Avec la psychomotricité : dominez vos émotions

Psychomotricité
Pour ne pas se laisser submerger par ses émotions, leur intensité et leur durée, il faut savoir maîtriser leurs effets. La psychomotricité nous propose d’apprendre à mieux connaître notre corps.

Brûlures à l'estomac, troubles du sommeil, crises de panique, certaines maladies de peau... la psychomotricité peut soulager, chez l'adulte, de nombreuses manifestations psychosomatiques.

Depuis quelques années en effet, cette discipline paramédicale, destinée traditionnellement aux enfants, trouve désormais de nombreuses applications chez les adultes.

Apparue dans les années 1970, la psychomotricité s'est nourrie de l'étude du développement physique et psychologique des jeunes enfants. Ainsi, durant la première moitié du XXe siècle, des chercheurs ont remarqué que des nourrissons privés de contact physique et d'affection devenaient hagards, sans réaction et dépérissaient, malgré une bonne alimentation et des soins médicaux. Ces résultats, et bien d'autres encore, ont redonné au corps et aux contacts physiques toute leur importance dans l'épanouissement psychique et affectif des êtres humains. Et cela concerne tous les âges !

Des tensions parfois insupportables

Pour bien comprendre l'action de la psychomotricité chez l'adulte, il faut se rappeler ses propres émotions. En effet, chacun a déjà vécu les répercussions de ses émotions sur son corps. Peur, joie, stress provoquent en nous divers symptômes : ventre "noué", gorge "serrée", respiration accélérée, mains moites, etc.

Mais d'après les psychomotriciens, le corps devient parfois victime des émotions. Beaucoup de patients ont des difficultés affectives et émotionnelles.

Par exemple, ils doivent assumer leur travail tout en luttant contre le manque d'estime personnelle ou la peur d'être jugés. Ce dilemme entraîne des états de tensions dans le corps, à l'origine de troubles physiques.

Dans la culture occidentale, le réflexe courant est alors d'agir sur les émotions en se raisonnant : "Ce n'est pas si grave" ou "Calmons-nous, tout va bien ! " Mais cette méthode a des effets très limités sur des émotions dont les effets sont parfois dévastateurs sur le corps.

Apprendre à ressentir son corps

C'est là qu'intervient la psychomotricité. En effet, si les émotions influent sur le corps, l'inverse est aussi possible le corps peut avoir des effets sur les émotions. Au lieu d'être victime des problèmes affectifs, le corps aide à les résoudre. Mais pour obtenir un tel renversement, Il faut apprendre à ressentir pleinement son corps.

Pour ce faire, le psychomotricien concentre l’attention du patient sur les sensations physiques éprouvées lors de certains mouvements. Le thérapeute en fait varier la vitesse ou la tension et, chaque fois, le patient doit décrire précisément son ressenti. Idem pour la respiration, qui doit s'effectuer par le ventre.

Pas question, ici, de gymnastique complexe, ni d'exercice de force. Ce sont plutôt des gestes simples du quotidien.

En levant simplement la main pour saisir un objet sur une étagère, personne ne pense au mouvement effectué par le bras, chaque geste doit devenir conscient. Au début, il faut penser à tout, mais cela devient vite un réflexe qui procure du bien-être. De cette façon, les sensations et la perception du corps s'enrichissent. C'est un peu comme si un nouveau sens apparaissait !

Maîtriser ses émotions

Une fois cette étape franchie, la place des émotions change alors naturellement ! Au lieu d'être submergé, le patient apprend à gérer l'intensité et la durée de ses émotions, ainsi que leurs effets sur l'organisme.

C'est ce que confirme Catherine, 75 ans, paniquée à chaque fois qu'elle devait traverser les rues à Paris : « J'avais très peur de tomber toute seule dans la rue. Quandes de mon corps ! Ma peur n'a pas disparu, mais j'arrive à me ressaisir facilement. »

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Exprimer ce que l'on ressent

La psychomotricité agit aussi sur les troubles psychosomatiques. Beaucoup de symptômes expriment des émotions que les mots n'ont pas su dire. L'objectif est donc de faire circuler les symptômes du corps vers la parole.

C'est dans ce but que les patients doivent exprimer les diverses sensations éprouvées corporellement.

« J’ai consulté un psychomotricien pour des maux de têtes récalcitrants, raconte Audrey, 29 ans. Curieusement, les exercices de relaxation n'étaient pas centrés sur mon trouble. En revanche, j'ai pris conscience de mon corps. Lors de certains mouvements, les sensations éprouvées me rappelaient subitement des événements de ma vie. C'était très étrange ! J'en parlais alors à la thérapeute. »

Dans le cas de Audrey, ses maux de tête ont cessé après plusieurs séances parce qu'elle avait réussi à extraire par les mots ce qui la faisait souffrir dans son corps. Cependant, la plupart des patients ignorent quelles paroles les ont soulagés. Le thérapeute aussi !

Le nombre des séances nécessaires varie beaucoup d'un patient à l'autre. Le but est de pouvoir vivre pleinement ses émotions, sans souffrance.

Comment consulter un psychomotricien et combien coûte une consultation ?

Les psychomotriciens sont diplômés d'État et ont le statut d'auxiliaires de médecine. On ne peut donc les consulter que sur prescription médicale, que ce soit en libéral ou en institution hospitalière. Mais curieusement, la Sécurité sociale ne rembourse pas les actes de psychomotricité. Les tarifs en libéral varient de 35 à 60 € la séance pour les adultes. Or, en moyenne, il faut compter trois mois de thérapie à raison d'une séance par semaine. Certaines mutuelles dédommagent une partie des frais des séances de psychomotricité.

Vérifiez donc attentivement les clauses de votre contrat.

La majorité des psychomotriciens exercent cependant au sein d'institutions médicales. Les séances sont alors prises en charges par le budget de l'hôpital, et sont donc gratuites pour le patient. Mais pour en bénéficier, c'est un peu le parcours du combattant ! En effet, en France, le domaine de la psychiatrie, dont relève la psychomotricité, est sectorisé. Il faut, au préalable, aller demandez ensuite si ce centre dispense bien les soins d'un psychomotricien. Ensuite, vous devrez vous faire prescrire des séances par un psychiatre du centre ou un libéral. Certains CMP acceptent aussi les prescriptions de médecins généralistes...

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