Qu’est-ce que la sophrologie ?
La sophrologie, tout le monde en a une vague idée, mais très peu savent exactement de quoi il retourne. Yoga ? philosophie ? voire psychothérapie ? Peut-être un peu de tout cela mais, avant tout, la sophrologie est une science.
Une science humaine, avec une méthodologie rigoureuse, fondée par un neuropsychiatre espagnol, le docteur Alfonso Caycedo, dans les années 60. Inspirée des techniques thérapeutiques de psychiatrie, elle a également emprunté aux pratiques orientales, yoga notamment, pour permettre à l'homme de parvenir à la maîtrise de soi.
La sophrologie prend appui sur la conscience individuelle pour agir sur le corps et l'esprit : comment notre corps fonctionne, se comporte, réagit, quelles sont nos émotions, comment nous y répondons, etc.
Son action est la "prise de conscience", au sens littéral du terme. Et son but est d'apprendre à chacun à vivre bien. Aujourd'hui, environ 1 500 sophrologues sont de "confession" caycédienne. Mais ils ne sont pas les seuls. Une multitude d'écoles de sophrologie existent en France et les sophrologues exercent dans tous les domaines d'activité médical, éducatif, socio-professionnel, sportif, avec les aléas qu'implique cependant la non-réglementation de cette jeune discipline... Peut en effet se proclamer sophrologue qui veut.
Certains médecins travaillent d'ailleurs avec des sophrologues pour traiter des problèmes tels que les troubles du sommeil, les angoisses, le sevrage tabagique, ou encore la prévention de certaines maladies. En gynécologie-obstétrique, elle est couramment proposée aux femmes enceintes pour la préparation à l'accouchement.
La sophrologie pour soulager la douleur
Céline, 37 ans, l'a choisie, il y a onze ans, pour accoucher sans douleur.
« À l'époque, je ne voulais pas de péridurale, mais je ne voulais pas souffrir non plus. La sophrologie m'a permis de ne pas paniquer devant la douleur, ni devant l'effort. En fait, je n'ai pas l'impression d'avoir subi l'accouchement. Au contraire, je l'ai suivi, dirigé, contrôlé, vécu intensément... »
Grégoire, masseur-kinésithérapeute, estime que la sophrologie est indispensable à son travail. « Sans elle, il n'y a pas d'efficacité maximum. » Quand une personne a mal, elle est tendue. Plus elle l'est, plus il est difficile de la soulager. Les techniques de sophrologie amènent ainsi progressivement le patient à lâcher prise. « Et là où l'on a besoin de vingt séances avec la seule kinésithérapie, ou de sept à huit séances avec l'ostéopathie, il suffirait peut-être seulement de trois séances avec l'ostéopathie et la sophrologie...
« J'essaie aussi de faire comprendre qu'une douleur ou une déformation n'est pas une fatalité, que c'est probablement une adaptation culturelle ou un schéma familial. Souvent, on entend dire : "Mon grand-père avait de l'arthrose, mon père aussi, donc j'en ai." La sophrologie donne au contraire les moyens aux patients de se construire un autre comportement. C'est aussi un moyen de se dégager de la dépendance des médicaments... »
Un argument que les Suisses ont bien compris. Les assurances maladie (système de mutuelles privées) prennent en compte les assurés qui pratiquent la sophrologie.
Résultat : les "sophronisés" bénéficient de réductions de leur prime d'assurance.
Pour développer la créativité des cadres
Consultant et sophrologue, Paul Chevallier utilise la sophrologie pour gérer le stress des cadres et, surtout, développer leur créativité.
« En les aidant à maîtriser leurs tensions quotidiennes, ces salariés retrouvent leur aptitude à créer, inventer, résoudre leurs problèmes... En séance, très vite d'ailleurs, on voit tomber des barrières, des tensions qui sont autant de freins à l'imagination, donc à l'innovation. Et ça, les entreprises commencent tout juste à le comprendre. »
En séances individuelles ou collectives avec le sophrologue, la sophrologie se pratique selon ses préférences et ce que l'on recherche. On peut vouloir résoudre un problème de stress, de phobie sociale, de timidité excessive, apprendre à s'exprimer en public, passer des examens sans trac... Dans le sport de haut niveau, basketteurs, volleyeurs, footballeurs... peuvent bénéficier de cours collectifs et individuels, pour travailler à la fois le jeu en équipe et les performances individuelles.
Son avantage : elle ne nécessite aucun équipement ni même de tenue particulière. Allongé, assis ou debout, on la pratique dans toutes les situations.
Exactement ce que recherchait Gabin chef d'entreprise. « Dans mon métier, la pression est constante et les contraintes sont plus nombreuses. Et, de toute façon, je n'ai pas le temps de faire de sport. Aussi, j'avais un objectif très précis en entrant dans le cabinet du sophrologue, c'était de pouvoir me relaxer n'importe où et à tout moment, quand j'en avais besoin... Il m'a fallu six mois pour acquérir les différentes techniques de respiration, et depuis, j'ai mis au point ma petite formule personnelle pour déstresser. »
La sophrologie pour perdre du poids
En moins de dix séances, on sent déjà une amélioration. Le but est de réapprendre à contrôler ses propres états de tension, mais aussi ses états de relaxation, et d'apprendre à bien respirer. Le sophrologue réalise un travail de pédagogue : il enseigne la méthode. A chacun ensuite de se l'approprier afin de travailler seul. L'idéal étant de s'exercer tous les jours, ou au moins deux à trois fois par semaine.
Sylvie a suivi pendant un an et demi des séances avec un sophrologue pour perdre du poids. Revenue des régimes hypocaloriques, elle a en effet décidé un jour de traiter le problème "dans sa globalité". « La sophrologie a été pour moi le moyen de faire un régime sans... régime. En l'espace de huit mois, j'ai perdu huit kilos, sans manger moins, et même en mangeant tout à fait correctement. J'ai notamment appris à réguler mes systèmes nerveux et hormonal, j'ai calmé mon stress, je mange moins et mieux. Tout cela est venu naturellement, sans que j'aie besoin de me priver. Et même si, aujourd'hui, j'ai encore des kilos à perdre, je me sens bien mieux dans ma peau. »
Pour "redynamiser" les sans-emploi
Depuis une trentaine d'années, la sophrologie a fait son entrée en France dans le domaine social. Les initiatives, bien que peu nombreuses, ont donné des résultats intéressants. Des programmes de réinsertion professionnelle pour les chômeurs de longue durée au RMI intègrent la sophrologie à des activités sportives et culturelles. C'est très important pour "redynamiser" des personnes depuis très longtemps sans activité.
Psychologue de formation, Inès enseigne la sophrologie au "Cap d'Insertion", un centre de formation situé dans la région parisienne. « 80 % des personnes qui viennent à ces cours ont des problèmes personnels, de famille, de logement... et la majorité est analphabète. Au début, la sophrologie est difficile à leur faire comprendre, puis, quand ils voient que ça les détend, que ça leur fait tout oublier pendant un temps, ils continuent... Certains ont pu ainsi se rendre à des entretiens d'embauche : l'un de mes stagiaires m'a rapporté que, pour la première fois, il avait pu regarder son interlocuteur dans les yeux ; une femme, qu'elle avait enfin été capable de prendre des décisions et de dire tout haut ce qu'elle pensait... »
Après cette expérience encourageante, Inès a été sollicitée par une autre association pour y donner des formations...
Autre initiative originale, à l'école, cette fois. Alan , professeur des écoles à Roubaix, enseigne depuis trois ans la sophrologie à ses élèves de CM1 et CM2. Dans le but, dit-il, de faciliter leur apprentissage scolaire. « Après la récréation, les enfants sont dispersés. Les exercices de sophrologie leur permettent de retrouver leur calme... Plus concentrés, ils suivent mieux les cours.
« Je me suis rendue compte également que cela leur permettait d'avoir plus confiance en eux et d'être plus efficaces. Avant une interrogation écrite, ce sont d'ailleurs eux-mêmes qui le demandent ! Ce qui m'intéresse, c'est de les aider à devenir autonomes et attentifs à leur environnement ».
Les enfants découvrent ainsi comment mieux communiquer, ils apprennent aussi plus facilement. Et parce que le stress commence dès l'école, la sophrologie peut constituer un outil supplémentaire vers plus d'autonomie.
La respiration contrôle tout
La sophrologie s'articule autour de deux axes essentiels : la respiration et la relaxation.
- La respiration : il ne s'agit pas d'apprendre une seule façon de respirer, mais plusieurs. Une respiration bien maîtrisée peut tout contrôler. Au contraire, quand on est stressé, la respiration est plus courte, parfois elle s'arrête pendant un laps de temps (phénomène d'apnée). Les muscles et le cerveau ne sont plus oxygénés correctement. Ce qui entraîne une baisse de l'attention, de la concentration, de la réflexion et même du dynamisme. D'où la nécessité d'en prendre conscience et de savoir réadapter sa respiration.
- La relaxation : Elle amène à un état situé entre vigilance et sommeil, appelé le "niveau sophro-liminal" : la conscience est débranchée du monde extérieur et tournée vers les sensations intérieures. Le travail du sophrologue peut alors commencer . On entre, à ce moment-là, dans ce que les sportifs appellent "la zone" ou en "période rose" : pas de fatigue physique, pas d'idées négatives et une concentration maximale !
- Beaucoup de sophrologues intègrent un troisième axe : la visualisation, ou représentation mentale. Visualiser quelque chose de positif, c'est stimuler le mental. À condition que tous les détails y soient, couleurs, odeurs, sensations ou émotions procurées. La visualisation permet de se projeter dans l'avenir, de vivre une situation dans sa réalité objective, sans la surestimer ni la sous-estimer. Ainsi, on élimine les fantasmes, souvent des représentations négatives, qui provoquent peurs, angoisses, trous noirs, erreurs, maladresses...
À lire aussi :