« Nous mangeons des légumes à chaque repas, avons limité la quantité d'huile dans les plats, remplacé le beurre par du beurre végétal, réduit la charcuterie, les fromages, surtout mon mari. On bouge plus aussi. Lui, il fait du vélo une fois par semaine. Moi, je marche davantage, je fais du vélo d'appartement et j'ai même acheté un petit stepper », raconte Elodie, mère de famille de 45 ans.
« Le plus drôle, ce sont les réactions des enfants qui sont encore plus sensibilisés que nous, par l'école : "Attention, maman, tu manges pas bien !" Alors, je freine sur les frites et la mayonnaise », plaisante une autre mère de famille.
Ces deux femmes font partie d'une grande étude menée depuis douze ans dans la région Nord Pas-de-Calais et qui a pour objectif de montrer l'intérêt de l'accompagnement individualisé chez des personnes à risque ou souffrant de maladie chronique : cholestérol, hyper-tension, surpoids important, diabète...
Baptisé coaching santé, cet accompagnement individualisé est tout simplement de la prévention. Mais une prévention poussée un peu plus loin que d'habitude. Notamment parce qu'elle implique beaucoup de monde : en dehors de la population, des professionnels de santé, mais aussi, et surtout, l'Éducation nationale. Il y a vingt ans, il était très difficile de faire admettre une politique préventive. Aujourd'hui, c'est le contraire, c'est plutôt tendance !
Être suivi au jour le jour incite à modifier ses habitudes
Et, afin de prévenir les maladies chroniques, nouveau fléau de nos sociétés mal nourries et sédentarisées, il faut réapprendre à bien manger, bouger plus et s'auto-surveiller. Cela tombe sous le sens, mais pour mettre en pratique ces recommandations édictées sous forme de programme national par les pouvoirs publics, les Français ont besoin d'un coup de pouce.
Perdre du poids, manger des fruits et légumes, arrêter de fumer... tout le monde en a conscience, mais pour passer à l'acte c'est une autre affaire. Or quand vous avez quelqu'un qui vous suit, ça change tout. On finit par prendre de nouvelles habitudes alimentaires et d'hygiène de vie.
Actuellement, le coaching santé est assuré par des médecins ou des professionnels paramédicaux de bonne volonté (infirmières, psychologues, diététiciennes, pharmaciens...). Mais à terme, les médecins souhaiteraient qu'il soit assuré uniquement par les professionnels paramédicaux.
L'idée, c'est que le patient puisse dialoguer avec une personne qui lui parle dans un langage accessible, pas médical, de sa maladie et de ce qu'il peut faire pour améliorer sa qualité de vie. Les enseignants, les collectivités locales, les fabricants de produits de santé, les restaurateurs scolaires... ont également un rôle d'informateur et d'éducateur à jouer.
Outre l'aspect social et médical, le coaching santé pourrait aussi se révéler une mesure économique. Une étude américaine réalisée sur l'accompagnement chez les diabétiques a montré une économie de 4 dollars pour 1 dollar investi en soins au départ.
Une autre étude menée sur un coaching téléphonique avec des patients insuffisants cardiaques a non seulement montré une diminution de près d'un tiers (- 29 %) du nombre des réhospitalisations, mais également de la mortalité par rapport à un groupe de patients non suivis (- 29%).
Si la prise en charge hygiéno-diététique améliore la qualité de vie, elle diminue également les dépenses de soins et les réhospitalisations. Elle améliore aussi l'observance des traitements. Pour ne prendre que l'exemple de l'hypertension artérielle, seulement un tiers des patients suit son traitement !
Le premier coach de votre santé, c'est vous
La tendance est à la responsabilisation : vous êtes le premier acteur de votre santé ! Dans un premier temps, en vous informant. Dans un deuxième, en vous auto-surveillant. Dans un troisième, en effectuant des tests ou examens pour contrôler que tout va bien.
Si vous ne consultez jamais
- Faites évaluer votre tension de temps en temps chez un médecin ou un pharmacien. Bon à savoir, l'Assurance-maladie propose à tous les assurés un bilan médical gratuit tous les cinq ans.
- Si vous cumulez deux ou trois des facteurs de risque suivants : tabac, alcool, surpoids, sédentarité, mauvaise alimentation, décidez-vous à consulter un médecin.
- Si, dans votre famille, il existe des antécédents médicaux (maladies cardiovasculaires, diabète...), demandez un bilan médical.
- Si vous êtes une femme : faites au moins un frottis une fois par an (dépistage du cancer du col de l'utérus).
- Une vraie prise de conscience ! Vous n'êtes pas malade, mais votre assiette pourrait être mieux équilibrée. Pour débuter, cuisinez moins gras, consommez votre ration de cinq fruits et légumes par jour et buvez davantage d'eau.
- Vous avez pris du poids, vous n'êtes pas en super forme, vous souffrez de désordres gastriques ou intestinaux... une petite visite à votre médecin n'est peut-être pas superflue, au moins pour éliminer une cause organique. Un médecin généraliste, un nutritionniste ou un diététicien vous aideront ensuite à adapter votre alimentation à votre état de santé, activité professionnelle, physique ou à votre stress. Les kinésithérapeutes, ostéopathes, éducateurs sportifs peuvent également être de bon conseil.
Si vous avez un surpoids important
Le surpoids se calcule d'après l'indice de masse corporelle (IMC). S'il dépasse 25, vous êtes en surpoids important. Au-delà de 30, vous entrez dans la définition de l'obésité, et de 40, vous risquez des complications : diabète, maladies cardiovasculaires, problèmes articulaires, cancers. II est alors préférable de consulter votre médecin. Le coaching santé est peu développé en matière d'obésité et encore trop médicalisé. Cela étant, de plus en plus de professionnels de santé s'intéressent au suivi des personnes en surpoids et proposent une aide personnalisée : conseils par Internet et sur abonnement, centre d'appels téléphoniques assurés par des diététiciennes...
Si vous voulez refaire du sport
- Après une longue période d'abstinence sportive, après 40 ans ou si vous êtes en surpoids : passez au minimum un test d'effort chez un médecin du sport. Celui-ci évaluera votre aptitude à l'effort et décèlera une éventuelle anomalie cardiaque.
- Votre médecin vous recommandez conseil à un professionnel du sport ou offrez-vous les services d'un coach pour une réadaptation progressive.
Si vous avez 50 ans
- Faites un bilan de santé chez votre médecin : il décidera des examens à prescrire en fonction de votre état de santé.
Des bilans beaucoup plus complets et personnalisés, mais aussi plus coûteux (entre 200 et 900€), sont également proposés par des médecins spécialisés dans la physiologie du vieillissement. Le conseil, basé essentiellement sur la nutrition, l'exercice physique, les compléments alimentaires (vitamines, oligo-éléments, enzymes...) et les hormones, est défini en fonction de votre état de santé et de vos objectifs.
- Si vous êtes une femme : vos hormones à la ménopause ne vous protègent plus contre le risque cardiovasculaire qui égale, voire dépasse celui des hommes.
Faites surveiller régulièrement votre taux de cholestérol, votre pression artérielle et votre poids. Pratiquez une activité physique : au moins l'équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour. Le dépistage du cancer du sein à partir de 50 ans est pris en charge à 100 %. Aussi, ne passez pas entre les mailles du filet de la prévention !
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