Il soigne un malade, pas une maladie
Cela paraît banal, mais nombreux sont les témoignages qui illustrent que le corps est trop souvent morcelé, l'individu réduit à sa maladie. Se sentir une personne et non un poumon, un cœur, une thyroïde, un sein ou une prostate qui dysfonctionne... commence par un bonjour et un regard.
« C'est par des mots que le patient s'adresse à nous. Écouter sa plainte initiale est primordial. C'est la raison affichée de sa venue, dit Christophe Boret, médecin généraliste. Nous devons ensuite écouter au-delà de la première plainte, ce que le patient ne veut pas ou n'an-ive pas à nous dire parce qu'il lui manque les mots, parce que c'est dur, parce qu'il a honte... Quand les gens ou leurs symptômes n'ont pas été entendus, c'est souvent parce que leur histoire médicale ne rentre pas dans les tiroirs à chaussettes de la médecine classique. Le médecin qui pense "Voilà encore cet enquiquineur qui va nous raconter ses problèmes" se trompe : les "délires" pas entendus sont révélateurs de maladies. Un patient qui insiste est un patient qui ne va pas bien. »
Le praticien a une vision globale de la personne qu'il soigne, quels sont ses symptômes et qui elle est.
Un bon médecin… cherche les symptômes
Le bon médecin a l'amour du diagnostic. Avec patience, il cherche à comprendre comment les signes cliniques s'articulent. Il doit rester capable de déshabiller, de toucher, de palper la personne qu'il examine.
C'est très important que le patient se rende compte que le praticien est en contact avec son corps. On assiste de plus en plus à une virtualisation du contact remplacé par des examens de plus en plus nombreux, de plus en plus puissants, demande pas à la première migraine. L'art du médecin, c'est de prendre le temps de comprendre un corps et ses manifestations, et de savoir distinguer les cas graves.
Pour décoder les signes cliniques, il faut aussi comprendre les différences entre les générations ou les cultures. Avoir une approche multiculturelle du symptôme, c'est se donner une chance de comprendre les pathologies dues aux déplacements, aux fausses croyances ou à l'isolement.
Les dosages biologiques et les techniques médicales, quant à eux, confirment le diagnostic ou révèlent l'indétectable.
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Peut-il tout connaître ?
« Le savoir n'est pas négociable. Cela empêche de passer à côté de certains diagnostics. On ne doit jamais oublier que les connaissances s'entretiennent. La formation médicale, les congrès (indépendants) prennent du temps, alors qu'ils sont très enrichissants, source d'énergie et de rencontres » explique le docteur Boret.
Mais il ne peut pas tout savoir, c'est humain ! « Oui, et nous devons l'accepter.Le colérique qui lance "Je ne suis que médecin" n'est pas médecin », analyse-t-il. « Je dois oublier que je sais des choses, et à chaque fois réapprendre », ajoute t-il.
« Le patient accepte que le médecin ne sait pas tout, si ce dernier reste humble et ne rejette pas l'idée qu'il peut se tromper. Aujourd'hui, le mot "risque" déplaît. Or à chaque nouveau patient, il y a une part de risque. Vais-je être capable de le comprendre, de le soigner ? Si on ne l'accepte pas, on ne peut pas rassurer le patient. »
Les malades admettent un honnête « On va essayer ». Quand le médecin ne sait pas, il téléphone, ou adresse à des confrères, d'où l'importance des réseaux entre spécialistes, biologistes et pharmaciens. Le bon médecin est confraternel.
Il est curieux des 360° de la médecine
Le bon médecin aide ses patients avec tous les moyens scientifiques connus nationaux et internationaux. Il s'intéresse à toutes les thérapeutiques afin de proposer celle la plus adaptée à la personne qu'il soigne. Il choisit les approches médicales et paramédicales en accord avec sa culture, mais il ne rejette pas, par dogmatisme ou présupposé, une approche qu'il connaît mal. Pourquoi la rejeter ? Ignorance, paresse intellectuelle ou dédain envers les conceptions étrangères à la médecine officielle basée sur les preuves ?
Cette dernière initie des actions de santé publique, mais dans un face-à-face médecin-patient, le cas unique ne compte-t-il pas autant que les statistiques ? Les soins d'accompagnement des chimiothérapies n'ont pas attendu d'être validés scientifiquement pour soulager les malades. Allopathie, homéopathie, phytothérapie, acupuncture, nutrithérapie…Médecin avant tout et médecin surtout !
Il fait aussi de la prévention
Le Petit Robert nous le dit. La prévention est aussi l'affaire du médecin, habilité, grâce à son diplôme, à prévenir et à soigner. Héritage pasteurien oblige, elle est presque toujours associée aux maladies infectieuses. Or prévenir, c'est bien plus que recommander des vaccinations ou des préservatifs.
Le médecin s'occupe de notre bonne santé. On consulte un pédiatre quandisse bien. Pourquoi arrêter cette démarche préventive ? D'ailleurs en Chine, pas besoin d'être souffrant pour aller chez son médecin : la visite est une consultation de bonne santé.
Le médecin des bien portants parle d'alimentation, d'activité physique, de massage, de respiration, de méditation... Pour rester indépendante des laboratoires pharmaceutiques, il est important que l'information soit transmise par le médecin. « J'explique aux enfants les méfaits du tabac, de l'alcool, les risques des piercings, le rapport avec l'aliment, les bienfaits de l'exercice physique », dit Christophe Boret. J'ai un tapis de gym dans le cabinet et je leur montre. Ils voient sur ma tête que je fais ce que je leur dis. Sinon, je ne suis pas crédible. »
La psychiatre Manon Sylva affine cette analyse. « Les jeunes ont une très grande angoisse de toutes les maladies. Les adolescents sont dans le défi. Ils n'entendent pas les conseils de prévention s'ils ressemblent à des conseils de morale. Il faut alors accepter qu'une partie ne sera pas reçue sur le moment. Chez eux, la prévention ne peut s'entendre que s'il y a une relation d'admiration, de transfert et d'estime. »
Il assure un suivi rigoureux des paramètres cliniques et biologiques. À partir d'une prise de sang ou d'un prélèvement urinaire, des bilans prévisionnels mesurent finement, pour un individu donné, son métabolisme. Soit : le profil des cellules sanguines et du système immunitaire, le statut inflammatoire et oxydatif, le taux d'acides gras et de lipides, le statut acido-basique, la capacité d'éliminer l'eau et les minéraux, ainsi que la perméabilité intestinale…
Autant de paramètres dont les valeurs optimales pour la santé sont connues. S'en rapprocher grâce à l'alimentation permet de prévenir le risque d'allergies, d'asthme, d'hypertension, de diabète et de maladies cardiovasculaires.
Trop sophistiqués, trop chers ou encore non remboursés par l'Assurance-maladie, critiquent certains médecins.
Or ces bilans sont de bons outils de prévention individualisée. Ils révèlent ce qu'un examen classique ne peut identifier. Mais ne sont rien de plus que des chiffres derrière lesquels il y a un individu. Ils ne sont maîtrisables que par un praticien compétent.
Un bon médecin est humaniste
"Pour vouloir soigner un homme, il faut s'intéresser à tous les hommes", pensait Edouard Zarifian. un bon médecin est un homme universel. Force est de constater que, pour l'instant, leur formation manque cruellement de sciences humaines, de littérature et de philosophie. Elle ne valorise pas la vocation. « La faculté forme les jeunes générations à devenir des ingénieurs en santé, pas des médecins », constate un doyen de faculté, qui préfère rester anonyme. Amer constat : ils sont formés à des outils scientistes à défaut d'être scientifiques. Les concours sont rudes. Les examens sous forme de QCM ne questionnent pas les qualités humaines. Pire, ils peuvent exclure du champ de la médecine des vocations de soignants. Or le médecin est celui auprès de qui la peur de la mort peut être évoquée. Cela suppose qu'il ne craigne pas de l'aborder.
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Tout ce qu'il faut savoir pour réussir sa visite chez le médecin
- Allez à l'essentiel et répondez aux questions du médecin, le plus précisement possible.
- Posez toutes les questions que vous souhaitez (quitte à les noter) et surtout celles qui vous taraudent le plus. Vous éviterez bien des malentendus.
- N'ayez pas peur ! Trop de personnes sont angoissées devant un médecin, par peur de la maladie. Heureusement, les meilleurs praticiens ont l'art de rassurer les plus anxieux.
- N'hésitez pas à changer de docteur si vous ne vous sentez pas à l'aise.
Vos questions
Mon médecin utilise l'ordinateur pour ses ordonnances. Est-ce une bonne chose ?
Les logiciels d'aide au diagnostic existent. D'autres sont en développement "dans les tuyaux" des plus grandes entreprises informatiques. Il sera difficile d'y échapper.
Est-ce que c'est bien ? Oui, à condition que cet outil reste un instrument de travail et seulement cela. Face à la somme de connaissances médicales et médicamenteuses, le médecin généraliste ne peut pas tout savoir. L'outil informatique peut être utile devant une situation complexe pour dépister des interactions médicamenteuses ou des incompatibilités de prescription, Il ne doit surtout pas enlever la part d'humain du médecin face à un autre être humain. Restons vigilants !
Est-ce qu'un bon praticien doit prendre la tension ?
L'expérience montre que, dans le cas contraire, le patient se sent frustré. Votre question en témoigne ! La tension artérielle est informative, mais votre médecin n'est pas pour autant un mauvais médecin s'il ne la mesure pas. D'autres techniques (électro-magnétique) peuvent le renseigner.
Récemment, l’une de mes filles a eu un malaise dans le cabinet du médecin. Celui-ci a aussitôt appelé une ambulance pour qu’on l’emmène à l’hôpital et il a immédiatement fermé son cabinet pour rester avec elle. Pour moi, c’était vraiment un geste exceptionnel. Le lendemain, il m’a appelée au travail pour avoir des nouvelles. Ce sont de petits gestes comme celui-là qui donnent un surcroît de confiance dans le médecin. Celui-ci nous suit depuis plusieurs années. Il a toujours su être attentif, poser le bon diagnostic et réagir lorsque le problème n’était plus de son ressort. Il ne reste pas dans le domaine technique le médicament et le diagnostic pur. Il a toujours du temps à nous consacrer.