Tabac, alcool : tout arrêter d’un coup ?

Alcool Et Tabac
C’est une double dépendance fréquente dont le sevrage exige du temps et du courage. Environ 30 % des Français sont « accro » à la cigarette. Et parmi les sujets alcooliques, 80 % sont fumeurs. Ceux-ci sont très dépendants de la nicotine. Un fumeur « grille » en moyenne 15 cigarettes par jour tandis qu’un alcoolique a besoin du double, soit 30 cigarettes.

Boire donne envie de fumer

Pour le Dr Christophe Aubin, responsable du centre de traitement des addictions de l'hôpital St Antoine à Paris, « boire est un fort stimulus, qui déclenche l'envie de fumer. L'alcoolisme et le tabagisme partagent peut-être les mêmes facteurs de vulnérabilité psychologiques, environnementaux et génétiques. Autre hypothèse : l'alcool modifie les récepteurs nicotiniques, d'où la propension des alcooliques à fumer ».

Les médecins alcoologues se sont longtemps opposé au sevrage tabagique simultané de leurs patients. Ils préféraient s'en tenir au vieil adage : chaque chose en son temps...

Les médecins ont changé leur approche

Mais l'opinion médicale a évolué et il n'est plus rare de proposer un sevrage conjoint si le patient est motivé.

« Cette démarche conforte les personnes sur le plan psychologique, explique le Dr Aubin. Elle les met dans une position plus forte puisqu'ils doivent fournir davantage d'efforts. »

Le double sevrage est fonction du choix et la motivation de chacun alcool et tabac, ou alcool puis tabac.

Néanmoins ce parcours reste douloureux. « Arrêter les deux simultanément est possible, mais compliqué. Il faut gérer les deux traitements pharmacologiques ainsi que les facteurs de risque (problèmes comportementaux) », précise le Dr Aubin.

Certains préfèrent hiérarchiser les urgences. Si leur dépendance alcoolique les place dans une situation dramatique, leur problème tabagique sera pris en compte après. C'est surtout vrai pour les patients hospitalisés dans les services d'alcoologie.

Dans un tel contexte, il est difficile d'arrêter la cigarette...

Une prise en charge mieux adaptée

Les meilleurs résultats s'obtiennent après une longue abstinence. « Ceux qui arrêtent l'alcool dans la première année ont environ 60 % de chance de moins que les non-alcooliques d'abandonner la cigarette , estime le Dr Aubin. Après plus d'un an d'abstinence alcoolique, les résultats sont identiques chez les alcooliques et les autres. On constate peu de rechutes dans l'alcool parmi ceux qui ont arrêté de fumer. »

D'une manière générale, la prise en charge des dépendances (toutes les dépendances !) a beaucoup évolué ces dernières années. La tendance est de considérer le malade dans sa globalité, qu'il ait des problèmes avec l'alcool, le tabac, les médicaments ou les drogues. Ce n'est pas un hasard si le service d'alcoologie du Dr Aubin s'appelle centre de traitement des addictions.

À lire aussi : L'alcoolisme : c'est d’abord et avant tout une maladie !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires