Migraine : la soigner grâce à l’hypnose, la sophrologie et l’alimentation

Si vous souffrez de migraines rebelles, pourquoi ne pas essayer l’hypnose ? Autre solution douce : manger différemment, car certains aliments peuvent déclencher des crises. Nos explications.

Combattre la migraine grâce à l’hypnose et la sophrologie

L'hypnose et la sophrologie peuvent apporter un réel soulagement en cas de migraines et de maux de tête. Elles sont souvent proposées comme techniques supplémentaires dans les centres hospitaliers de lutte contre la douleur.

« Je soigne les migraineux qui me sont adressés par le neurologue ou par le généraliste, quande d'abord au patient de tenir un agenda, pour connaître la fréquence et l'intensité des crises. Puis elle fait le point avec lui sur les facteurs déclenchants et sur la consommation de médicaments.

Parfois, le médecin s'aperçoit que les douleurs chroniques sont dues aux abus de médicaments, ce qui impose un traitement particulier de sevrage progressif. Ainsi, on découvre souvent qu'au lieu de souffrir d'une vraie migraine, le patient présente des maux de tête d'un autre genre. Il faut alors revoir les traitements.

« Grâce à la relaxation et à l'hypnose, on peut guérir une céphalée de tension », précise le Dr Meuret. Ces techniques seraient aussi indiquées lors de migraines dues au stress. « En revanche, pour la migraine avérée, dont les causes sont multiples et souvent mal connues, on ne peut pas parler de guérison. Mais on arrive à espacer les aises et à en atténuer efficacement l'intensité, avec un traitement médicamenteux associé. »

A condition que le patient se prenne en charge, qu'il participe activement aux séances et effectue un travail quotidien à domicile.  L'hypnose est un entraînement qui demande un investissement personnel.

En fait, l'hypnose et la sophrologie permettraient de trouver en soi un potentiel "d'autoguérison". Le patient détiendrait en lui les clés de son mieux-être. Ce serait donc à lui d'agir, avec l'aide du thérapeute dans un premier temps, puis seul, grâce à un auto-entraînement, pour arriver à "gérer" ses crises. Face à un même événement, le corps reproduit souvent la même façon de se comporter, par exemple en déclenchant une aise de migraine.

La personne souffrante s'enferme alors dans un schéma de réaction corporelle qui semble inné mais qui est, en fait, appris. Tout le travail en séance, puis chez soi, consiste à modifier ce schéma.

Le patient apprend à "gérer" ses crises

« Ainsi, le patient va pouvoir devenir son propre médecin et apprendre à savoir ce qui est bon pour lui. Il va découvrir comment ne plus se laisser envahir par la crise et rompre ce côté fataliste souvent associé à la migraine. L'important, c'est de redonner confiance et de faire en sorte que le migraineux, d'habitude totalement submergé par la douleur, arrive à faire surface », ajoute le Dr Meuret.

Comment accéder à ce potentiel "d'autoguérison" ? L'hypnose moderne, dérivée des travaux d'Erickson, exploite une capacité commune à tous : celle de s'extraire du monde extérieur pour se ressourcer. En effet, nous pratiquons de l'autohypnose dès que nous nous plongeons dans la rêverie ou nous concentrons pour conduire, lire... Nous nous déconnectons de notre environnement tout en y restant présents.

Un état entre veille et sommeil

« Dès que le patient est détendu, après des exercices respiratoires par exemple, nous l'amenons à entrer dans un état de conscience modifié où il est très vigilant et très concentré, explique le Dr Meuret. Dans cet état, la personne n'est pas manipulable, mais elle a accès à son "réservoir" de ressources intérieures. » On peut même pratiquer l'hypnose "en conversation" : le patient dialogue avec le médecin et recherche, dans son inconscient, la solution à son problème. L'hypnothérapeute lui servant de guide, par ses suggestions.

Lors des séances, puis chez lui, le patient apprend des techniques de gestion des crises, comme visualiser la circulation sanguine pour calmer les phénomènes de vasodilatation et de vasoconstriction à l'origine de la douleur.

La sophrologie exploite des méthodes proches de l'hypnose éricksonnienne, tout en y ajoutant un travail spécifique de détente corporelle et de relaxation dynamique. Les séances commencent par des mouvements de la tête, par des exercices de respiration et de mobilisation du diaphragme.

Puis, la personne entre peu à peu dans son monde intérieur, entre veille et sommeil, mais reste réceptive aux suggestions thérapeutiques.

Savoir se détendre

Elle peut aussi travailler en essayant de substituer une sensation neutre (par exemple, une sensation de chaleur douce ou de fraîcheur) à une sensation de douleur. Les séances, d'abord individuelles (environ une par semaine), peuvent être poursuivies en groupe, puis espacées au fur et à mesure que le patient se sent mieux.

Femme Allongée Auto Hypnose
© istock

En changeant d'alimentation

Certains aliments sont accusés de donner des maux de tête. Pour autant, il est difficile d'en déduire un régime "anti-migraine". Plus de la moitié des migraineux vous le diront. Le chocolat est leur pire ennemi. Un carré suffit parfois à leur déclencher un mal de tête terrible. Pourquoi ? Les scientifiques ont bien du mal à l'expliquer. D'autant que les aliments mis en cause sont très nombreux et varient d'une personne à l'autre.

Ainsi, quelque 28 % des patients qui consultent pour des migraines se plaignent du vin rouge, 49 % du vin blanc, 27 % des œufs, 29 % des aliments gras et frits... Encore plus curieux, un tiers des migraineux anglais placent les oranges et les pamplemousses au banc des accusés, tande majorité de patients s'accorde pour dire que la consommation de glaces leur donne mal à la tête. Le froid déclencherait, en effet, un réflexe de rétrécissement des vaisseaux cérébraux. Selon une étude anglaise publiée en 2020, il serait préférable de déguster sa crème glacée lentement, pour éviter la migraine...

Les conseils d'une migraineuse

Les patients ont d'eux-mêmes trouvé la solution : ils évitent de consommer l'aliment incriminé. Mais Marie Franc a voulu aller plus loin. Migraineuse depuis longtemps, elle a suivi le parcours du combattant (examens, médicaments...) sans trouver de solution satisfaisante à son problème. « Et puis je me suis rendue compte que lorsque je ne dînais pas, je n'avais jamais mal à la tête. À partir de là, j'ai cherché à comprendre pourquoi. » Après bien des recherches et des tâtonnements, elle a mis au point un mode d'alimentation "spécial migraine", qu'elle détaille dans un livre.

Ce qui a marché pour elle marchera- t-il pour vous ? À chacun d'en juger. Par exemple, si vos migraines se déclenchent tôt le matin, Marie Franc conseille d'alléger, voire de supprimer le repas du soir et d'éviter les sucres et les féculents à partir de 18 heures.

Peu de recherches scientifiques

Malheureusement, les liens entre migraine et alimentation n'ont pas suscité beaucoup de recherches.  Ce sujet est encore très débattu. Il mériterait plus d'études, mais elles sont très difficiles à mettre en place.

On sait seulement que tous les aliments qui contiennent des substances vaso-actives, c'est-à-dire qui agissent sur les vaisseaux sanguins, sont susceptibles de déclencher une migraine. Parmi celles- ci, on cite le plus souvent la phényléthylamine (présente dans le chocolat, le vin rouge...), l'histamine (fromages, charcuteries...), la tyramine (fromages fermentés, vins...), la théobromine (chocolat), le glutamate (plats chinois)..

On sait également que l'enzyme qui permet de détruire les phénols, substance présente dans les boissons alcoolisées et qui favorise le mal de tête, fait souvent défaut chez les patients migraineux.

Difficile de tirer des conclusions générales de ces observations. Chacun est sensible à certains aliments et pas à d'autres, et en plus à des doses différentes... Pour quelques-uns, un œuf déclenchera une crise, quand d'autres pourront manger une omelette sans problème. En revanche, un verre de vin les rendra malades. Une chose est sûre, l'alimentation n'est qu'un facteur déclenchant de la migraine parmi d'autres. Le stress, la fatigue, les odeurs, les variations hormonales et même la météo ont, eux aussi, une influence certaine.

Pour l'heure, le mystère de la migraine reste entier. Cette affection, très répandue, est probablement d'origine génétique. Mais tous ses mécanismes n'ont pas encore été clairement identifiés.

Ne pas confondre céphalées de tension et migraines :

  • Les céphalées de tension sont des maux de tête, le plus souvent chroniques, à localisation variable, se manifestant de façon permanente et quotidienne.
  • Les migraines sont des douleurs intenses qui se manifestent sur un seul côté de la tête et qui s'accompagnent souvent de nausées.

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