Nanoparticules : faut-il s’inquiéter pour notre santé ?

Nanoparticules sur fond coloré
Les nanoparticules ont envahi nos objets de consommation. Elles séduisent autant qu’elles effraient. On vous explique tout.

Qu’est-ce-que les nanoparticules ?

Environ 2 000 types de nanoparticules sont aujourd’hui commercialisés dans le monde. Elles sont présentes dans des milliers de produits - notamment cosmétiques, médicaments, peintures, aliments, articles de sport…

Formés de quelques atomes, ces corps mesurent moins de 100 nanomètres (un dix-millième de millimètre), un nanomètre étant 30 000 fois plus petit que 1 épaisseur d'un cheveu. Réduire les matériaux (carbone, argent, silicium, oxyde de titane, oxyde de zinc...) leur offre des propriétés nouvelles : légèreté, résistance, opacité, etc. Sous la forme de nanotubes, le carbone peut être tordu dans tous les sens sans casser.

Les nanoparticules : des raquettes de tennis aux traitements médicaux avancés

Intégrés aux raquettes de tennis ou aux semelles de vos chaussures, ces nano-tubes les rendent plus solides et plus souples. Autre "nanostar", le dioxyde de titane (TiO2) est très prisé pour ses effets opacifiants et anti-UV dans les crèmes solaires. Son avantage ? Ne pas laisser de traces blanches après application.

Dans les aliments, les nanos servent à améliorer la texture ainsi qu'à rehausser le goût ou la couleur. Le silicate d'aluminium, par exemple, empêche l'agglutination des aliments en poudre, comme le cacao, tandis que le dioxyde de silicium épaissit le ketchup...

De son côté, la médecine mise beaucoup sur les nanomédicaments. S'appuyant sur le principe du "cheval de Troie", l'idée est d'injecter des nanocapsules capables d'apporter une molécule thérapeutique jusqu'à l'organe malade, atteint de tumeurs le plus souvent. On peut ainsi baisser les doses utilisées en chimiothérapie et réduire les effets secondaires.

Une dizaine de nanomédicaments sont déjà disponibles. C'est le cas de la doxorubicine Transdrug ™, une molécule indiquée dans le traitement du cancer primitif du foie, ou bien de l'Ambisome ™, un puissant antifongique prescrit pour les mycoses profondes. Et ce n'est pas fini ! Pour améliorer les nanocapsules, les scientifiques cherchent à les équiper de “têtes chercheuses” (vitamines, hormones, anticorps...), capables de reconnaître sélectivement les cellules malades.

De nombreux essais prometteurs sont actuellement menés. En combinant des nanoparticules a la molécule anticancéreuse cisplatine, les chercheurs ont ainsi réussi à stopper le développement d'un mélanome. Mais, avant de passer à l’homme, ils doivent “peser” — comme pour tout médicament — le rapport bénéfice/risque induit par chaque nano traitement.

Un progrès à double tranchant pour la santé humaine

Mais toutes ces précautions n'ont pas été prises avec les milliers de nanoparticules aujourd’hui commercialisées, et c'est bien là le problème ! Que sait-on du risque à les inhaler, les toucher ou les avaler ? Peu de choses. Plus la matière est coupée en petits morceaux, plus elle est réactive dans le milieu biologique. Or des travaux scientifiques ont démontré que certaines nanoparticules étaient susceptibles de pénétrer dans l’organisme par la peau, les poumons ou encore le tube digestif.

Par ailleurs, on sait que des rats ayant inhalé de fortes doses de nanotubes de carbone peuvent développer des fibroses pulmonaires. Les nanos semblent aussi atteindre la circulation sanguine et s'accumuler dans les reins ou le cerveau. Mais il est pour l'instant très difficile d'extrapoler à l'homme ces résultats, obtenus sur des cellules ou chez l'animal.

Notamment parce que les effets varient selon de multiples facteurs : la nature de la nanoparticule, sa taille, la forme sous laquelle elle a été intégrée au produit, sa réaction dans l'organisme, etc.

Une évaluation de leur innocuité à long terme

Un véritable casse-tête ! En cosmétique par exemple et même si la plupart des fabricants maîtrisent ces données il est impossible de savoir si les nanoparticules de certaines crèmes solaires passent la barrière de la peau.

Dans l'idéal, il faudrait dresser l'inventaire de tous les nanoproduits et évaluer leur toxicité au cas par cas. La tâche est titanesque. D'autant qu'on ne sait pas exactement où se logent les nanoparticules. Seuls les cosmétiques sont soumis à une obligation d'étiquetage.

Doit-on d'ores et déjà se méfier de ces particules ? Les chercheurs n'expriment pas encore de réponse précise. Cela étant, les toxicologues estiment que, à doses élevées, les nanoparticules pourraient induire des pathologies pulmonaires chez l’Homme. Ce n'est donc pas par hasard si l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) formulait déjà dans son rapport, publié en 2008 "Nanomatériaux et sécurité au travail "d’éviter ou de limiter l'exposition des personnels de l'industrie et de la recherche. Des filtres à fibres, disposés dans les systèmes de ventilation, ainsi que des masques respiratoires procurent aujourd'hui une protection efficace aux intéressés.

Et pour le grand public ? Si la toxicité des nanoparticules est avérée, le jeu en vaut-il la chandelle ? Après tout, les cosmétiques ou les aliments en version "nano" sont rarement indispensables pour le consommateur. Ce sont les vraies questions à poser. Faut-il introduire des nanoparticules partout, au risque d’en subir les conséquences, avant même qu’une évaluation sérieuse de leur innocuité à moyen et long terme soit mise en place ?

Cette vigilance - et la transparence de l'information qui doit l'accompagner - s'impose pour prévoir, supprimer et réglementer les risques pour notre environnement et notre santé.

Les parcours nanoparticules dans notre corps

Celles que l'on respire

Une majeure partie reste au niveau de la trachée et des bronches. D'autres atteignent les poumons, et passent à travers la paroi pulmonaire.

Où les trouve-t-on ? Dans certaines peintures, enduits et composites.

Celles que l'on mange

Elles entrent par la bouche, puis vont jusqu'à l'intestin.

Où les trouve-t-on ? Dans certaines poudres de cacao, des ketchups, soupes, crèmes dessert, bonbons, vinaigres blancs,

Celles que l'on met sur peau

Certaines traversent l'épiderme pour atteindre le derme.

Où les trouve-t-on ? Dans certaines crèmes solaires, fonds de teint, shampoings, déodorants, pansements et chaussettes anti-odeurs.

Leurs cibles

Quelle que soit leur voie d'entrée, une partie des nanoparticules rejoint la circulation sanguine. Une autre partie gagne la circulation lymphatique puis les ganglions (aisselles, aine, cou...).

Elles s'accumulent, au fil des années d'exposition, dans le cerveau, les reins, le foie, le cœur.

Leurs effets suspectés

Sur le système immunitaire : de la simple réaction allergique à une réponse violente du système immunitaire. Exacerbe les maladies auto-immunes.

Sur le foie, les reins, et le cœur : inflammation et risque de cancers. Ces mécanismes ont été mis en évidence chez l'animal.

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