Comment soigner une MST quand on est enceinte ?

Gynécologie
Les maladies sexuellement transmissibles (M.S.T.) inquiètent. Que faire si l’on en découvre alors que l’on est enceinte ? Peut-on les traiter ? Existe-t-il des risques pour le bébé ? C’est à toutes ces questions et à beaucoup d’autres que nous répondons avec l’aide du docteur Michel Mouly, gynécologue accoucheur à Paris.

Les MST ou Maladies sexuellement transmissibles, de quoi parle-t-on ?

Comme leurs noms l'indiquent, les M.S.T. se transmettent lors de relations sexuelles, et certaines même par la salive. Or, la grossesse est un moment particulier qui apporte une certaine modification de la flore vaginale et souvent une prolifération des germes favorisant certaines infections à mycoplasmes, mais pas toutes les M.S.T.

Quelques examens sont d'ailleurs obligatoires ou recommandés en début de grossesse afin de rechercher des maladies telles que la syphilis, l'hépatite B ou le virus du sida (HIV). Nous en reparlerons plus loin.

La découverte d’une M.S.T. doit conduire à en chercher d'autres. C'est pourquoi des examens complémentaires vous seront alors demandés. Si les M.S.T. sont nombreuses, elles peuvent être détectées et guéries dans la plupart des cas, sauf pour le sida et l'hépatite B. Des précautions sont à respecter et le gynécologue est le meilleur interlocuteur en cas de doute afin de vous rassurer et vous protéger ainsi que votre futur bébé.

La syphilis

Cette maladie vénérienne a pratiquement disparu grâce aux antibiotiques. Néanmoins, sa recherche est systématique avant douze semaines pour les populations à risques. En cas de syphilis, de la pénicilline est prescrite pour le couple. Il est assez difficile de détecter une syphilis, car les formes asymptomatiques sont fréquentes.

Dans certains cas, on remarque la présence d'ulcérations génitales assez caractéristiques. La syphilis provoque des infections chez le fœtus par voie placentaire à n'importe quel moment de la grossesse. Mais la menace se situe à partir du 3e ou 4e mois, provoquant des avortements spontanés ou des morts in utero ou à la naissance. Elle est à l'origine de troubles neurologiques et esthétiques.

Les mycoses

Il s'agit d'une affection fréquente, provoquée par un champignon, mais non préjudiciable. La femme enceinte ainsi que son partenaire doivent être traités.

Les infections à mycoplasmes

Elles sont dues à des micro-organismes dont la taille approche celle des virus. Elles sont responsables de 50 % des fièvres qui suivent l'accouchement, dites "fièvres puerpérales". Il faut traiter le couple avec des antibiotiques pendant quinze jours et recommander le port de préservatifs lors des relations sexuelles. En cas d'échec du traitement, la prise d'antibiotiques sera renouvelée par cures répétées de dix jours.

La recherche de cette infection à mycoplasmes est systématique au huitième mois de grossesse car elle peut être à l'origine d'avortements spontanés ou encore d'infections du liquide amniotique et du placenta.

Le gonocoque

Cette bactérie, en nette diminution, est responsable d'infections sans symptôme sauf une urétrite chez le partenaire. Le diagnostic est établi par isolement du germe par culture. Le gonocoque est responsable de polyarthrite et de lésions cutanées, mais aussi d'avortements spontanés ainsi que d'endométrite (inflammation de la paroi qui tapisse l'utérus) et de salpingite après l'accouchement.

Lors de la naissance, le bébé peut être atteint d'une conjonctivite purulente. Le couple doit être traité par de la pénicilline et ne pas oublier les préservatifs. Il faudra également rechercher une autre M.S.T., très souvent associée à celle par gonocoques.

L’herpès génital

Dans 90 % des cas, il s'agit du virus de type II. Le risque pour le bébé n'a lieu qu'au moment de l'accouchement. Si vous avez déjà souffert d'herpès, la grossesse favorise sa réapparition à partir du troisième trimestre. Il faut y penser devant des ulcères génitaux qui sont douloureux. Si l'herpès est apparu pour la première fois lors de la grossesse, le risque d'infection pour le nouveau-né lors d'un accouchement par les voies naturelles est de 50 % alors qu'il n'est que de 5 % en cas de récidive d'herpès.

Le prélèvement est systématique avant l'accouchement pour rechercher la présence d'herpès. Si les lésions sont évidentes et la présence d'herpès confirmée par un prélèvement, l'accouchement a lieu par césarienne.

Si aucune lésion n'est visible, des examens et un prélèvement sont effectués. En cas de rupture de la poche des eaux et de début du travail avant six heures, l'accouchement a lieu par césarienne. Après six heures, l'accouchement par voie basse est proposé.

Lorsque des poussées d'herpès ont lieu avant l'accouchement, un prélèvement est effectué tous les 3-4 jours. S’il est négatif, l'accouchement peut avoir lieu par les voies naturelles. Aucun traitement n'est donné durant la grossesse sauf en cas d'infection très grave.

En cas d'herpès après la naissance, par mesure de précaution, on isole le nouveau-né des autres bébés. Lors de l'accouchement, l'herpès peut être responsable de lourdes séquelles pour le bébé (encéphalites), notamment de malformations. Si l'infection a lieu après la naissance, elle est en général bénigne.

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Les trichomonas vaginalis

Le premier symptôme d'une telle M.S.T. se traduit par des pertes vaginales anormales souvent malodorantes. La femme a des envies intempestives de se gratter. Le traitement est local et doit être pratiqué chez le couple. Il convient d'utiliser des préservatifs. Lorsque l'infection est très importante, des médicaments par voie générale sont indispensables mais prescrits seulement après le deuxième trimestre de la grossesse afin d'éviter tout risque pour l'enfant.

Le chlamydia trachomatis

Cette bactérie, assez courante, passe souvent inaperçue. C’est pourquoi un prélèvement vaginal est systématiquement pratiqué au huitième mois de la grossesse ou parfois avant lorsque le mari se plaint d'urétrites (inflammation des voies urinaires) ou dans une population à risques. Le traitement des infections confirmées dure 15 jours pour le couple avec des rapports protégés.

La recherche d'autres M.S.T. est systématique. Le chlamydia trachomatis peut être à l'origine d'infections durant ou après l'accouchement. Le nouveau-né souffre de conjonctivite ou d'infections rhinopharyngées.

La mère, quant à elle, a des risques de salpingite très sévère après l'accouchement, qui peut entraîner une stérilité si elle est non ou mal traitée.

Le gardnerella vaginalis

La présence d’un bacille très connu nommé "de Doderlein" dans la flore vaginale protège d'une infection par le gardnerella vaginalis. Il est absent à la suite de toilettes vaginales trop intempestives qui sont à déconseiller.

Cette infection se traduit par des pertes vaginales. Lorsqu'elles sont importantes, des antibiotiques sont donnés par voie générale, car le gardnerella vaginalis peut être à l'origine d’accouchements prématurés et d'infections urinaires. Il n'est pas utile de traiter le couple, sauf en cas d'échec du traitement.

L'hépatite B

Maladie sexuellement transmissible, l'hépatite B se transmet par le sang, le sperme et la salive. Un vaccin existe et est recommandé avant la grossesse. La recherche du virus de l'hépatite B est obligatoire, elle peut se faire en début de grossesse ou au 8e mois. Il est possible de se faire vacciner pendant la grossesse sans aucun risque pour le fœtus.

Si la mère est porteuse du virus de l'hépatite B, la contamination a lieu au moment du passage de l'enfant. L'enfant est alors traité en salle de travail, évitant ainsi dans 90 % des cas que l'infection ne touche le bébé.

Les condylomes, infections à papillomavirus (H.P.U)

La grossesse favorise les condylomes anogénitaux (au niveau de l’anus et des parties génitales). Ils se présentent sous forme de verrues. La contamination au moment de l'accouchement est peu fréquente, mais parfois les condylomes constituent un véritable obstacle à l'accouchement, obligeant à une césarienne.

Il peut être responsable chez le bébé de condylomes à papillomavirus ano-génitaux ou d'une papillomatose au niveau du larynx, responsable de détresse respiratoire. Le traitement médical local est contre-indiqué pendant la grossesse. Il faudra rechercher une autre M.S.T.

Une vaporisation au laser CO2 sous anesthésie locale donne de bons résultats. Les rapports seront protégés par des préservatifs.

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