Mon travail m’épuise : que faire ?

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Hypertension, infarctus, ulcère, maux de tête, eczéma, anxiété, alcoolisme, boulimie, anorexie… tels peuvent être les effets du stress. Dans un monde qui va de plus en plus vite, il n’est pas toujours facile de résister à la pression professionnelle. Certains la vivent très bien, d’autres non. Les clefs pour ne pas craquer.

 

Aujourd'hui, tout s'accélère dans notre société. Notre époque transformerait ainsi notre rapport au temps, affectant les façons de vivre et de travailler et créant un individu pressé, plus centré sur l'immédiat et le court terme.

Un ouvrage paru dans les années 2000, évoque ce phénomène nouveau qui a instauré "dans l'entreprise et dans la société le règne de l'urgence, de l'instantanéité, de l'immédiateté". Ce phénomène peut faire des heureux. En effet, certains recherchent la stimulation par un état de stress permanent. "Porté par le souhait de réussir sa vie dans tous les domaines, mû par un souci permanent de performance et d'intensité, "l'homme pressé" est en cela parfaitement représentatif de l'individu contemporain". Au moins autant que la "femme pressée", qui bataille encore souvent seule sur deux fronts à la fois, professionnel et familial.

"J'ai tout un tas de tâches à remplir vis- à-vis de mes enfants, en un laps de temps très précis, entre sept heures et huit heures trente le soir — bain, cuisine, dîner, histoire à raconter - et tout ça doit être conduit de manière accélérée, tout en maintenant la qualité de la relation", raconte Claire. "Héroïne" du quotidien, Claire avoue y trouver un plaisir presque "sportif".

Certains ont besoin du stress pour avancer

Claire n'est pas la seule à assumer avec un certain plaisir. En effet, un sondage, réalisé en 2016, a montré que les Français associaient au bonheur, la santé, la famille... et le travail.

Ce dernier apparaissant même devant l'amour ! Rien d'étonnant à cela : pour s'épanouir, il faut non seulement réussir sa vie personnelle, mais aussi sa vie professionnelle. Ce qui signifie, notamment, avoir un travail valorisant, utile et varié, jouir d'une certaine autonomie et avoir des responsabilités. Savoir ses efforts appréciés, se sentir accepté par les autres, offre ainsi la possibilité d'être reconnu.

Mais ce n'est pas toujours le cas. Depuis les 2000, les enquêtes officielles, nationales et européennes, montrent une dégradation des conditions de travail et de la santé au travail.

Tout le monde peut être concerné

L'épuisement occupe une place à part dans le tableau des maux professionnels. Et il touche toutes les catégories : ouvriers, secrétaires ou cadres, le fait de ne pas contrôler l'ensemble de son travail, ou d'en avoir trop, peut entraîner un surmenage et le sentiment d'être dépassé. L'épuisement est maintenant reconnu comme maladie professionnelle. Etienne Lejour, psychologue du travail, écrit pour sa part que "des drames se produisent depuis ces dernières années, que l'on n'avait jamais vus auparavant : tentatives de suicide ou suicides réussis, sur le lieu de travail, qui témoignent probablement de l'impasse psychique générée par l'absence d'interlocuteur pour écouter la parole de celui qui souffre de son travail, et le mutisme généralisé. ".

Les psychologues n'hésitent pas à parler "d’idéologie de l'urgence", qui amène souvent à se débattre avec de fausses situations extrêmes et à ne plus savoir distinguer l'urgent de l'important. Or, les temps morts permettent à l'individu de réfléchir sur soi-même et de se projeter sur le long terme. Ils offrent en outre aux salariés, la possibilité d'entretenir un échange, promoteur de ce fameux et indispensable lien social.

Subi, le surmenage s'accompagne d'un cortège de pathologies psychiques et psychosomatiques... Julie, embauchée à 26 ans comme consultante dans une agence de relations publiques : « Il était normal de travailler douze heures, et je suis allée jusqu'à dix-huit heures d'affilée. J'étais déjà en état de surmenage depuis longtemps avant que je m'en rende compte, je l'avais intégré comme un mode de fonctionnement. »

Travail Fatigue
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Une dépression professionnelle

Surmené, l'employé connaît une altération de son caractère, parfois de son comportement. « La dernière année avant que je parte, j'étais devenue un zombie, se souvient Julie. Je ne sais plus. Je pleurais avant d'aller au travail. Au bureau, je partais pleurer aux toilettes à la moindre contrariété. Mon médecin m'a donné trois arrêts maladie de deux semaines. » Liée à un gros travail ponctuel, la fatigue physique peut provoquer la déprime, des explosions de larmes ou de colère. Mais la dépression "d'épuisement" passe après quelques jours de vacances. Il s'agit d'un état dépressif où tout est centré sur le travail.

Dès que la personne parle d'autre chose, les troubles disparaissent. En revanche, si la cause de l'anxiété se pérennise, elle va peu à peu sombrer dans une vraie dépression où la perte de plaisir « envahit tout ». A moins qu'elle ne soit prise de burn-out.

Il y a un peu plus de trente-cinq ans, un psychanalyste américain, a décrit ce phénomène de "combustion intérieure", qui laisse les gens intacts en apparence alors qu'ils sont intérieurement vidés. A force de donner d'eux-mêmes et de ne rien recevoir en retour, les gens craquent…

Dans cette forme de dépression professionnelle, l'élan vital, les relations sociales et l'estime de soi se détériorent. D'abord identifié chez les professions d'aide (soignant, enseignants...) à fort investissement humain, le concept a ensuite été généralisé à toutes les professions. « Au début de l'épidémie de sida, se souvient le Dr Okanovic , les infirmières avaient fortement « investi » les malades, qui mourraient les uns après les autres. Si bien qu'elles finissaient par prendre de la distance par rapport à eux. »

Le mal-être au bureau

Le burn-out se caractérise moins par un épuisement physique qu'émotionnel, consécutif à un fort investissement affectif dans son travail. Dans le cas des professions médicales, le burn-out entraîne une déshumanisation, une attitude froide à l'égard des patients. Le salarié prend une distance excessive par rapport au travail.

Mais le burn out n'est pas une fatalité. Souvent associé à un manque de reconnaissance ou d'accomplissement dans le travail, il peut être endigué par l'ouverture d'espaces de dialogue, par l'identification de sa cause (organisation du travail, surcharge, relations interpersonnelles...).

En ce qui concerne les infirmières de l'hôpital Saint-Paul, le mal a disparu le jour où elles ont été placées dans des services moins "lourds", où les patients guérissaient. Certaines entreprises ont compris que l'absentéisme coûte cher et que la baisse de motivation rend les salariés moins efficaces.

Côté salariés, le rapport au travail évolue. Surtout, ceux qui se sont fait happer par leur job préfèrent souvent trouver un juste équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.

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Le décodage du surmenage

Pourquoi les rapports entre l'entreprise et les employés peuvent-ils se dégrader ?

Schématiquement, il y a les masochistes qui se surinvestissent au travail, les anxieux qui cherchent à remplir les vides existentiels, et les dépendants qui abandonnent à l'entreprise leur propre désir.

L'entreprise profite de ces tendances au lieu de lutter contre. Pourtant, quelqu'un qui est maître de ses énergies est plus efficace dans le travail. Un cadre qui ne sait plus mesurer sa propre implication ne peut mesurer celle des autres. Quelqu'un qu'on ne laisse plus penser commence à faire des bêtises...

Comment sait-on que l'on en est victime ?

Le fait de ne parler que de son travail est un signe très fort. On peut situer le seuil d'alerte au moment où le travail abîme l'amour : quand il affecte les relations avec l'entourage ou entraîne une perte de désir sexuel.

Pour rétablir l'équilibre, il faut comprendre ce qui est en jeu. Rêve inconscient de relation fusionnelle avec quelque chose, fuite en avant, il faut s'interroger sur sa propre relation au travail et se demander : "Quel sens ça a de faire tout cela ?" L'épuisement vient moins de la nature du travail que de la façon dont on l'a investi depuis l'enfance. Le secret du bonheur au travail est de reconnaître que l'on n'est pas tout-puissant et de l'accepter.

Prenez du recul !

Retrouvez un équilibre physique et mental en adoptant une bonne hygiène de vie et une alimentation saine et variée, riche en vitamines et oligoéléments. Dormez suffisamment. Faites du sport régulièrement pour évacuer le stress.

Détendez-vous, à l'aide d'exercices respiratoires, de séances de sauna ou de techniques de relaxation. L'enjeu ne consiste pas à essayer d'éviter le stress, mais de le lâcher quand il est installé, précise Marie Delort, thérapeute corporel. Il faut adopter une sorte de pédagogie corporelle : marcher en conscience, sentir le sol sous ses pieds, réhabiter vraiment son corps et se libérer de l'état de fatigue.

Levez le pied. Apprenez à dire non et acceptez de ne pas pouvoir tout faire. Prenez un peu de temps pour vous à l'heure du déjeuner. Le soir, détendez-vous. Aménagez-vous des loisirs et resituez la place du travail dans votre vie. Et si vous ne vous en sortez pas, faites appel à un psychothérapeute. Il vous aidera à faire face pour que vous retrouviez votre joie de vivre.

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