Les jeunes terminent leur croissance par celle de la colonne vertébrale. Ce développement rapide du tronc se produit aux alentours des premières règles chez les filles, soit vers douze-treize ans, et à l'apparition des poils pubiens chez les garçons, vers treize-quatorze ans.
C’est à cette période que surviennent la plupart des problèmes vertébraux scoliose (déviation latérale de la colonne vertébrale) et cyphose (tendance à avoir le dos voûté).
Ces troubles sont sept fois plus nombreux chez les filles que chez les garçons, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Plusieurs facteurs sont mis en cause l'hérédité, un dysfonctionnement au niveau d’un disque vertébral, qui entraînerait une rotation de la colonne, ou encore un problème d'équilibre global.
Parents : comment examiner votre enfant ?
L'adolescence est un moment où les jeunes n'aiment pas montrer leur corps. Ils le cachent, deviennent pudiques. Pourtant, il est important que les parents soient vigilants. Ils doivent essayer, régulièrement, d’examiner le dos de leur enfant.
Que faire pour dépister une scoliose ?
Votre ado est en sous-vêtements (slip pour les garçons, culotte et soutien-gorge pour les filles).
Demandez-lui de se placer devant vous, de dos. Ensuite, vérifiez :
La taille : les "plis" de taille (creux au-dessus du bassin) sont normalement symétriques. Attention, une asymétrie peut être le signe d'une déviation vertébrale et donc d'une scoliose.
Les épaules sont normalement sur la même ligne horizontale. Une épaule plus basse que l'autre signifie qu'il peut exister aussi une scoliose.
Les omoplates : il ne faut pas que l'une des deux soit plus saillante.
Les côtés droit et gauche de son thorax (les côtes) vus de face doivent être symétriques. Vérifiez la hauteur des mamelons.
Que faire pour dépister une cyphose ?
- Votre ado est en sous-vêtements.
- Demandez-lui de se placer de profil.
- Vérifiez qu'il n'a pas le "dos rond" dans la région dorsale et une cambrure lombaire importante.
Scoliose, cyphose : attention aux fausses !
Certains problèmes ne sont pas des troubles de croissance, mais des défauts posturaux. L'attitude de scoliose peut être due à une longueur inégale des jambes. II suffit de mettre une talonnette dans la chaussure de l'enfant pour voir le problème disparaître. Elle peut aussi résulter d'une mauvaise position que certains jeunes adoptent spontanément.
L'attitude en cyphose se constate chez les adolescents qui marchent les épaules rentrées, ce qui entraîne un dos rond. Des séances de rééducation peuvent alors être utiles pour corriger cette attitude.
Mal au dos : des erreurs à éviter
Les adolescents se plaignent souvent de lombalgies, parce qu'ils se tiennent mal. Pour éviter ces maux de dos, voici la bonne position à adopter pour travailler et les erreurs à ne pas faire.
- Bien installé à son bureau, l'adolescent doit avoir les coudes posés à angle droit sur sa table de travail. On peut investir dans un tabouret ergonomique qui oblige à travailler les jambes repliées, ce qui évite de se cambrer (risque de lordose).
- Il ne faut pas travailler dans son lit ou allongé sur la moquette, à plat ventre ou sur le dos.
- II faut éviter, notamment pour les filles, de se laver les cheveux penchées en avant au-dessus de la baignoire.
- Il ne faut pas s'asseoir de travers sur sa chaise.
Sport : aucun n'est interdit !
L'activité physique n'est nullement contre-indiquée aux jeunes quand il existe une déformation de la colonne vertébrale. Elle doit juste être pratiquée raisonnablement, c'est-à-dire pas plus de quatre à six heures par semaine.
Aucun sport n'est interdit. Toutefois, certains sont à privilégier : le basket, le volley-ball, le hand-ball. Pour la natation, il faut préférer la brasse coulée à la brasse classique : cette dernière oblige à nager la tête hors de l'eau, ce qui a tendance à "lordoser" (creuser la région lombaire).
L'équitation en manège est également recommandée, car le moniteur collige régulièrement une éventuelle mauvaise position lors des exercices de maintien.
Pour certains troubles vertébraux très spécifiques (spondylolysthésis, dystrophie vertébrale), le médecin pourra pourtant interdire certains sports.
Traitement : la chirurgie seulement dans 5 à 10 % des cas
Après le diagnostic d’une scoliose ou d'une cyphose, dans un premier temps, il peut être prescrit à l'adolescent des séances de rééducation chez un kinésithérapeute, surtout si sa musculature est déficiente ou s'il existe un trouble du schéma corporel (enfant qui se trouve droit alors qu'il a une épaule plus basse).
Ces séances font prendre conscience au jeune de sa déformation. Les exercices de musculation du tronc et de la ceinture se font donc devant une glace. Ils durent vingt minutes au minimum et ont lieu, le premier mois, environ deux fois par semaine. Puis, lorsque l'adolescent maîtrise les exercices, il ne se rend plus qu'une fois par semaine chez le kiné. En revanche, il doit les faire tous les jours chez lui... s'il est sérieux. Cette rééducation dure environ un an. Elle se prolonge plus longtemps chez les jeunes qui ne pratiquent aucun sport et ne sont pas musclés.
L'adolescent est suivi tous les quatre à six mois par le chirurgien-orthopédiste et par la prise de radiographies.
Si le praticien constate une aggravation clinique et radiologique malgré les séances de rééducation, il recommandera le port d’un corset jusqu'à la fin de la croissance. Le corset est en plastique amovible et fait sur mesure après moulage. Il est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Il faut compter une quinzaine de jours pour que l'enfant apprenne à vivre avec. En fait, les parents ont souvent plus de mal à s'y habituer que les jeunes.
Selon l'importance de la déformation (qu'il s'agisse d'une scoliose ou d’une cyphose), le corset est porté uniquement la nuit, ou bien le jour et la nuit. Dans ce dernier cas, l'adolescent le retire pour faire du sport.
Dans 5 à 10 % des cas, le recours à la chirurgie est nécessaire. Il s'agit des déformations qui évoluent malgré le port du corset et qui ont atteint une angulation importante. L’intervention chirurgicale est lourde et à risque neurologique, mais l'évolution des techniques opératoires, depuis dix ans, a permis de rendre les complications exceptionnelles. L'opération nécessite environ deux semaines d’hospitalisation.
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Le cartable est-il coupable ?
On peut lui imputer le mal au dos dont se plaignent les jeunes, mais pas les troubles de la croissance. Ce qu'il faut savoir :
Préférer un sac à dos qui comporte : un bon support dorsal de taille et de forme adaptées à la morphologie de l'enfant, deux larges bretelles rembourrées et une attache à la ceinture.
Le porter haut sur le dos et les bretelles bien ajustées : il ne faut pas le laisser ballotter sur les reins, cela cambre le dos. Éviter qu'il pèse plus de 15 % du poids du corps de l'enfant. Au-delà, il est trop lourd pour le maintien d'une bonne position chez l’adolescent et devient un facteur de risque de lombalgie.
En théorie, une note du ministère de l'Éducation nationale de 1995 fixe la limite du poids du cartable à 10 % du poids de l’enfant. Mais elle n'est pas respectée. En moyenne, 49 % des enfants portent un cartable qui représente plus de 20 % de leur poids.
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