Les porphyries, c’est quoi ?

Turista Mal De Ventre
Méconnues du public, parfois aussi par le milieu médical, les porphyries touchent aussi bien la peau que le système nerveux ou le foie. Il en existe une douzaine de types. À l’origine, ce groupe de maladies provient d’un défaut génétique entraînant l’accumulation de substances toxiques dans les organes.

Les porphyrines

Ces maladies complexes sont en rapport avec des déficits enzymatiques, pour la plupart génétiquement déterminés, donc héréditaires. En clair, elles proviennent de l'accumulation, notamment dans la peau, de substances plus ou moins toxiques : les porphyrines.

Normalement, celles-ci sont produites par l'organisme puis transformées en "hème", l'un des précieux pigments de l'hémoglobine du sang, grâce à l'action d'enzymes. Mais un défaut génétique peut parfois provoquer l'absence ou une production trop faible d'une de ces enzymes, limitant la synthèse de l'hème d'où l'accumulation de porphyrines.

Chaque forme est la conséquence du déficit d'une enzyme. Hormis certaines formes graves mais très rares comme la maladie de Günther apparaissant dès l'enfance, ou la porphyrie Variegata connue dans la généalogie royale d'Angleterre, les plus courantes sont la "porphyrie aiguë intermittente" et la "porphyrie cutanée tardive". Cette dernière est la plus fréquente en France : 1 cas pour 10 000.

Des douleurs digestives intenses

Brigitte, 22 ans, dès sa première prise de pilule, a été saisie de violentes douleurs abdominales nécessitant une hospitalisation. Des dosages urinaire et sanguin ont montré des taux élevés de porphyrines, confirmant une porphyrie aiguë.

Les femmes entre 15 et 45 ans sont les plus touchées par la porphyrie aiguë intermittente. Tout commence par une crise aiguë avec des douleurs abdominales intenses, sans raison apparente, avec nausées, vomissement et constipation. On peut penser à une appendicite. Mais une radio de l'abdomen ne montre aucune anomalie.

A ces signes suffisamment importants pour nécessiter une hospitalisation, s'ajoutent souvent des troubles psychiatriques et neurologiques parfois très graves, jusqu'à provoquer une paralysie respiratoire, faute de diagnostic et de traitement précoces. Pour l'essentiel, des calmants de la douleur et des médicaments bloquant la synthèse des porphyrines. Comme le regrette le Pr Perrot : « Parfois, c'est dans le service de réanimation que le diagnostic est fait ! ».

Ce sont les dosages urinaires, notamment des porphyrines, au moment de la crise qui confirment le diagnostic mais un signe curieux peut mettre vite sur la voie : la couleur brun rouge des urines mais qui n'apparaît que quelques minutes après l'émission.

Bien traité, le malade se remet en quelques jours. Reste à prévenir d'autres crises, en évitant certains facteurs déclenchants. Bien que la maladie se transmette de façon dominante (50 % des enfants d'un parent malade sont atteints), tous ne feront pas de crises. Et si les femmes sont davantage sujettes, c'est à cause des hormones. Selon le Pr Perrot, « une jeune femme atteinte de porphyrie aiguë a toute chance de faire sa première crise lors de la prise de la pilule. » A moins que les règles ne l'aient déjà provoquée.

Il existe d'autres facteurs déclenchants, notamment les infections virales, le stress et surtout certains médicaments, surtout les barbituriques. Tout porteur de la maladie doit donc garder sur lui une liste de médicaments interdits. Et surtout, on doit prendre les plus grandes précautions en cas d'injection d'anesthésique, même locale.

Des problèmes de peau

Mathilde, 30 ans, se plaint d'éruptions cutanées sous forme de cloques. Après avoir consulté différents médecins, elle échoue chez un dermatologue qui diagnostique une porphyrie cutanée.

La plus fréquente des porphyries, c'est la porphyrie cutanée tardive. C'est souvent chez le dermatologue que le diagnostic est précisé. Il s'agit de cloques, de bulles sur le dos des mains, d'érosions sur le visage, d'une façon générale sur les parties exposées à la lumière car les porphyrines accumulées libèrent alors des radicaux libres entre le derme et l'épiderme.

Au laboratoire de biologie, le Dr Philippe Bernard constate : « Dès que les beaux jours arrivent, nous avons un regain d'activité. » Pas besoin d'un soleil de plomb, un ciel couvert est parfois moins bien toléré. La peau devenue fragile s'arrache au moindre traumatisme.

Autres signes : les poils poussent plus vite, en particulier sur le visage. L'hyperpigmentation est fréquente, donnant un teint bronzé. Enfin, les urines prennent une couleur foncée après un temps d'exposition à la lumière.

Les facteurs déclencheurs sont de nature hépato-toxique, au premier rang desquels apparaît l'alcool. Autres facteurs : la pilule, le fer, les sulfamides et des neuroleptiques. Sans oublier les facteurs infectieux, le plus fréquent étant l'hépatite C. Au point que si on découvre une porphyrie cutanée tardive, on pratique un dépistage de l'hépatite.

Le traitement peut paraître ancestral mais on n'a pas fait mieux. A côté de médicaments type nivaquine bloquant les porphyrines, on fait des "saignées" pour éliminer du fer qui est un inhibiteur de l'enzyme déjà déficitaire.

Effectuées tous les dix jours, puis tous les mois, dans un centre de transfusion, l'objectif est de soustraire au minimum cinq litres de sang sur un an. L'amélioration des problèmes de peau est rapide. Les examens biochimiques se normalisent, seule la prise de médicaments interdits fait courir un risque de rechute.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. - * Champs obligatoires