Pourquoi devient-on hypocondriaque ?

Hypocondriaque
Il arrive à tout le monde de s’inquiéter pour sa santé. Mais cette angoisse peut devenir une vraie souffrance pour soi-même et son entourage.

La peur de la maladie « à tout prix »

« Une personne hypocondriaque interprète de manière erronée chaque signe physique subjectif, ce qui la conduit à croire qu'elle est malade. A aucun moment, elle ne peut être convaincue par un tiers de la fausseté de son jugement » explique le Dr Nathalie Raymond, psychiatre et psychothérapeute.

Elle suspecte un cancer du poumon à la moindre toux, une septicémie au plus petit bobo. Elle surinvestit son corps, qui devient l'objet d'une introspection anxieuse constante.

D'ailleurs, elle consulte beaucoup et change souvent de médecin. Elle prend plaisir à mettre en échec le corps médical, ce qui renforce son angoisse !

Je dois souffrir d'une maladie bien grave et compliquée si aucun médecin ni spécialiste n'est en mesure de m'aider.

« Les hypocondriaques sont le plus souvent des anxieux qui interprètent tout comme une catastrophe ou bien des personnes qui ont besoin de tout maîtriser », assure Nathalie Raymond. Ce sont de grands consommateurs de livres et journaux médicaux.

« Ils déplacent souvent leur peur de mourir sur une maladie imaginaire, ajoute Dr Raymond. On retrouve dans l'enfance de l'hypocondriaque trop ou trop peu de soins parentaux, qui ne lui ont pas permis de se projeter dans une image de bonne santé : soit il n'a jamais été perçu dans son enfance comme quelqu'un allant bien, soit il était négligé, soit il était au centre des préoccupations. »

Un moyen d'attirer l'attention des autres

Les hypocondriaques réussissent le plus souvent à convaincre leur entourage qu'ils sont effectivement malades. Ils leur imposent tout un mode de vie (il ne faut pas de courant d'air à la maison, pas d'invitation le soir sinon ils n'arrivent pas à dormir, pas de dîner au-delà de 21 heures car ils ne peuvent pas digérer...).

Leur attitude vis-à-vis de l'entourage est ambiguë : d'un côté, ils refusent l'idée qu'ils ne sont pas malades ; de l'autre, ils ont besoin d'être rassurés en permanence. Ces personnes aiment être plaintes et faire parler d'elles a travers la maladie.

Suivre une psychothérapie pour surmonter ses peurs

L'urgence est de consulter un généraliste, pour qu'il parvienne à maîtriser une attitude trop aberrante et qu'il ralentisse la fièvre médicale.  On peut tout à fait être aidé par un généraliste. Ce dernier doit conduire le patient à s'interroger sur lui-même.

La personne hypocondriaque doit être accompagnée dans son angoisse par une psychothérapie de soutien, qu'elle peut suivre aussi bien chez un généraliste que chez un thérapeute.

S'il y a une volonté d'aller plus loin dans la maîtrise du trouble, certains patients sont orientés dans un premier temps vers une thérapie cognitivo-comportementale, qui consiste en un désapprentissage du soin et de l'expérience de sur-abandon ou de surprotection vécue dans l'enfance. Cette thérapie est efficace en début de traitement, mais reste très limitée et incomplète, avec un risque de déplacement vers une autre forme d'angoisse.

Elle doit être ensuite complétée par une psychothérapie et une analyse.

« Le thérapeute travaille alors sur les mécanismes de défense par rapport à la peur de mourir, à l'angoisse de la sexualité et au besoin de se faire materner. On tente de faire affleurer à la conscience les origines de leur culpabilité, de leur masochisme (ils se punissent en étant malades) et de leurs peurs cachées », poursuit le Dr Raymond.

Toutes les formes de relaxation (yoga, sophrologie, relaxation à visée analytique avec des temps de parole...) peuvent être très utiles pour lutter contre les angoisses et les manifestations secondaires que ressent la personne hypocondriaque. Mais elles ne doivent pas remplacer une psychothérapie et une analyse plus approfondies.

Des anxiolytiques peuvent être prescrits dans les cas extrêmes, mais le moins souvent possible. D'abord, parce que cela ne traite pas le fond. Ensuite, parce que ces traitements ont tous des effets secondaires : en les prescrivant, on risque de renforcer les symptômes de la maladie.

Physique, mais aussi psychique

Quand on parle d'hypocondrie, on pense généralement à des signes physiques Pourtant, les signes peuvent aussi être d'ordre psychique. En effet, les hypocondriaques ont tendance à souffrir des maladies les plus en vogue. Or, les médias abordent souvent la question de la dépression. Les signes qui la caractérisent étant assez flous pour un non spécialiste (problèmes de sommeil, perte d'appétit, fatigue...), ils peuvent troubler un hypocondriaque.

Hypocondrie : quelle attitude doit avoir l’entourage ?

À éviter :

  • Se laisser happer par l'hypocondriaque, en le surprotégeant.
  • Rentrer dans le jeu de la maladie, sans pour autant instaurer une forme de déni de ce trouble.
  • Remplacer le médecin, en donnant des réponses à tout.
  • Mettre tout en place pour que l'ensemble de la famille vive au rythme de l'hypocondriaque.

À faire :

  • Comprendre et écouter l'hypocondriaque, mais résister à son envie de vous transformer en médecin traitant.
  • Bien répondre à ses angoisses : "Je ne suis pas ton médecin. Pour ce qui est de ta maladie, il faut t'adresser à ton thérapeute ou à ton médecin généraliste, mais je peux t'accompagner si tu le souhaites."
  • Adopter une attitude neutre, doublée d'une forme de recul.
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