Vitiligo : ce qu’il faut savoir sur cette maladie de peau

Vitiligo
Cette maladie de peau qu’est le vitiligo est très difficile à vivre car elle touche l’image corporelle de ceux qui en souffrent. On vous explique ce qu’il en est dans les grandes lignes.

Tout le monde est touché

Hommes, femmes, enfants le vitiligo peut atteindre tout le monde, à n'importe quel âge et sans distinction de race. Cette affection cutanée se caractérise par une disparition partielle ou totale des mélanocytes, ces cellules localisées dans l'épiderme et qui fabriquent la mélanine, responsable de la pigmentation de la peau.

Localement privée de mélanine, la peau se "décolore" : des plaques blanches apparaissent, qui peuvent aller de quelques centimètres carrés à plus de 50 % de la surface du corps. Si la peau ainsi dépigmentée garde un aspect normal, elle est privée de toute défense naturelle face au soleil : il faut donc la protéger en cas d'exposition.

Vitiligo : l'épiderme se dépigmente

Il existe deux formes de vitiligo. Le plus fréquent : le vitiligo "vulgaire" ou diffus. Ici, la dépigmentation survient surtout au niveau des zones sujettes aux frottements et aux pressions continus (mains, coudes, poignets, parties génitales…).

Les plaques blanches sont globalement bilatérales et symétriques. La dépigmentation peut s'étendre au fil des années comme rester stationnaire.

C'est une donnée impossible à prévoir, tout comme la vitesse à laquelle cette maladie est susceptible de progresser. En mesurant la disparition des mélanocytes, on distingue trois stades évolutifs. « Au premier stade, les taches passent souvent inaperçues car elles sont plutôt hypochromiques (peu de pigmentation) qu'achromiques (sans pigmentation). Les poils, eux, restent colorés. Au deuxième stade, le plus fréquent, les taches sont achromiques et les poils encore noirs : les mélanocytes ont disparu des réservoirs épidermiques mais pas des réservoirs folliculaires. Au troisième stade, la dépigmentation s'accompagne soit de poils blancs, soit de zones glabres.

La seconde forme de vitiligo est "segmentaire" : elle est localisée, unilatérale et ne s'étend pas au-delà d'une zone qui correspond, semble-t-il, au territoire d'un nerf. Beaucoup plus rare que le vitiligo vulgaire, il touche davantage les jeunes de 10 à 35 ans, en particulier sur le visage, le cou et le haut du corps.

Si on sait que ces deux formes de vitiligo n'ont en commun que la dépigmentation, on ignore tout du mécanisme qui les déclenche. Pourtant, trois théories principales se dégagent.

Le vitiligo pourrait être une maladie auto-immune. Mais on ignore encore ce qui dérègle le système immunitaire. La deuxième théorie est neurologique. Elle est fondée sur le fait que ce sont souvent des zones très innervées qui sont sujettes à la dépigmentation.

Enfin, il se pourrait que ce soit la protection des mélanocytes qui ne fonctionne plus. On retrouve aussi souvent une composante héréditaire laissant penser qu'il existe des facteurs génétiques.

Cortisone, vitamines ou photothérapie pour soigner le vitiligo

Vitiligo Diagnostic
© istock

Si on guérit rarement du vitiligo de façon définitive, on peut parfois réparer. Il est important d'établir un diagnostic médical rigoureux car le type de traitement et les chances de réparation dépendront de la forme du vitiligo, du stade d'évolution de la maladie, du terrain familial, de sa possible association avec une autre maladie, et de l'impact psychologique de l'affection.

Dans le cas d'un vitiligo vulgaire de stade I ou II, il y a d'abord la corticothérapie via l'application d'une crème contenant des dérivés de cortisone (l'ingestion de corticoïdes se pratique peu en France car le protocole est lourd et les effets secondaires nombreux...). Il faut l’utiliser de façon peu prolongée et sur des petites zones. La vitaminothérapie, elle, consiste à ingérer un cocktail de vitamines C, acide folique et vitamine B12. Quant à la prise orale de sélénium, le Dr Jean-Pierre Césarini a démontré qu'elle peut parfois ralentir l'évolution du vitiligo.

La photothérapie reste la technique la plus employée : il s'agit de stimuler les mélanocytes restants dans le réservoir folliculaire (à la racine des poils). Soit en associant le soleil naturel et le psoralène, un médicament photosensibilisant. Soit par l'héliothérapie, qui consiste à s'exposer progressivement au soleil jusqu'à obtenir un érythème léger. Soit par la puvathérapie, ou la récente UVB thérapie TL01. Ces deux techniques consistent à s'exposer deux à trois fois par semaine sous des lampes à UV. Les résultats obtenus sont les mêmes sauf que, dans le cas de I'UVB TL01, il n'est pas nécessaire de prendre des psoralènes avant l'exposition. Avec la photothérapie, on note une nette amélioration dans deux tiers des cas. Mais on enregistre aussi un certain nombre de récidives.

De plus, les séances sont mal prises en charge par la Sécurité sociale car classées dans les UV à visée esthétique et non thérapeutique.

Du côté de la chirurgie, on peut proposer, dans certains cas, la greffe mélanocytaire. Bien que très prometteuse, elle convient à des vitiligos segmentaires qui ne s'étendent plus depuis au moins deux ans, dont les taches n'excèdent pas 200 cm2 de surface et qui ne seront pas soumises à des frictions répétées et intenses.

Enfin, au quotidien, le maquillage est une "vraie solution" si l'on sait choisir le bon produit et si l'on sait l'appliquer. C'est aussi le rôle du médecin de mettre le patient en contact avec une esthéticienne spécialisée qui pourra lui montrer les bons gestes. Quant à l'autobronzant, appliqué sur tout le corps et non juste sur les plaques, il adoucit les contrastes avec subtilité.

Bon à savoir : Deux personnes sur trois atteintes de vitiligo connaissent une nette amélioration de leur état grâce à la photothérapie.

Attention aux frictions

Les lésions correspondent souvent aux zones qui sont soumises à des frottements ou à des pressions continues : il s'agit du phénomène de Koebner. Limiter les frictions permet de freiner, voire d'arrêter la progression de la maladie tout en optimisant le résultat de la repigmentation, spontanée ou thérapeutique. Pour cela, on vous explique quels sont les gestes quotidiens auxquels il faut prêter attention (sans pour autant s'empêcher de vivre) :

  • La toilette et le démaquillage doivent être effectués avec le plus de douceur possible.
  • Utilisez un savon liquide et étalez-le avec vos mains ou une éponge boule. Essuyez en tamponnant la serviette.
  • Attention à la brosse à dents qui frotte les commissures des lèvres.
  • Évitez d'appuyer votre menton ou votre front dans votre main, ou encore de poser vos coudes sur la table.
  • Les « coups » de peigne et de brosse peuvent laisser des traces sur la nuque et à la lisière du cuir chevelue.
  • Les hommes emploieront de préférence un rasoir mécanique, qui est plus doux que le rasoir électrique.
  • Bannissez les colliers lourds, les bracelets et les montres.
  • Exit les cols très ajustés, les ceintures, les vêtements, les bretelles de soutien-gorge et les chaussures trop serrés ainsi que les "jeans" et autres toiles rugueuses.

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