Chaque basket, ciblé pour un sport précis
Aujourd'hui, filles et garçons ont totalement détourné les chaussures de sport de leur but. Ils les portent pour aller en cours, en boite, etc. « Même lors des réunions de famille, je n'arrive pas à faire porter à Christophe des chaussures de ville », déplore Marie-Hélène, sa mère.
Pourtant, elles ne sont pas faites pour ça. Chaque marque, chaque modèle est de plus en plus ciblé pour un sport précis. Des exemples : la basket, adaptée au sport du même nom, est conçue pour amortir les chocs au niveau des capitons et de l'avant-pied, car le joueur est sans cesse en rotation. En porter quotidiennement ne permet pas au tissu cutané du pied de se développer, car les amortis sont trop importants.
La plupart des Puma, à l’origine étudiées pour le sport automobile, sont très plates. Elles ne respectent pas la voûte plantaire, le travail de flexion des genoux et des pieds ne peut donc pas se faire correctement lors de la marche. Les Converse, extra-plates et sans soutien latéral du talon, entraînent une hyper-extension des genoux et du bassin.
En revanche, la chaussure de running est adaptée à la marche, mais ce n'est pas la plus portée par les adolescents !
Pour ceux qui ne peuvent vraiment pas se passer de baskets, il est au moins conseillé de ne pas porter les mêmes deux jours de suite. « J'en ai plusieurs paires de marques différentes, précise Azia, 17 ans. Je change en fonction des tenues que je porte : jupe, pantalon... Il y en a toujours une qui convient. »
Quand leurs pieds souffrent
Les jeunes adeptes des baskets sept jours sur sept peuvent, très rapidement, rencontrer des petits soucis.
Des échauffements cutanés : les pieds, enfermés dans des chaussures qui ne respirent pas, transpirent et s'échauffent plus vite. La peau se fatigue et des phlyctènes (ampoules plantaires) apparaissent.
La solution : sous la douche, faire régulièrement un gommage des pieds et utiliser des crèmes anti-callosités. « C’est vrai que j'ai un peu de corne sous les pieds, dit Sarah, 17 ans. Je mets régulièrement de la crème hydratante pour assouplir, et quand ça me gêne trop, je prends rendez- vous chez le pédicure ! ».
Il est impératif de ne jamais porter ses chaussures de sport pieds nus, car cela entretient un foyer microbien permanent.
Des micro-traumatismes des ongles : peu maintenu dans les baskets et tennis, notamment lorsque ces chaussures ne sont pas lacées, le pied a tendance à s'effondrer. L'avant-pied (c'est-à-dire au niveau des orteils) s'affaisse, les ongles s'incarnent.
La solution une coupe droite et régulière des ongles.
Des mycoses : elles sont favorisées par la transpiration excessive. Le "pied d'athlète" (nom de cette mycose) se développe entre les orteils : de petites vésicules se forment puis la peau desquame, se fissure, etc. Le champignon peut s'étendre également aux ongles.
La solution : bien se laver et se sécher les pieds après la douche, notamment entre les orteils. Avant de mettre ses baskets, masser ses pieds avec une crème ou une poudre anti-transpiration. De temps en temps, utiliser en prévention un antifongique. Porter de préférence des chaussettes en coton, idéalement en fil d'Écosse et les changer tous les jours !
Pour ceux et celles dont les baskets ont une semelle amovible, il est conseillé de la laver en machine chaque semaine.
Attention aux articulations
Dans une chaussure de ville, le pied est obligé de travailler, de se muscler. Ce qui n'est pas le cas dans les baskets lorsqu'elles sont portées quotidiennement.
Certaines absorbent trop les chocs, d'autres ne les absorbent pas du tout. Dans tous les cas, cela peut entraîner le développement de diverses pathologies.
Au niveau du talon d'Achille, les jeunes souffrent de problèmes d'inflammation. Leurs genoux sont trop souvent en extension, ce qui retentit sur les cartilages (ces derniers sont fragiles car en pleine croissance), allant jusqu'à provoquer des micro-arrachements aux zones d'insertions des tendons.
Les "accros" des baskets à l'adolescence risquent aussi de s'en mordre les doigts à l'âge adulte. Dès l'âge de trente ans, on voit apparaître des problèmes de ménisque, de rotule, de dos, de voûte plantaire... Soucis qui ne se voyaient pas si tôt auparavant.
Heureusement, la pratique d’une activité sportive permet de limiter les risques, car le jeune façonne alors ses muscles. Elle est vraiment à encourager.
Ceux qui courent le plus de risques sont en fait les adolescents sédentaires, dont le seul loisir est l'ordinateur ou la console de jeux. L'absence de travail mécanique induit chez eux un faux pied-plat (rotation interne de la cheville).
Des baskets réservées pour le sport
Les adolescents, plus particulièrement les garçons, sont nombreux à garder aux pieds les mêmes baskets pour aller en cours et faire du sport. C’est contre-indiqué, car l'usure de la chaussure diffère selon son utilisation. En marchant, les baskets s'usent longitudinalement ; en faisant du sport, la détérioration touche les bords externes.
Résultat : quand on marche, les pieds ne sont plus en adéquation avec le sol. Cette instabilité peut avoir des conséquences. Les muscles de la colonne vertébrale se contractent, ce qui amène des tensions et peut l'abîmer. Les genoux s'adaptent aux pressions subies, ce qui risque d'entraîner un genu valgum (genou vers l'intérieur). Il est impératif de réserver une paire de baskets exclusivement pour l'usage du sport.
Le mieux serait encore que les mocassins et souliers à lacets fassent un retour parmi les accessoires de mode destinés aux adolescents...
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