Le harcèlement de rue, on en fait toute une histoire ?
Le harcèlement de rue, c’est un peu un remix de l’histoire de la biche et du chasseur. Vous ne connaissez pas cette histoire ? Laissez-moi vous la raconter.
C’est l’histoire de Colette. Colette, c’est un peu tout le monde et personne à la fois, car chaque histoire de harcèlement est unique mais présente aussi des similarités. Alors pourquoi j’ai choisi Colette ? Quand on sait que 86% des femmes ont été victimes de harcèlement, un prénom féminin me semblait adapté. Colette attendait tranquillement ses amis aux alentours de 15h, heure de pointe pour le chasseur. Je vous épargne les détails sur sa tenue, ils ne justifient rien. Et le lieu ? Spoiler alert : l’harceleur a des jambes et se déplace, donc il peut être partout. Bref, revenons-en à notre histoire. Colette patientait en consultant son smartphone lorsque soudain elle aperçut un prédateur rôder près d’elle, lequel émettait des bruits buccaux très peu flatteurs. Colette eut beau changer de place, l’animal ne la lâcha pas, au contraire, il bloqua sa proie en se permettant de lui susurrer des paroles assez vulgaires dans l’oreille et de la toucher. Il ne tua pas sa proie, ce n’est pas ce qu’il voulait, son but était plutôt de la traumatiser pour marquer son territoire. Encore aujourd’hui, Colette est sujette à des angoisses répétitives et s’isole régulièrement par peur des autres.
Cette histoire vous donne des frissons dans le dos ? Elle est pourtant quotidienne et se déroule parfois devant vos yeux. Le harcèlement affecte la santé mentale et psychologique de la victime et par extension sa situation sociale et financière. Voilà pourquoi il faut intervenir.
Comment agir en tant que témoin ?
En tant que témoin d’une scène de harcèlement, il faut réagir. En effet, 81% des femmes en France déclarent que la situation s’est améliorée lorsqu’une tierce personne est intervenue. Pourtant, ce n’est pas forcément évident, et seulement 20% des femmes déclarent avoir été aidées lorsqu’elles étaient harcelées.
Et pour cause, les excuses sont multiples, on peut se dire « j’ai peur que cela se retourne contre moi », « j’ai peur d’aggraver la situation », « ce n’est pas bien grave », « je ne peux rien faire » ou encore « ce n’est pas mon problème ». Ce qu’il faut savoir c’est que « agir » n’est pas synonyme de « se mettre en danger » si on le fait convenablement.
Je vais vous présenter la règle des 5D pour agir contre le harcèlement de rue :
- Déléguer en repérant une personne représentant l’autorité et en demandant de l’aide. Expliquez à cette personne ce qu'il s'est passé et demandez si elle peut faire quelque chose. Il est aussi possible de déléguer à une personne lambda ou de demander de l'aide en parlant très fort pour attirer l'attention sur la situation.
- Distraire en agissant de manière indirecte pour éviter que la situation ne dégénère, en engageant une conversation avec la cible ou en trouvant un autre moyen de détourner l'attention de l'harceleur.
- Documenter en filmant l'incident ou en prenant des photos pour apporter des preuves si la victime souhaite porter plainte.
- Diriger en agissant directement sur la situation, après avoir au préalable évalué votre propre sécurité.
- Dialoguer dès que l'incident est terminé, faire le point calmement avec la personne harcelée pour la rassurer. Indiquez que l'attitude de l'harceleur n'était pas normale. Évitez de parler avec l'agresseur, car débattre peut entraîner de la violence.
Peu importe le « D » que vous choisissez, ne restez pas impassible !
Comment agir en tant que victime ?
Il ne faut jamais oublier que vous êtes une victime et cela implique deux choses :
- Le harcèlement de rue n'est jamais de votre faute.
- Il n'est pas de votre responsabilité d'avoir la réaction parfaite.
Concrètement, qu'est-ce que cela implique ? Lâchez prise et arrêtez avec les « j'aurais dû ». Être tétanisé face à un agresseur est une réaction normale. Ce qui est moins normal en revanche, c'est qu'une personne se sente légitime à s'immiscer dans votre espace pour vous dégrader. Je me répète, il n'est pas de votre responsabilité d'avoir la réaction parfaite, mais il est de sa responsabilité de ne pas vous harceler.
Face à une situation de harcèlement, voici trois stratégies :
- Suivez votre instinct : il vous indiquera la meilleure chose à faire dans la situation.
- Réaffirmez votre espace : pour faire respecter vos droits et reprendre votre place.
- Pratiquez la résilience : pour avancer. Il ne faut pas oublier ce qu'il s'est passé, mais plutôt l'accepter et travailler sur ses sentiments pour ne pas être submergé par l'événement. Dans le cas contraire, l'harceleur aura gagné.
Une situation de harcèlement, quelle qu'elle soit, ne doit pas être minimisée. Vous êtes votre meilleur allié pour y faire face, alors écoutez-vous. Le harcèlement de rue est un fléau contre lequel il ne faut pas rester les bras croisés. Soyons solidaires ! Êtes-vous prêts à agir ?
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