La fasciathérapie pour chasser le stress

Fasciathérapie Pratique
Une technique manuelle de plus en plus utilisée pour relaxer les tensions, les blocages et les douleurs, ponctuels ou chroniques.

Annie s'assoit sur une chaise. Eve pose ses mains sur son épaule droite. Dans cette petite salle où se déroule la démonstration, nous attendons quelque chose de spectaculaire. Mais, à notre surprise, rien ne bouge. Du moins en apparence.

Pourtant, après quelques minutes, Annie répond à la stimulation. « C'est incroyable ! J'ai la sensation que ça circule, une sorte d'irradiation jusque dans ma jambe opposée. »

Contrairement aux apparences, Eve Roton n'est pas guérisseuse. Psychomotricienne, elle pratique et enseigne la fasciathérapie, une technique de "thérapie manuelle" créée il y a plus de vingt ans pour rééquilibrer et réparer nos petits dysfonctionnements. En particulier, ceux liés au stress.

Qui pratique la fasciathérapie ?

La fasciathérapie est exercée par les « fasciathérapeutes », des praticiens non reconnus officiellement comme tels, mais également par des médecins, kinésithérapeutes, ostéopathes, biokinergistes, psychologues, infirmières…

Fasciathérapie Technique
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Libérer le mouvement

Le terme fasciathérapie vient des fascias, ces tissus conjonctifs qui enveloppent tout squelette, organes, viscères, artères, veines, articulations, muscles, etc. Une sorte de seconde peau, qui pourrait être comparée à celle que l'on trouve à l'intérieur des coquilles d'œufs.

Ce tissu joue un rôle primordial sur le mouvement, un rôle mécanique quand on reçoit un choc, physique ou émotionnel, le corps réagit physiquement. Les fascias se crispent et, en se crispant, créent un incident de parcours : un nœud. Ce dernier empêche le mouvement et bloque les échanges cellulaires et métaboliques. A la suite de ce blocage, des douleurs ou des raideurs articulaires ou musculaires peuvent apparaître.

Des douleurs qui ne s'expriment pas nécessairement à l'endroit du choc, mais en d'autres régions du corps. C'est l'effet onde de choc. Philippe Marion, kinésithérapeute ostéopathe, l'illustre avec cet exemple : « Si vous vous êtes luxé l'épaule et que celle-ci est mal remise, elle peut avoir des répercussions douloureuses dans le bassin, les genoux et jusque dans les pieds. De même, des orteils en marteau ou des doigts qui se rétractent peuvent provenir d'un problème de... nuque. »

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Éviter les récidives

Le travail du fasciathérapeute repose sur l'écoute objective des mouvements du corps. Il est capable de sentir ce qu'il appelle son mouvement interne.

C'est ce mouvement qu'il suit, sans lui imposer aucune contrainte, et qui va lui permettre de remonter par étapes à la source de la tension ou du blocage. Après avoir libéré cette tension, le praticien doit faire en sorte que son patient ne se réinstalle pas dans la douleur. En lui réapprenant notamment les bons gestes. Une ou deux séances suffisent parfois à traiter un problème, qui peut s'avérer être d'ordre physique ou psychologique.

La guérison nécessite de la part du patient une prise de conscience globale de son corps, de sa douleur, de sa localisation, de ce qui en est la cause... s'il souhaite s'en débarrasser. En psychothérapie, le travail des fascias se révèle d'ailleurs un allié précieux, à la fois pour localiser le siège d'une souffrance, mais aussi déclencher la parole chez le patient.

Le praticien enseigne ensuite des mouvements ou des exercices très simples, qui vont lui faire prendre conscience de ses mauvaises habitudes posturales. Ce peut être marcher, mais pas n'importe comment, en ayant conscience de son corps, de ses pieds, de son orientation, de ses déplacements, de son environnement.

Pour les femmes, ce sont souvent des exercices autour du bassin, car c'est un lieu symbolique et le siège de nombreux troubles. Certaines personnes souffrant de maux de tête fréquents ont besoin d'apprendre à lâcher prise, à être moins dans l'intellect et davantage dans leur corps. Le travail de détente peut alors s'exercer sur les yeux ou les mâchoires.

La fasciathérapie : pour combattre quoi ?

Fasciathérapie Tensions
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1. LE STRESS

Le stress excessif est un coup de poing à l'émotionnel, à l'affectif. Non évacué, il entraîne un affaiblissement du système immunitaire et des maux que nous connais- sons bien : troubles du sommeil, allergies, angines, maux de tête, prise de poids, lombalgies, névralgies, troubles gastriques, intestinaux, déprime, fatigue générale... la liste peut être très longue.

2. RÉGIME ALIMENTAIRE

Quand on est anormalement tendu, les tensions se font sentir jusque dans les cellules adipeuses. Elles bloquent les échanges métaboliques et sont responsables de l'accumulation excessive des graisses. Il est indispensable d'induire une détente avant de commencer un régime...

Prenons l'exemple d'une femme venue consulter pour un problème de surpoids. « En réalité, elle était très stressée et souffrait de troubles du sommeil. Les séances sont très vite devenues pour elle une sorte de rituel, et au bout de quelque temps, elle s'est sentie mieux, plus détendue et plus sereine en famille. Elle a lâché ses somnifères et a pu mener son régime beaucoup plus efficacement. » explique Phillipe Marion.

3. CHOC ÉMOTIONNEL

Après un événement émotionnel intense, un accident, un deuil, une période de chômage, certaines zones du corps ne réagissent plus. La fascia- thérapie peut, dans certains cas, réactiver ces régions temporairement en sommeil. Après le décès de son mari, Annette est allée consulter un ostéopathe : « Pendant six mois, j'étais dans un état second, je me sentais vide, avec cette sensation permanente d'oppression. Je respirais très mal. Deux séances ont été nécessaires. Ce fut pour moi une véritable renaissance, l'oppression s'était évanouie, je pouvais sentir des choses circuler en moi... C'était exactement comme si l'ostéopathe avait remis mon cœur en marche. »

4. BLESSURES

Après une entorse ou une fracture, on rééduque l'articulation par la proprioception (travail sur l'équilibre, en kinésithérapie). Mais cela ne suffit pas toujours. Il faut que le patient retrouve la sensation de son articulation.

Celle-ci doit être réintégrée dans son schéma corporel.

« Après une entorse traitée, si le patient a peur de s'appuyer sur sa cheville, c'est qu'il ne la sent pas » explique Christian Depotre, fasciathérapeute.

« Pour récupérer une bonne mobilité et une bonne flexibilité de son articulation, il doit la percevoir, sentir comment elle s'articule, comment elle se positionne au sol, en l'air, en appui, etc. C'est important pour diminuer les risques de récidives. »

5. PERFORMANCES

Pour les sportifs de haut niveau, elle est utilisée pour trouver le geste qui permette le juste effort pour un maximum d'efficacité.

Mais le plus important est de corriger les gestes imparfaits, ceux qui montrent un effort mal dosé, parce qu'ils peuvent faire naître à la longue une douleur.

On sait par exemple que, chez les lanceurs de marteau, les points sensibles sont les lombaires, et chez les joueurs de tennis, c'est le risque de tennis elbow et le mal de dos. Le fasciathérapeute travaillera donc plus particulièrement ces points-là.

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