Rééducation du périnée : tout ce qu’il faut savoir 

Rééducation Périnée
Cette partie du corps est sensible à tous les événements de la vie, notamment la grossesse. Comment le préserver ? Le réparer s’il a souffert ? Toutes nos explications pour rééduquer votre périnée.

Le périnée, zone musculaire en forme de hamac, constitue ce que les médecins appellent le plancher du petit bassin. Sa taille est comparable à celle de la paume de la main et il est composé d'une dizaine de muscles tissés dans tous les sens qui s'organisent autour de différents orifices. Le périnée des hommes comporte deux orifices (le canal urinaire et le canal anal), celui des femmes trois : le méat urinaire, le vagin et l'anus.

Le périnée : une zone musculaire sensible

Le périnée a un rôle de maintien des organes. Il soutient plus particulièrement la vessie, l'utérus, le rectum. En position verticale, lorsqu'il est tonique, il se comporte comme un trampoline suffisamment souple pour amortir les mouvements du corps et suffisamment solide pour maintenir les viscères à leur place.

A l'inverse, un déficit de tonicité peut aboutir à un prolapsus (descente d'organes).

Il sert aussi à retenir les gaz, les selles et l'urine. Toutes les études montrent qu'une femme sur trois est susceptible d'avoir des fuites d'urine dues, dans 80 % des cas, à une faiblesse du périnée.

Le périnée : des rôles multiples...

Il joue également un rôle dans l'équilibre du dos. Ainsi, une simple dissymétrie due, par exemple, à une épisiotomie même ancienne, pourrait être responsable de douleurs du dos. Ne soyez donc pas surprise si l'ostéopathe ou le kinésithérapeute vous demande si vous avez eu des enfants, combien ils pesaient et si leur naissance a nécessité une épisiotomie.

Il joue un rôle subtil dans la sexualité. N'en déduisons pas pour autant qu'elle ne dépend que de la qualité du périnée.

D'autres paramètres entrent en ligne de compte. Mais un périnée qui a été malmené peut-être responsable de troubles de la sexualité. Parce que cet organe participe à l'acte amoureux. Par exemple, en l'absence de désir, il est susceptible de s'opposer à la pénétration, au point d'entraîner un vaginisme.

De même, il participe au plaisir. Selon des chercheurs américains, certains faisceaux de muscles périnéaux seraient responsables de la qualité de l'orgasme.

Si fragile pendant la grossesse

Comme tous les muscles du corps, le périnée peut être, dès le départ, plus ou moins tonique mais, au-delà de cet "héritage", l'histoire personnelle intervient. Souvent, dès la prime enfance, notamment lors de l'apprentissage de la propreté.

Ainsi, comme l'ensemble du corps, le périnée est le reflet de ce qu'il a vécu : plus ou moins tonique ou lymphatique. Ensuite, certains moments forts de la vie, y compris affectifs, peuvent le fragiliser.

La grossesse constitue le principal facteur de troubles. En fin de grossesse, toutes proportions gardées, le périnée est dans le même état que le ventre. Tout le monde est d'accord pour dire que le volume et le poids du bébé entraînent un relâchement des abdominaux. Or, ce poids appuie davantage à la verticale qu'à l'horizontale et le périnée subit au moins autant de contraintes que le ventre, si ce n'est plus.

Ensuite, ce relâchement est grevé par l'imprégnation hormonale qui permet au périnée de s'ouvrir pour laisser passer la tête du bébé. Et à ces facteurs s'ajoute, pour les femmes qui accouchent par les voies naturelles, le passage du bébé.

L'accouchement constitue donc une deuxième étape critique. Le passage de l'enfant dans la filière génitale distend, de manière étonnante, les fibres musculaires du périnée. Et davantage si l'expulsion se fait rapidement, si le bébé est gros, si l'on utilise des forceps...

On a longtemps pensé que l'épisiotomie était l'arme contre les distensions du périnée et l'une de ses conséquences l'incontinence. Le temps passant, on s'aperçoit que ce geste n'a pas fait baisser le nombre des cas.

Conclusion : il doit être pratiqué en fonction de la réalité anatomique et physiologique de l'accouchement et non pas dans l'espoir de prévenir une éventuelle incontinence.

Manque de tonicité du périnée, pourquoi ?

Certaines activités physiques, certaines habitudes d'hygiène aussi ont des effets redoutables sur le périnée. C'est le cas des sports où les efforts abdominaux s'exercent en force sur lui (course à pied, tennis, saut...).

Pas question de s'en priver mais, si l'on est sportive y compris "du dimanche", on a intérêt à entretenir son périnée. Même chose si l'on porte de lourdes charges ou si l'on piétine toute la journée.

Le vieillissement naturel des tissus est également un facteur de relâchement du périnée. Comme tous les muscles, il accuse le poids du temps qui passe, et plus encore quand on a eu des enfants. Des troubles peuvent apparaître des années après un accouchement...

Le périnée garde une empreinte des agressions qu'il a subies. Et, avec l'âge et les modifications hormonales liées à la ménopause, on peut voir apparaître une incontinence, un prolapsus, voire des troubles sexuels que l'on met sur le compte d'une baisse de désir liée à l'âge ou la routine.

« Un périnée, ça se prépare, ça se préserve et ça se répare » explique le Dr Roland Leclerc, gynécologue. Cet organe dépend de la conscience mais aussi de mécanismes neurologiques inconscients extrêmement fins.

Ainsi, il existe une interaction entre le périnée, la vessie, le cerveau et l'on peut perturber ces mécanismes par de mauvaises habitudes.

Le périnée et les problèmes de fuites urinaire

En principe, on urine 6 à 8 fois par jour, et seulement quand on en a envie. Or, certaines femmes, de peur de manquer de temps ou d'avoir des fuites, ont pris l'habitude de faire pipi à titre préventif.

D'autres vivent dans des conditions professionnelles telles que, à l'inverse, elles se retiennent. A terme, elles aggravent d'éventuels troubles.

La constipation est aussi un facteur de troubles évident. Quand on pousse sur son périnée, on le perturbe. La parade : boire pour assurer les différentes fonctions de l'organisme mais pas trop. La publicité qui encourage à boire 3 litres d'eau par jour y va un peu fort ! En buvant de telles quantités, on malmène, à la longue, sa vessie mais aussi son périnée. Quant à la constipation, le meilleur moyen de la prévenir c'est de consommer des fruits et des légumes riches en fibres, et d'avoir une activité physique, même modérée.

Petite "gym" pour remuscler le périnée

La grossesse constitue, on l'a vu, le moment de tous les dangers. Comment le mettre à l'abri ? Sans doute en choisissant d'être suivie par une équipe obstétricale préoccupée par sa préservation. Des praticiens dont on est sûre qu'ils ne feront une épisiotomie que si elle est indispensable mais auxquels aussi on n'aura pas honte de se confier si, dès les premiers mois, on est sujette aux fuites.

Ça n'est probablement pas grave, ni définitif, mais encore faut-il que le médecin ou la sage-femme prenne ce symptôme en considération et adresse, si c'est nécessaire, à un kinésithérapeute spécialisé.

Quand faire appel au kiné ?

Dès que l'on a des troubles. Avant, cela nécessite une consultation, de préférence avec un gynécologue ou un urologue. Ce qui doit alarmer ? une petite fuite urinaire qui survient, de manière répétée, quand on fait un effort, si on court, si on rit, quand on s'accroupit, éternue... une sensation de pesanteur au niveau génital, quand on a piétiné toute la journée.

La rééducation du périnée est globalement la même que l'on ait la trentaine ou la cinquantaine, voire plus.

Objectif : rétablir des mécanismes ordinaires pour calmer une vessie hypertonique (qui réagit, par exemple, dès que l'eau coule au robinet) ou renforcer le périnée qui manque de tonicité.

Avant et après l'accouchement

Pendant la grossesse, cela passe par la prise de conscience du périnée, de façon à pouvoir tantôt le contracter, tantôt le décontracter. Dans tous les cas, non au "stop pipi" qui consiste à arrêter le jet en urinant. « C'est une aberration, explique Roland Leclerc. En enseignant cette gymnastique, on apprend aux femmes à fermer leur périnée quand elles doivent s'entraîner à l'ouvrir de façon à faciliter, le moment venu, le passage du bébé. »

Après la naissance, on entre dans la rééducation, proprement dite. Aujourd'hui, tous les kinés sont d'accord ; pas de travail abdominal trop précoce, trop intense tant que l'on n'a pas assez récupéré son périnée.

Concrètement, il faut commencer par rétablir l'équilibre du bassin support du périnée, grâce à des techniques de respiration abdominale qui n'appuient pas sur ces muscles.

Ensuite, on travaille à le renforcer par une série de contractions et de dé- contractions (gymnastique simple). Ce travail peut commencer 48 heures après l'accouchement.

Objectif : éviter que des lésions encore discrètes s'installent avec le risque de pathologies pouvant survenir plus tard.

Efficacité immédiate : on évacue œdèmes et hématomes provoqués par le passage du bébé et l'épisiotomie. Problème : il n'y a pas de kiné dans toutes les maternités ! Dans ce cas, comment faire ?

La Sécurité sociale rembourse la rééducation abdominale tout de suite après la naissance mais pas la rééducation périnéale. Si on n'a pas bénéficié de la présence d'un kiné en post-partum immédiat, il faut reprendre, chez soi, les exercices de bascule du bassin appris avec la sage-femme, pendant la grossesse. Après quelques semaines, on peut voir un kiné pour entreprendre une rééducation plus spécifique fondée sur la gymnastique, les thérapies manuelles, l'électrothérapie.

À la cinquantaine ou plus tard, si certains symptômes apparaissent, les techniques de rééducation restent grosso modo les mêmes.

Très important : il faut bien savoir qu'il n'est jamais trop tard pour entreprendre cette rééducation. Du fait du vieillissement naturel des tissus, on obtient peut-être moins de résultats à 75 ans qu'à 60, et a fortiori à 50, mais les efforts sont toujours "payants".

Dans 75 à 80 % des cas, les fuites urinaires et les lourdeurs dans le bas ventre disparaissent.

Et si cela ne marche pas et que la chirurgie est nécessaire, la rééducation pratiquée avant et après rend l'acte plus efficace. En revanche, la kinésithérapie du périnée ne permet pas de traiter un prolapsus installé.

Exercices à faire à la maison pour rééduquer son périnée

Cela dit, il faut bien savoir que 10 à 20 séances de rééducation avec un kiné, en post-natal comme plus tard dans la vie, à raison d'une fois par semaine, ne suffisent pas.

En même temps et après, il faut se contraindre, pendant plusieurs mois, à travailler son bassin et son périnée, tous les jours, chez soi, pendant quelques minutes, au calme, en ne pensant qu'à soi.

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires