Péridurale : Les femmes aux commandes

Péridurale Dose Douleur Accouchement
On a souvent reproché à la péridurale de supprimer les sensations de l’accouchement. Aujourd’hui, une pompe permet à la future mère de gérer les doses de produits antidouleur.

La France est la championne du monde de la péridurale. En effet, 77 % des accouchements ont lieu grâce à cette technique d'analgésie qui permet aux femmes de mettre au monde leur bébé sans douleur. La péridurale ne cesse de s'améliorer, pour apporter un plus grand confort aux futures mamans.

Dernier perfectionnement en date : une pompe permettant à la patiente de gérer elle-même les doses de calmants. Actuellement, 10 à 20 % des femmes qui accouchent sous péridurale bénéficient de ce dispositif appelé PCEA (analgésie péridurale contrôlée par le patient).

En pratique, c'est le médecin anesthésiste qui injecte la première dose par l'intermédiaire d'un cathéter introduit dans le bas du dos, Celle-ci fait effet au bout d'une quinzaine de minutes.

À lire aussi : Les 15 signes qui vous indiquent que vous allez accoucher prochainement

Péridurale Accouchement Aiguille
© istock

La machine est réglée pour donner juste ce qu'il faut

Cette première injection agit pendant 45 minutes à une heure. Dès que la douleur revient, la patiente peut solliciter une dose supplémentaire, par l'intermédiaire d'une pompe branchée sur le cathéter. Il lui suffit d'appuyer sur un bouton. Le clavier qui permet de rentrer les paramètres est verrouillé, pour qu'on ne puisse pas les modifier et avoir un risque de surdose. En cas de problème, il est possible de rappeler l'anesthésiste ou d'en parler à la sage-femme qui est habilitée à réinjecter du produit.

Malika a bénéficié de cette technique pour son premier accouchement : « Le jour J on m'a piqué le dos et mis au poignet un petit appareil avec un bouton dessus, en me disant : "Si vous sentez la douleur, vous appuyez et c'est illimité. Vous pouvez biper quinze fois si vous voulez. En fait, on gère soi-même sa péridurale ! C'est bien, mais je ne voulais pas en mettre trop, de peur de ne plus rien sentir. Je crois que la première dose était assez forte, car je n'ai appuyé qu'une seule fois au moment où la tête de mon fils commençait à sortir. »

Seul reproche : des explications un peu légères lors de la pose du dispositif.

À lire également : Accoucher à domicile : pour ou contre ?

Anesthésie Péridurale Dose
© istock

Avec cette pompe, on injecte moins de médicaments

Avec la PCEAT les femmes s'injectent nettement moins de médicaments anti- douleur (20 à 30 % de moins) que ce qu'elles reçoivent lors d'une péridurale "classique". Du coup, leurs muscles sont plus toniques, le travail plus efficace et elles fournissent un meilleur effort au moment de l'expulsion du bébé.

Maîtrisant mieux leurs muscles, elles ne poussent ni trop vite ni trop fort, ce qui limite le risque de lésion du périnée. Ainsi, on peut imaginer que les femmes qui accouchent sous péridurale, voire sous PCEA, auront moins de risque de prolapsus (descente d'organes) et d'incontinence urinaire dix à vingt ans après l'accouchement. Ce n’est pas encore démontré, mais des études sont en cours.

Par ailleurs, des enquêtes ont établi que les femmes accouchant avec la PCEA se disent beaucoup plus satisfaites que celles qui bénéficient d'une péridurale diffusée à la demande ou en continu (voir l'encadré).

Les femmes sont plus actives, elles n'ont pas mal, s'estiment responsabilisées et, surtout, sentent le bébé sortir.

Une technique encore chère

Cette technique a toutefois ses limites et ne convient pas à toutes les femmes. Il faut, avant tout, que la future mère comprenne parfaitement ce qu'on lui propose et ait envie de participer. Certaines apprécient de gérer leur accouchement comme elles l'entendent, d'autres préfèrent être prises en charge.

 « C'est souvent le cas des femmes qui arrivent épuisées après plusieurs heures de faux travail (des contractions sans effet sur la dilatation du col, N.D.L.R.). Elles sont trop fatiguées et s'en remettent entièrement au médecin », souligne le Dr Anne-Marie Lecouturier, anesthésiste dans le service obstétrique de Port-Royal.

Enfin, le prix de l'appareillage limite, sans doute, son développement dans les maternités. Chaque pompe PCEA coûte environ 5 000 €, ce qui est plus cher que les dispositifs habituels, À Port- Royal, seules deux salles de naissance sur sept en sont équipées, alors que la demande est très forte.

À lire également : Avant, pendant, après : tout savoir sur la césarienne

Trois modes d'administration

La péridurale peut être administrée de trois manières différentes. Les médicaments utilisés sont les mêmes dans chaque :

  • En injections à la demande. Le risque : mal ajuster la dose. Si celle-ci est trop faible, la femme continue de souffrir. Trop forte, la future mère ne sent plus rien et a t'impression qu'on lui "vole" son accouchement
  • Par une seringue électrique à débit continu. Le risque : délivrer une dose insuffisante dans la dernière Phase de l'accouchement, quand les douleurs augmentent À l’inverse, les produits finissant par s'accumuler, la paralysie des muscles peut être trop forte, surtout en cas de travail prolongé.
  • Par une pompe PCEAI. La femme maîtrise elle-même son analgésie, sans risque particulier. Elle évite les défauts des doses mal ajustées.

Péridurale, mode d'emploi

Un cathéter est introduit dans le bas du dos, à l'aide d'une aiguille. Dans ce petit tuyau, qui reste en place pendant toute la durée de]'accouchement, on fait passer des anesthésiques locaux (xylocaïne, bupivacaïne ou ropivacaïne : les mêmes produits qu'utilisent les dentistes) et des morphiniques. La dose est calculée de façon à supprimer la douleur dans la partie inférieure du corps, sans trop altérer la force musculaire. Il faut, en effet que la femme puisse pousser et qu'elle ressente son accouchement.

Péridurale Anesthésie Accouchement
© istock

Si l'injection est trop forte, les muscles n’ont plus de puissance, ce qui risque de gêner la rotation du bébé au cours de sa descente. Un relâchement des muscles trop important semble favoriser les présentations anormales et limiter la qualité des efforts expulsifs, ce qui peut conduire à recourir un peu plus fréquemment à des instruments : spatules ou forceps.

À lire aussi : 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires