estomac sont souvent sans gravité, n’hésitez surtout pas à consulter en cas de troubles persistants. 

Reflux gastro-œsophagien

Brûlures et remontées acides sont les symptômes qui caractérisent ce problème digestif. Les femmes sont autant touchées que les hommes, les symptômes s'accentuant avec l'âge : à 60 ans, près d'une personne sur deux en souffre.

Les origines

L'acidité naturelle de l'estomac, indispensable pour dégrader le bol alimentaire, n'est pas nocive grâce à deux éléments protecteurs : d'une part, un mucus isole la muqueuse de l'estomac du suc gastrique ; d'autre part, à la jonction de l'estomac et de l'œsophage, un muscle forme un clapet anti-reflux, empêchant toute remontée acide jusqu'à la bouche. Mais si, pour une raison mal élucidée, ce clapet joue mal ou plus du tout son rôle, il ne fait plus barrage aux remontées acides.

Les signes d'alerte

Des remontées acides plus ou moins douloureuses survenant après les repas, souvent accompagnées de crampes, d'une pesanteur d'estomac, de rots et parfois même d'une sensation de blocage des aliments dès qu'ils ont été avalés. Cela traduit une inflammation de l'œsophage sous l'effet des remontées acides.

Un hoquet récidivant peut aussi être un signe de reflux gastrique. Mais d'autres signes - un enrouement, une toux chronique, un mal de gorge, ou encore un asthme de survenue brutale - doivent également faire rechercher un reflux gastrique, s'ils surviennent de façon inexpliquée.

Les facteurs favorisants

Le tabac, les excès alimentaires ou certains aliments, tels l'alcool, le café, le thé, les graisses cuites, en particulier les frites, les chocolats gras et les boissons gazeuses. Mais la sensibilité est individuelle : d'aucuns accusent les épices, d'autres les sucres cuits (confitures).

Des médicaments comme les anxiolytiques et hypnotiques sont parfois en cause, ainsi que la position allongée ou penchée en avant, et toute pression sur l'abdomen : l'excès de poids ou la grossesse. 85 % des femmes enceintes souffrent d'un reflux gastrique qui peut être plus ou moins gênant mais, en règle générale, sans effet sur le développement de l'enfant.

Si les signes sont passagers, on peut se soigner seul avec des antiacides, ou des alginates jouant un rôle de barrière, en formant une couche protectrice au-dessus du suc gastrique.

À noter : L'automédication ne présente aucun danger pour des personnes jeunes, victimes épisodiques d'excès alimentaires, ou ayant des symptômes peu fréquents.

Quand consulter ?

Si les signes persistent malgré une automédication suivie depuis trois mois, il est temps de consulter. Le médecin prescrira des antiacides plus puissants ou des anti-sécrétoires pour réduire, le cas échéant, des sécrétions trop abondantes. Sans complication, le traitement peut être suivi par séquences d'un à trois mois.

Dans 20 % des cas, l'importance des symptômes exige un traitement continu. Mais il faut associer dans tous les cas des règles d'hygiène alimentaire : consommer moins d'alcool, de café, de graisses cuites, de tabac, bien mastiquer, boire beaucoup d'eau entre les repas et pratiquer une activité physique modérée.

Quand faire une fibroscopie ?

Cet examen de l'œsophage est indispensable pour détecter d'éventuelles complications. Le médecin le prescrit si les symptômes paraissent après chaque repas, si le malade fume et boit beaucoup, s'il vomit ou à une sensation d'aliments bloqués dans l'œsophage.

Ou encore si, à la cinquantaine, il se plaint de reflux pour la première fois. La fibroscopie, avec une visualisation sur écran, est effectuée à l'aide d'un tube souple muni d'une caméra, et permet également des prélèvements à l'aide de pinces à biopsie. Désagréable mais non douloureuse, durant une dizaine de minutes, elle ne nécessite qu'une anesthésie du fond de la gorge.

Les complications éventuelles

Elles représentent 5 à 10 % des cas de reflux persistants. Dans la moitié des cas, l'œsophage est rétréci, les autres cas se partageant entre une inflammation chronique (3 %) et un cancer (1 à 2%).

Quand les médicaments sont sans effet, une intervention peut s'imposer :

  • La dilatation par ballonnet au cours d'une fibroscopie, comme on le fait pour les artères, peut résoudre un rétrécissement de l'œsophage. L'intervention se fait sans hospitalisation.
  • Une opération par cœlioscopie (avec de mini-incisions), resserrant par une simple suture le clapet situé à la jonction de l'œsophage et de l'estomac, soulage définitivement le reflux acide.

L’ulcère

personne se tenant le ventre avec dessin du système digestif, concept d'ulcère
© istock

L'ulcère correspond à une érosion localisée plus ou moins importante de la muqueuse digestive, parfois accompagnée de saignements. 10 % des Français ont eu, ont ou auront un ulcère dans leur vie, trois ou quatre fois plus souvent au duodénum (segment d'intestin succédant à l'estomac) qu'à l'estomac lui-même.

Il touche plus souvent les hommes que les femmes et est plus fréquent dans certaines ethnies, notamment chez les personnes originaires d'Afrique du Nord.

A quoi est-il dû ?

Le principal responsable est une bactérie, Helicobacter pylori. Cette bactérie est à l'origine de 90 % des ulcères du duodénum et de 70 % de ceux de l'estomac. Autre cause non négligeable : les anti-inflammatoires, dont l'aspirine, plus toxiques pour l'estomac que pour le duodénum, surtout pris à jeun. Enfin, environ 5 % des malades ont des sécrétions très élevées d'acide gastrique qui peuvent entraîner un ulcère.

Les signes d'alerte

Des douleurs à type de crampes. Deux cas de figure sont possibles : soit la faim déclenche une douleur calmée par le repas. Soit, au contraire, le repas réveille la douleur durant quelques heures. S'ajoute également très souvent une douleur vive à la palpation. Ces signes doivent amener à consulter car ils ne relèvent pas de l'automédication.

Quand faire un examen complémentaire ?

Pour établir le diagnostic d'ulcère et localiser les lésions, le gastro-entérologue prescrira une endoscopie.

Cet examen consiste à faire passer jusque dans l'estomac et le duodénum un tube muni d'optiques et de pinces à biopsie (prélèvement). L'endoscopie, qui se fait avec une simple anesthésie du fond de la gorge, est désagréable mais non douloureuse. En cours d'examen, une biopsie systématique est pratiquée pour rechercher la bactérie responsable de la majorité des ulcères.

Les traitements

Quand la bactérie est en cause, le traitement anti-ulcéreux consiste en la prise simultanée de deux antibiotiques (le plus souvent, amoxicilline et clarithromycine). Il faut ajouter un anti-sécrétoire qui réduit de façon temporaire les excès d'acidité de l'estomac.

Cette trithérapie, à prendre pendant une semaine, permet d'éradiquer la bactérie dans 70 % des cas. Quand on s'en est débarrassé, il n'y a pratiquement plus de risque de se réinfecter. A une condition : il faut bien suivre le traitement jusqu'au bout.

Suivre ce traitement exige un effort car il provoque souvent des effets secondaires désagréables : goût métallique dans la bouche, diarrhée, mais c'est se débarrasser de l'ulcère pour toujours.

Les mesures d'hygiène alimentaire

Il vaut mieux éviter de boire des jus de fruits à jeun, limiter les épices (poivre, moutarde, piment, etc.) et les chocolats gras. De plus, il faut se méfier des anti-inflammatoires même pris de façon occasionnelle. Il est préférable de les avaler en milieu de repas. Et cesser de fumer...

Quant au stress, son rôle s'est trouvé réduit depuis la découverte de la bactérie, mais il n'est pas nul. En effet, les émotions se traduisent par voie neurologique, notamment par le nerf parasympathique qui est un puissant stimulant des sécrétions acides de l'estomac. Ainsi, le stress et les émotions fortes peuvent indirectement favoriser un ulcère.

Les complications éventuelles

L'hémorragie est la principale complication. De gravité variable, elle doit être opérée dans 10 % des cas. Plus rare, la perforation est également une urgence médicale.

Le cancer de l'estomac en baisse

Les raisons de la régression du cancer de l'estomac ne sont pas encore parfaitement élucidées, mais plusieurs facteurs y ont sans doute participé.

La diminution des substances fabriquées à partir des aliments fumés - le principal carcinogène - l'amélioration de l'hygiène alimentaire, notamment la réfrigération des aliments (en dépit de quelques accidents spectaculaires), seraient responsables de cet état de fait.

De même, la diminution de l'infection par Helicobacter pyroli. Dans les années qui viennent, l'ulcère baissera encore car moins de gens seront infectés par la bactérie.

La gastrite

Cette inflammation de la paroi de l'estomac, associée ou non à un ulcère, est beaucoup plus fréquente que ce dernier. Elle est souvent découverte par hasard lors d'une fibroscopie pratiquée pour un autre trouble digestif.

Les signes d'alerte de la gastrite

Des brûlures à répétition peuvent la révéler, mais le plus souvent celle-ci ne provoque aucun symptôme, aucune douleur. Toutefois, on peut ressentir des douleurs dans la région de l'estomac et avoir une gastrite, sans que ces douleurs soient dues à la gastrite.

Les principaux facteurs favorisants sont l'alcool et le tabac, les anti-inflammatoires, dont l'aspirine, ainsi que la bactérie Helicobacter pylori en cas de gastrite chronique. La mastication insuffisante lors des repas est un facteur aggravant.

Quand faire un examen complémentaire ?

En l'absence de symptômes, une endoscopie ne se justifie pas. Si une gastrite est découverte lors d'un examen motivé par une recherche d'ulcère, elle sera traitée par un pansement gastrique.

Les traitements

Il n'y a aucune raison de s'inquiéter d'une gastrite indolore. Mais lorsque des brûlures se manifestent, des pansements gastriques à base de polysilane ou d'alumine sont souvent utiles.

Et si c'était le pancréas ?

L' inflammation du pancréas est plus rare que les autres maux de la région gastrique.

Elle peut être aiguë ou chronique et revêtir des formes diverses : de la plus modérée, avec une faible augmentation de volume du pancréas, à la destruction de celui-ci, qui peut être fatale.

La pancréatite aiguë s'annonce par une douleur violente à l'estomac, soudaine, allant jusque dans le dos, avec des signes généraux impressionnants : pouls accéléré, vomissements, etc. Elle a deux causes principales : un calcul biliaire qui s'est coincé dans le bas du canal cholédoque (voie biliaire s'ouvrant dans le duodénum pour y déverser la bile). Ou bien l'alcool.

La pancréatite chronique est une sorte de fibrose : le pancréas devient dur comme de la pierre, calcifié à l'intérieur. La grande cause est l'alcoolisme.

Le traitement de la pancréatite aiguë biliaire passe par l'ablation de la vésicule biliaire et de ses calculs, les deux étant liés. Quant à la forme chronique, elle ne peut être résolue que par un arrêt de l'intoxication alcoolique.

À retenir

  • Si un reflux n'est pas calmé au bout de 3 mois d'automédication, il faut impérativement consulter.
  • Une gastrite peut passer inaperçue, car elle est le plus souvent indolore.
  • La principale cause d'ulcère est une bactérie, l'Helicobacter pylori.

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