L'hypertrophie mammaire se définit par un volume de seins trop important par rapport à la morphologie. Elle est associée à un affaissement (ptôse mammaire) et, parfois, à une asymétrie. Il ne s'agit pas d'une maladie, mais bien d'une caractéristique physique aux causes multiples génétique, hormonale...
À l'heure où beaucoup de femmes ont recours aux prothèses mammaires pour augmenter leur décolleté, celles dotées de seins trop lourds rêvent d'une poitrine plus discrète. Car cette lourdeur entraîne de réels problèmes fonctionnels (douleurs du cou, des épaules, du dos, gêne pour le sport).
« Depuis la puberté, j'ai une forte poitrine, qui a grossi au fil des années, raconte Nadia, âgée de 40 ans. Je souffrais en permanence de maux de dos. Après avoir regardé une émission à la télévision sur le sujet, j'ai pris la décision de me faire opérer. »
L'hypertrophie mammaire, c'est quoi ?
Pour une poitrine "normale" la distance entre le sternum et le mamelon est d'environ 19 centimètres. Lorsqu'elle dépasse 23 cm, on parle d'hypertrophie mammaire (moyenne, majeure, ou "gigantesque").
Or, plus elle est importante, plus les seins s'affaissent, loi de la pesanteur oblige. Ainsi, des bonnets 105 E ou F témoignent d'une hypertrophie majeure : les seins n'ont plus de forme - de plus - l'aréole étant trop basse, la sensibilité du mamelon est amoindrie.
Mais la frontière entre seins "normaux" et hypertrophie légère n'est pas toujours évidente. Tour de poitrine et profondeur des bonnets ne sauraient, à eux seuls, poser l'indication d’une correction esthétique. Au-delà des critères purement physiques, c'est le vécu (gêne fonctionnelle, difficultés à accepter ses seins...) qui sera pris en compte pour juger de la pertinence d'une intervention.
Une intervention délicate
La plastie mammaire de réduction diminue le volume des seins et en corrige la chute. Le chirurgien retire l'excédent de peau et de glande et large.
Les différentes étapes de l'opération
- L'intervention : Réalisée sous anesthésie générale, elle dure de deux à trois heures. Port d'un bustier élastique durant un mois (jour et nuit). Temps d'hospitalisation : deux à trois jours.
- Les suites opératoires : Principalement des ecchymoses, qui disparaissent en quelques jours, et des œdèmes qui se résorbent en trois semaines environ. Hématomes possibles. Douleurs moins intenses que pour la pose de prothèses mammaires. Arrêt de travail de quinze jours.
- A éviter : Lever les bras, porter des charges et faire du sport pendant un mois et demi. Ni bain, ni piscine durant Un mois.
- La cicatrisation : De six à douze mois. Entre le deuxième et le troisième mois, période critique : les cicatrices sont très rouges et apparentes, ce qui peut être source d'angoisse. Puis, elles s'aplatissent et s'éclaircissent. Masser les cicatrices pour les assouplir et bannir toute exposition solaire jusqu'à la fin de la cicatrisation.
- Les risques : Hormis ceux inhérents à la chirurgie, il existe un risque de perte de sensibilité (transitoire ou définitive) du mamelon et d'impossibilité d'allaiter lors d'une grossesse future. Des troubles survenant surtout en cas d'hypertrophie mammaire importante.
- Les résultats définitifs : Entre six mois et un an après l'intervention.
- Le prix : La Sécurité sociale rembourse l'opération lorsque l'hypertrophie est moyenne et majeure (résection minimale de 300 g). En cas de doute, demande d'entente préalable à la Sécurité sociale. Prix moyen de l'intervention : entre 3 000 et 6 000 €.
Des cicatrices inévitables
La réduction de la poitrine dépend de l'âge des patientes, du volume mammaire à enlever et du degré de ptôse. De fait, l'importance des cicatrices varie selon la technique.
Les jeunes femmes aux poitrines grosses mais fermes dont la peau est tonique et élastique, peuvent bénéficier d'une opération moins traumatisante. Une seule incision, cachée dans le sillon sous le sein, permet alors de retirer un segment de peau et de glande.
Autre alternative pour les jeunes poitrines : la technique du round-block, qui corrige l'affaissement et le volume du sein en pratiquant une seule cicatrice autour de l'aréole (démarcation entre peau claire et foncée). Sa spécificité ? La mise en place d'un fil profond qui cercle l'aréole afin de supporter la tension cutanée.
Le plus souvent, la réduction mammaire crée une cicatrice dite en T inversé ou "ancre de marine". La première incision est située autour de l'aréole. La deuxième, verticale, s'étend de l'aréole au sillon sous-mammaire. Enfin, la troisième est horizontale et s'inscrit dans le sillon sous-mammaire. Plus les seins sont lourds et la ptôse importante, plus la cicatrice horizontale est longue.
En cas d'hypertrophie mammaire modérée, cette cicatrice horizontale peut être évitée : le chirurgien réalise une méthode dite "verticale" sans toucher aux sillons sous-mammaires. Même si l'intervention est réussie, la patiente n'est pas à l'abri d'une transformation de la cicatrice.
A noter que les femmes noires et asiatiques présentent plus de cicatrices hypertrophiques que les autres. De même, les adolescentes ont une cicatrisation plus difficile, car leur peau produit davantage de collagène.
Être en accord avec soi
Il est important que le chirurgien prenne le temps de peser les avantages et les inconvénients de l'opération avec sa patiente. En général, plus les femmes sont complexées par leur poitrine, mieux les cicatrices sont acceptées. Elles font d'abord cette intervention pour se sentir mieux dans leur corps. Il est cependant important de ne pas fantasmer sur un corps de rêve car l'intervention pourrait aboutir, alors, à des résultats très décevants, voire à une franche dépression.
Dotées d'une poitrine plus harmonieuse et délivrées du poids des douleurs dorsales, les femmes chouchoutent davantage leur corps et prennent plaisir à faire du sport.
« Aujourd'hui, j'ai envie de muscler mon ventre, et de m'occuper de ma poitrine », confie Nadia. Et ce renouveau s'accompagne souvent d'un changement dans la vie intime.
Une gêne dans la vie sexuelle
Un buste envahissant peut engendrer des souffrances psychologiques : mauvaise image de soi, moqueries à l'adolescence, ou problèmes relationnels. Et pour tenter de le masquer, on se tient le dos voûté, on choisit des vêtements trop larges... Comment, dans l'acte amoureux, investir alors cette partie de soi que l'on n'aime pas et qui, de plus, suscite de la douleur ?
Nombre de jeunes femmes parlent de leurs seins comme s'ils étaient extérieurs à elles. Elles ont l'impression que les hommes ne les remarquent que du fait de leur poitrine généreuse. Jusqu'à en éprouver un sentiment de honte.
Nadia, qui affichait un 95 E avant l'intervention, confirme : « Adolescente, on me voyait déjà comme une femme et attribuais ça à mes seins. Dans ma vie intime, j'étais également très gênée : pendant des années, je me suis déshabillée dans le noir. »
A quel âge ?
L'intervention est possible dès 16 ans. Cependant, nombreuses sont les femmes qui ne franchissent le pas qu'à l'âge adulte par peur de l'anesthésie, des cicatrices et surtout de la difficulté d'allaiter après une plastie mammaire
Il est fréquent, en effet, que les canaux galactophores (qui conduisent le lait au mamelon) soient sectionnés lors de l'intervention. A savoir avant de se décider.
Attention : Adolescentes en grande souffrance !
Des jeunes filles décident parfois de franchir le pas de l'intervention. Mais l'adolescence est une période de fragilité. « Certaines sont obsédées par leurs seins, à tel point que les relations avec les garçons deviennent impossibles à gérer. Des chirurgiens envoient leurs jeunes patientes consulter un psy afin de sonder leurs motivations profondes. Ne serait-ce que pour s'assurer que le choix de l'opération relève bien de leur propre désir et non de celui de leurs parents ou de leur conjoint. Et que l'intervention leur sera réellement bénéfique.
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