Les hommes sont-ils plus douillets que les femmes ?

Homme Douleur
Derrière la douleur des hommes se cachent des clichés tenaces. D’un côté, on les dit capables de souffrir en serrant les dents. Mais de l’autre, nous les trouvons souvent sensibles, prompts à amplifier leurs symptômes. Explications.

« Dès que mon mari jardine, son mal de dos revient. Il s'en plaint, mais refuse d'aller chez le médecin », raconte Céline. De fait, la douleur est complexe. Elle mêle des sensations corporelles, des émotions, des souvenirs et des croyances. Chacun de nous la ressent et l'exprime à sa façon. Il n'empêche que l'influence du sexe existe. C’est ce que montrent les études sur ce sujet.

Il en fait trop, il agit peu

Face à un banal mal de ventre ou de tête, un homme peut avoir des réactions disproportionnées : il geint, broie du noir, tâte sans cesse l'endroit douloureux. Bref, il en fait trop... sans pour autant se précipiter chez le médecin. Par paresse autant que par crainte. Les hommes ont souvent peur d'être déstabilisés par la maladie.

Ils en parlent d'abord à leur compagne(gnons), et selon ce qu'elle/il leur dit, ils viennent consulter ou pas. Le problème est qu'à force d'attendre, le risque est de se retrouver aux urgences médicales pour une péritonite généralisée. Ou bien encore de laisser la douleur s'installer. Elle existe alors en tant que telle, indépendamment de la blessure ou de la maladie initiale.

Trop attendre entraîne une mémorisation physiologique de la douleur. De nouvelles voies chimiques se créent et rendent les nerfs plus sensibles aux messages douloureux, ce qui entretient la douleur. Si votre conjoint se plaint d'une douleur traînante, poussez-le à consulter rapidement.

L’homme est pourtant moins sensible à la douleur

Comparé aux femmes, son seuil de sensibilité à la douleur est plus élevé ! Plusieurs équipes de chercheurs américains l'ont montré. D'abord, les hommes possèdent un nombre de récepteurs cutanés plus faible que les femmes : 17 fibres nerveuses par cm2 de peau du visage contre 34.

Leurs perceptions cutanées seraient donc moins nombreuses à être véhiculées jusqu'au cerveau. Cette différence pourrait expliquer leur plus grande résistance à la douleur. En cause également, les hormones sexuelles. Dans le cerveau, elles influent sur les mécanismes excitateurs et inhibiteurs de la douleur. Importante chez l’homme, la testostérone aurait un rôle protecteur.

Ce qui l'atteint moins

Bien évidemment, toutes les douleurs liées aux fluctuations hormonales. De même, les migraines les touchent trois fois moins que nous. Mais les migraineux ont tendance à peu consulter. En cause ? Des maux de tête peut-être moins forts ou un refus culturel d'admettre sa migraine.

Selon une étude de l'Institut national de prévention et d'éducation de la santé (Inpes), quatre fois moins d'hommes que de femmes consultent pour une douleur chronique.

Ainsi, seulement 20% des fibromyalgiques sont des hommes... en réalité sûrement davantage. Mais il n'est pas toujours aisé pour eux d'accepter une défaillance musculaire, donc de se prendre en charge. En fin, les études montrent qu'ils échappent globalement aux douleurs ostéo-articulaires du cou, des épaules et des genoux.

Ce qui touche le plus les hommes

Son talon d'Achille : les blessures de sport et les douleurs ciblées. En particulier sur le bas-ventre et les organes génitaux.

La douleur des testicules est un motif fréquent de consultation. Elle peut traduire toutes sortes de troubles : colique spermatique, infection du testicule, kyste, etc. Il s’agit généralement d'un trouble bénin, mais l’angoisse liée à ces douleurs peut en aggraver les symptômes.

Passé la cinquantaine, surgit le spectre du cancer de la prostate. Bien peu connaissent la localisation de cet organe, ni ses signes de faiblesse. On doit s'alerter en cas de douleurs proches de l'anus, d’une envie fréquente d'uriner, d’une miction lente, et surtout si son père a souffert d'un tel cancer. Mais il peut aussi s'agir d'infections de la prostate, curables avec un antibiotique pris sur le long cours.

Aux médecins, aux amis, il rechigne souvent à parler de ses maux. Alors il se "lâche" devant ses proches. Peut-être parce qu'il ne sait pas bien gérer la douleur, peut-être aussi pour se faire dorloter. Du coup, leurs compagnes les voient douillets, mais ce n'est pas de leur faute ! L'intensité de la plainte dépend de la cause, mais aussi d’une perception individuelle de la douleur.

Face à une personne qui se plaint trop souvent, il faut la prendre en charge. Une dépression refoulée, un stress au travail peuvent jouer sur cette exagération. En face, que faire ? Ni dénier sa douleur, ni l'entourer de trop de soins. II faut rester à la fois empathique et neutre. Au final, celui qui souffre et se plaint doit prendre conscience de son rôle à jouer sur sa douleur. Et indirectement, sur le couple.

Le circuit de la douleur dans le corps

  1. La douleur est ressentie via des récepteurs, appelés nocicepteurs, situés partout sur la peau et dans certains organes (muscles, articulations). Ils sont sensibles aux pincements, aux torsions, au chaud, au froid... et transmettent l'information d'abord à la moelle épinière puis au cerveau par les fibres nerveuses et les neurotransmetteurs.
  2. Dans la moelle épinière, le message nerveux déclenche une réaction réflexe, comme celle de retirer sa main quand on se brûle.
  3. Dans le cerveau s'établit la sensation de douleur. L'information de la douleur est traitée et associée à d'autres informations telles que les souvenirs, un état émotionnel. Le cerveau libère alors des substances calmantes, les endorphines.

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