Schizophrénie : comment la dépister tôt ?

Photo d’une jeune femme souffrant de maladie mentale
Des psychiatres se mobilisent pour organiser un meilleur dépistage de la schizophrénie. Un traitement précoce semble plus efficace. 

Pourquoi faut-il diagnostiquer la schizophrénie rapidement ?

Comment repérer les adolescents qui risquent de plonger dans la schizophrénie ? Difficile question à laquelle les psychiatres tentent de répondre par une nouvelle approche de la maladie. À l'heure actuelle on attend que la maladie soit installée, qu'elle se soit manifestée par des crises de délire ou d'hallucinations pour entamer une prise en charge.

Mais, compte tenu de l'évolution des connaissances, on se rend compte qu'il est possible d'intervenir en amont. Plus on laisse les symptômes s'installer, moins bon est le pronostic.

En dépistant les tout premiers signes de schizophrénie, les psychiatres espèrent protéger une population sensible d'adolescents et de jeunes adultes (15-25 ans), en leur permettant de poursuivre leurs études. Ils cherchent également à leur éviter une hospitalisation en cas de crise, à les préserver de traumatismes importants et à prévenir des tentatives de suicide.

Or, il s'écoule en moyenne deux ans entre l'apparition des premiers symptômes et le diagnostic. C'est dans cette période cruciale, où la vie d'un adolescent peut basculer dans la psychose, que les médecins souhaitent intervenir. C'est un moment propice, car ces personnes à risque sentent que quelque chose d'anormal se passe en elles, une sorte d'envahissement. À un stade plus avancé, elles perdent cette perception et dénient leur maladie.

Reconnaître les signes d'alerte

Tout le problème consiste à reconnaître les signes d'alerte : repli sur soi, baisse des résultats scolaires, dépression, idées fixes, ruminations morbides... Comment distinguer ce qui relève d'une adolescence tourmentée et d'un véritable début de schizophrénie ? Les professionnels en première ligne (généralistes, médecins scolaires, pédiatres, etc.) n'ont pas toujours la formation nécessaire qui leur permettrait de faire la distinction.

Partant de ce constat, des réseaux spécialisés commencent à voir le jour. Des psychiatres y organisent des formations à destination de leurs confrères et examinent les jeunes patients qui leur sont adressés.

L'an dernier, sur 135 personnes reçues en consultation, 12 % étaient déjà entrées dans la schizophrénie. Mais, surtout, 50 % présentaient les premiers signes d'évolution vers la maladie. Grâce à ce "diagnostic provisoire", elles ont pu bénéficier d'un suivi individuel.

Soutenir les adolescents perturbés

Les jeunes qui sont repérés par ces réseaux sont rapidement pris en charge, car 20 à 30 % d'entre eux vont évoluer vers la schizophrénie si rien n'est fait pour les aider.

Chaque cas est particulier. Si le patient a connu un épisode de délire, on commence un traitement antipsychotique à la dose minimale efficace afin de limiter les effets secondaires.

Les médicaments de dernière génération sont beaucoup mieux tolérés que les anciens neuroleptiques, accusés "d'assommer" les patients et de provoquer des tremblements. La prise de ces médicaments nécessite tout de même de surveiller le poids et certains paramètres sanguins.

La question de la durée du traitement n'est pas encore tranchée. Les médecins continuent au moins pendant un à deux ans. Si le patient n'a pas rechuté, on peut essayer d'arrêter.

Dans ce contexte, une psychothérapie (a priori d'inspiration cognitivo-comportementale) a beaucoup d'importance. Le Dr Bonami, spécialiste des troubles mentaux, conseille de travailler sur deux axes :  La prise de conscience de la maladie et l'estime de soi.

Dans son service, les jeunes patients sont également suivis par un neuro-psychologue, qui les aide à travailler leur attention, leur mémoire et leurs capacités d'organisation de la pensée, à l'aide d'exercices sur ordinateur. Les premiers résultats de cette méthode innovante semblent assez encourageants.

Si un adolescent est perturbé mais n'a pas, à proprement dit, connu une véritable crise, la prescription de neuroleptiques est discutée. On va en tout cas l'accompagner, le soutenir, le conseiller sur la gestion du stress (un facteur aggravant). Et le mettre en garde contre la consommation de substances toxiques, en particulier le cannabis, dont on sait qu'il peut accélérer l'apparition de la maladie et en aggraver le pronostic. L'important est d'entourer ces adolescents à un moment-clé.

Cela commencerait avant la naissance

La schizophrénie aurait des causes multiples (terrain génétique, facteurs environnementaux.. ). Selon une hypothèse, la maladie commencerait pendant la grossesse, lors du développement du cerveau. Les premières difficultés des schizophrènes surviendraient dans l'enfance : on s'aperçoit rétrospectivement qu'ils ont été des enfants "différents", sans que rien de spécifique n'apparaisse.

En moyenne, ils acquièrent plus tardivement la marche et le langage. Ils ont des problèmes de communication, sont plutôt solitaires, présentent des troubles de l'attention et s'adaptent moins bien que les autres.

Ces troubles s'accentuent à l'adolescence : tristesse, angoisse, phobies, obsessions. Ponctuellement, des idées bizarres apparaissent, comme l'impression que les visages ou les sons sont déformés, ou le fait d'entendre des voix. Ces idées deviennent peu à peu envahissantes. Si on laisse évoluer la maladie, le patient va progressivement perdre contact avec la réalité. La majorité des schizophrénies évoluent insidieusement. Seules 30 à 40 % se révèlent brutalement, sans prévenir, lors d'une crise.

À lire aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires