Mauvaises digestions, migraines, urticaire, apathie ou intolérances alimentaires diverses, on accuse toujours le foie !
D'ailleurs, nombreux sont ceux qui se disent "fragiles du foie" et qui, à ce titre, se condamnent tout seuls à des restrictions alimentaires terribles. En réalité, la crise de foie est bien un mythe. Et l'insuffisance hépatique, presque toujours, une illusion. N'empêche, le foie est un organe très important. Le plus souvent, on lui impute à tort des troubles mineurs. Plus rarement, il peut être le siège de problèmes graves.
C’est la vésicule
Une brusque douleur ou de lancinantes poussées au flanc droit. Parfois quelques nausées ou même un vomissement. Tableau classique qui implique aussitôt la conclusion : "Docteur, j'ai mal au foie".
A l'examen, la palpation confirme l'existence d'une vive réaction à la pression. Elle a effectivement lieu dans la région hépatique, mais c'est la vésicule et non le foie qui fait mal. De telles souffrances signifient que c'est la vésicule qui se vide mal ou qui est déjà encombrée de calculs.
Attention donc, quand on accuse le foie, c'est souvent la vésicule ! Le véritable "mal au foie" n'existe pas.
Le "gros foie", c'est peut-être le cœur
Certains médecins n'hésitent pas à comparer le foie à un accordéon, en raison de sa faculté à se distendre ou à se rétracter. A l'examen, son pôle inférieur peut en effet se cacher sous le rebord costal du thorax ou, au contraire, gagner une large partie de l'abdomen. De telles variations volumétriques peuvent éventuellement signifier une détérioration grave du foie, cirrhose ou tumeur, par exemple. Mais, dans de très nombreux cas, le foie n'est que la victime d'un autre organe.
C'est ainsi que lors d'un "gros foie", il peut s'agir d'une question de cœur. En effet, toute défaillance de ce dernier se traduit par une incapacité d'aspirer le sang en provenance du foie qui, par là même, tend à s'engorger et à se distendre. Un tel "gros foie" demeure presque toujours douloureux, ce qui suffit souvent à prouver que le foie lui-même n'est pas en cause. D'ailleurs, et dès l’instant où, grâce à des tonicardiaques, le cœur retrouve force, le foie perd de son embonpoint.
Quand les soucis le "dérèglent"
Entre foie et psychisme se nouent d'assez secrètes relations. La sagesse populaire, dans ses expressions imagées, se plaît d'ailleurs à dire de tout anxieux qu'il se fait surtout trop de bile.
En vérité, il ne s'agit pas de trop de bile sécrétée, mais de trop de bile mal utilisée. Soucis et précipitation, lors d'un repas, tendent à spasmer les voies hépatovésiculaires et à s'opposer ainsi au flux de bile, réactionnel à toute ingestion alimentaire et indispensable à une parfaite assimilation. Il en résulte non seulement un inconfort digestif mais aussi des carences nutritionnelles qui, indirectement, retentissent sur le psychisme. D'où un véritable cercle vicieux qui explique les si fréquentes phases dépressives de ceux qui se disent "fragiles du foie".
Cette interdépendance hépatopsychique s'illustre par les succès obtenus en homéopathie grâce à des médications, classiquement actives sur le foie mais prescrites d'après le seul état comportemental. C'est ainsi que des mises en train matinales difficiles, des appréhensions devant toute action, des morosités ou des pleurs inexplicables et surtout des pertes complètes d'élan vital se dissipent, puis disparaissent totalement sous l'effet de préparations à tropisme hépatique.
Quand il est vraiment malade
Si les diverses manifestations digestives ou générales que l'on impute facilement à un "foie fragile" ou à une "insuffisance hépatique" ne relèvent guère en vérité de l'organe accusé, il n'en demeure pas moins que ce dernier peut devenir le siège d'altérations très sévères. Infection et dégénérescence sont les deux plus grands maux qui menacent le foie. Parmi les infections, avant tout celles par virus dont il existe différentes souches, génératrices d'hépatites virales plus ou moins redoutables.
Le symptôme des yeux
Chacun sait que toute jaunisse traduit une atteinte du foie. Mais une simple carnation cutanée risque d'être trompeuse. En revanche, une coloration qui ne saurait induire en erreur, c'est celle des conjonctives, autrement dit du "blanc des yeux". Une éventuelle teinte safranée à leur niveau, c'est le foie. Que l'affection relève d'une hépatite virale ou d'un blocage des voies biliaires, la manifestation est constante avec, toutefois, une intensité plus ou moins marquée. Cette teinte jaune, si évidente au niveau des yeux, demeure l'un des reflets majeurs de toute altération des fonctions hépatiques. Elle résulte du passage dans le sang de pigments biliaires anormaux, venant imprégner l'ensemble des tissus de l'organisme.
Mais le foie peut être victime de bien d'autres germes variés et notamment bactériens, se développant le plus souvent en lui sous la forme d'abcès. Divers parasites intestinaux, surtout ceux d'origine tropicale comme les amibes, risquent aussi de parvenir jusqu'à lui, en remontant à contre-courant les voies biliaires.
Par ailleurs, les différentes fonctions du foie sont toutes susceptibles d'être défaillantes, soit pat excès d'activités, soit à la suite d'infections ayant altéré les cellules sécrétrices. Le foie, ayant la propriété d'élaborer des lipides et de tenir des sucres en réserve, à la disposition des besoins de l'organisme, peut être le siège d'une accumulation anormale de substances grasses. De telles surcharges correspondent à un état de stéatose. Tout comme le classique "foie gras" d'une volaille ayant été gavée dans ce but.
Les très gros mangeurs, obèses, et les diabétiques non-insulinodépendants sont plus particulièrement menacés d'infiltrations de stéatose. Par simples restrictions alimentaires, tout redevient normal. Un foie qui apparaît donc fort complaisant sur ce plan.
L'alcool, le grand toxique
Autre activité essentielle du foie, celle d'épurer le sang. A ce titre, il se trouve confronté à de multiples toxiques et en tout premier à celui de l'alcool. Pour neutraliser ces agresseurs, ses cellules dites hépatocytes élaborent des enzymes spécifiques.
Mais si les apports toxiques outrepassent certains seuils et cela de façon prolongée, les hépatocytes perdent peu à peu de leur efficacité. Le tissu hépatique devient fibreux et inactif. Ce processus, lié à celui d'infiltration grasse de la stéatose, ne manque pas de conduire à un progressif état de cirrhose.
Dans les cas de cirrhose alcoolique, on estime que les seuils de tolérance sont de 60 grammes d'alcool pur chez l'homme et seulement de 40 grammes chez la femme. Au-delà d'absorptions quotidiennes supérieures, il y a un risque certain, à terme plus ou moins proche.
Les médicaments lui font mal !
Malgré leurs vertus générales salvatrices, nombre de médicaments mettent le foie à rude épreuve. Soporifiques, antidépresseurs, tranquillisants, sulfamides et même la simple pilule contraceptive ou le banal comprimé antidouleur de paracétamol exigent un gros labeur d'épuration hépatique. Des posologies excessives ou des prises trop longtemps poursuivies, notamment avec les sédatifs ou les hypnotiques, peuvent provoquer des hépatites médicamenteuses. Certains anesthésiques, utilisés en chirurgie, sont également susceptibles de retentissements hépatiques sévères. Pour leur part, les médications à base d'hormones, comme les contraceptifs oraux, tendent à restreindre les sécrétions biliaires. D'où divers troubles en retour.
Entre médicaments et foie, d'autres aspects méritent d'être évoqués. Lorsqu'un foie, à la suite par exemple d'une hépatite virale, présente une production enzymatique déficitaire, il risque de dévier l'utilisation d'un médicament ultérieurement prescrit pour une maladie nouvelle. II peut en résulter des inefficacités thérapeutiques, de prime abord inexplicables.
Les multiples fonctions du foie
Le foie constitue le véritable laboratoire central de l'organisme. Son action s'exerce sur de très nombreux plans, c'est à la fois un organe d'épuration et de synthèse. De plus, il intervient de façon indirecte dans les processus de digestion par la bile qu'il sécrète.
Epuration : Tout le sang transite au niveau du foie qui en extrait, par actions enzymatiques, les différents éléments toxiques d'origine externe (pesticides alimentaires, résiduels, alcool, médicaments, etc), ou interne (déchets métaboliques des propres fonctions de l'organisme).
Synthèse : A partir des nutriments, c'est-à-dire des substances alimentaires ayant été assimilées par le tube digestif, le foie élabore de multiples substances : urée, albumine urique, facteurs de coagulation, enzymes, protéines du plasma sanguin, etc.
Sécrétion : Chaque jour le foie sécrète de 500 à 800 ml de bile qui est un mélange d'acides biliaires, de pigments et de cholestérol. Cette bile, d'abord stockée au niveau de la vésicule biliaire, s'écoule ensuite vers le duodénum où elle participe à l'émulsion des graisses alimentaires. De plus, elle assure la désinfection du tube digestif.
Autres rôles : Le foie concourt à la régulation des sucres, qu'il met en réserve sous la forme de glycogène, et aux défenses anti-infectieuses par la production d'anticorps.
À retenir sur le foie
- La vésicule est bien plus souvent coupable que le foie.
- Pour la table, de tout un peu, sans excès.
- Les seuls véritables ennemis du foie sont l’alcool et les abus de médicaments.
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