Pourquoi fait-on des cauchemars ?

Cauchemars
Avez-vous déjà eu l’impression de tomber au moment de vous endormir, de léviter au-dessus de votre lit ou de vous sentir paralysé au réveil ? Plongée au cœur de ces troublantes expériences.

Difficile à interpréter

« La nuit dernière, j'étais étendue... au-dessus de mon lit, le nez à quelques centimètres du plafond. Je me rendais compte que je flottais, tout en me voyant allongée sur mon lit. Je me disais qu'il faudrait peut-être que je pense à redescendre, sans y parvenir... ».

Pas facile de raconter ce genre d'aventure le matin, au petit déjeuner, entre deux gorgées de café, sans être pris pour un illuminé ou déclencher un fou rire ! Pourtant, ce que raconte Viviane, 40 ans, peut arriver à chacun d'entre nous.

« Ce phénomène est dû à une modification de la perception que nous avons de notre corps au moment de l'endormissement, explique Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil.

Le tonus musculaire se relâche alors en douceur, d'où cette impression de flottement, de légèreté du corps, à laquelle est parfois associée une image mentale. Par exemple, certains se voient sur un tapis volant. Cette impression de se détacher de son corps peut également survenir chez ceux qui pratiquent la relaxation. L'état de détente et de relâchement peut alors être tel qu'on croit se dédoubler et décoller du sol ! »

Des chutes virtuelles mais douloureuses !

Autre manifestation, plus courante, mais aussi plus désagréable : la sensation de tomber au moment où l'on bascule dans le sommeil. « Cela m'arrive souvent, témoigne Sylvie, 32 ans. Je me vois sur des patins à roulettes et, soudain, je me sens tomber en arrière. C'est très brutal, et je ressens une vraie douleur physique tant mon corps se contracte. Je me réveille en hurlant avec le coeur qui bat à toute allure ! »

Il s'agit là de "sursauts à l'endormissement". Eux aussi sont dus au relâchement musculaire. Cette fois, il est plus rapide et plus intense, d'où cette sensation de chute, comme si le corps s'enfonçait profondément dans le matelas.

On sent une présence…

Toujours au moment où vous sombrez dans le sommeil, le cerveau peut vous jouer d'autres tours. Vous vous endormez, vos paupières sont lourdes... et, tout à coup, vous percevez une présence à vos côtés, qui se rapproche, puis une main qui vous effleure le visage, le bras... Il n'en faut généralement pas plus pour vous donner des sueurs froides et vous faire bondir du lit. Pourtant, un coup d'œil furtif sous le lit vous l'a confirmé : il n'y a personne !

« On parle alors d'hallucinations hypnagogiques, précise Sylvie Royant-Parola. Elles sont dues à une perception erronée des informations que reçoit le cerveau. Dans cet état intermédiaire, entre éveil et sommeil, on trompe facilement, sans s'en rendre compte bien sûr, nos récepteurs sensoriels avec de faux messages car la perception n'a pas la même acuité que lors de l'éveil. »

Quand le corps dort encore

C'est en revanche au moment du réveil que survient peut-être le plus angoissant de ces troubles nocturnes. Comme en témoigne Thomas, 26 ans :

« Cela ne m'est arrivé qu'une fois ou deux, et j'en garde un souvenir épouvantable ! Je me réveille, mais tout reste noir, je ne parviens pas à ouvrir les yeux ni à bouger. Et, là, je panique : je me dis que les gens vont croire que je suis mort, et je n'ai aucun moyen de leur montrer que je suis bien là, et vivant ! Je me concentre pour bouger la jambe, les doigts, les paupières, rien ne répond. Après, je ne sais pas. Peut-être que je me rendors quelques instants. Finalement, je me réveille pour de bon, heureux et soulagé de pouvoir me lever, même si on est lundi matin et qu'il faut aller travailler. »

Les paralysies du sommeil toucheraient 17 % de la population, surtout les jeunes. L'explication est assez simple, comme le souligne Sylvie Royant-Parola : « Lors de ces événements, l'esprit est parfaitement réveillé, mais le corps pas encore. En effet, le contrôle moteur du cerveau sur le corps n'est pas rétabli, d'où l'impression de paralysie. Cette sensation peut être très angoissante, d'autant qu'elle dure parfois une dizaine de minutes ! »

Le cerveau garde ses mystères

Concernant ce qui se passe vraiment dans notre cerveau dans ces moments plutôt étranges, le mystère reste entier.

« Même si les techniques dont nous disposons sont de plus en plus performantes, il est encore impossible d'établir une corrélation entre ce que peuvent "vivre" les patients dans leur sommeil et ce qui se passe dans leur cerveau au même instant, reconnaît Pierre-Hervé Luppi, directeur de l'unité de recherche "Physio-pathologie des réseaux neuronaux du cycle veille- sommeil" au CNRS.

L'activité cérébrale va très vite, les changements s'effectuent en quelques millisecondes, et nos outils d'imagerie ne peuvent donner de bons résultats à cette vitesse ! On ne peut donc pas encore suivre nos rêves, nos cauchemars et autres sensations nocturnes étranges en direct. Cela viendra peut-être un jour... »

Que l'on se rassure, même s'ils sont décrits dans la classification des troubles du sommeil, ces épisodes sont anodins et ne révèlent aucune pathologie. Reste qu'ils peuvent nous donner des sueurs froides la première fois qu'ils surviennent.

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