Maman étouffante ou trop affectueuse… nos conseils

Maman Et Sa Fille
Les enfants ont besoin d’amour pour grandir. Mais une relation trop fusionnelle peut devenir étouffante pour l’enfant, comme pour la maman. Câlins, mots doux… Les mères d’aujourd’hui sont plus démonstratives que celles d’hier. Et multiplient les preuves d’amour. Comment peut-on être « trop affectueuse ? On ne donne jamais assez d’amour à ses enfants ! Mais l’amour et l’affection ne se confondent pas. Entre les sentiments si profonds qui unissent une mère à ses enfants et les gestes qu’elle leur prodigue, les attentions qu’elle leur donne, la tendresse qu’elle leur manifeste, il y a parfois comme un trop-plein qui se déverse, les ligote un peu et les retient à nous.

Quander d'où vient cet instinct qui nous pousse à les serrer dans nos bras, comme pour nous assurer qu'ils ne nous échappent pas. Ou pour combler notre inquiétude maternelle...

« Mais je ne veux que leur bien ! »

Quand ses enfants partent en vacances sans elle, Anne les appelle au minimum une fois par jour. Elle se fait souvent expédier par des petites voix impatientes de retourner jouer. Elle en rit : « Ils s'amusent bien ! » Ils lui manquent terriblement.

Anne est une mère très affectueuse qui a du mal à lâcher ses poussins. Elle veut s'assurer qu'ils vont bien. En leur téléphonant tous les jours, elle veut leur dire « Je suis là et s'il vous arrive quoi que ce soit, je volerai à votre secours ». Cette sollicitude et cette attitude protectrice sont bien naturelles, mais peut-être un peu excessives ? En effet, les enfants d'Anne sont entre de bonnes mains, autrement elle ne les aurait pas laissés partir. Comme beaucoup de mères, Anne serait certainement outrée de s'entendre dire qu'elle est "trop" affectueuse. Elle se défendrait en disant « Mais je ne veux que leur bien ! » Ce qui est certainement profondément sincère. Sauf que le besoin de donner des mères ne correspond pas toujours à ce que leurs enfants ont besoin de recevoir. Il faut tenir compte de la capacité à recevoir d'un enfant En leur téléphonant ainsi alors qu'elle sent bien que cela les agace un peu et qu'ils ne savent pas quoi lui dire parce qu'ils sont pris dans leurs jeux et dans leur joie, Anne ne se rend pas compte qu'elle fait un peu intrusion dans leur monde. Elle a besoin de dire à ses enfants à quel point elle les aime... comme s'ils ne le savaient pas et comme s'ils risquaient de l'oublier.

C'est plus pour combler sa propre inquiétude que pour rassurer ses enfants - qui vont très bien - qu'Anne manifeste ainsi sa tendresse. Et sa présence, car c'est aussi une manière de rester dans leur vie et d'être sûre de maintenir le lien qui les unit. Comme si ce lien risquait de se dissiper en aussi peu de temps !

« Ils ont tellement besoin de moi ! »

Quand Romain va mal, sa mère ne le lâche pas d'une semelle. Il se barricade dans sa chambre. Elle le suit. L'interroge.« Tu es sûr que ça va ? » Romain n'est plus un tout-petit, il a quinze ans, mais sa mère ne peut pas s'empêcher de continuer à le couver sous ses ailes protectrices !

Les enfants ont une grande capacité d’adaptation. Un trop-plein d'amour peut être bien vécu aussi et donner un sentiment de sécurité affective pour toute la vie.

Quand son pré-ado lui réclame de la tendresse et de se faire rabrouer dans la minute qui suit parce qu'il lutte contre son besoin d'affection.

Il faut être capable de jongler avec ces demandes parfois contradictoires, sans pour autant se sentir rejetée. Il faut être sûre que l'amour existe, même dans les moments où il ne se montre pas !

Cette attitude un peu surprotectrice n'est pas nécessairement mauvaise quand on sent qu'il va mal ou que quelque chose ne tourne pas rond est tout à fait légitime. A condition de ne pas lui communiquer une inquiétude qu'il ne ressent peut-être pas (il a peut-être tout simplement envie d'être seul ou de s'en sortir tout seul).

S'il est impossible de prédire ce qu'il adviendra d'un enfant qui a été "trop couvé et trop câliné, parce qu'il n'y a pas que l'affection d'une mère, pour irremplaçable qu'elle soit, qui fait grandir, on peut juste en évoquer les risques. Plus une mère montre son affection à son enfant, quel que soit son âge, plus elle court le risque de le maintenir dans son cocon protecteur (tout est tellement merveilleux à la maison, à quoi bon découvrir le reste du monde ? ) ou, au contraire, de le voir se révolter et refuser d'y rester.

« SOS , ma mère m'étouffe ! »

Les ados se le disent entre eux. "Ma mère, elle est « trop » .  Les adultes le pensent parfois de leur propre mère... ce qui explique le succès des blagues, livres et films qui mettent en scène des mères abusives. On reconnaît souvent sa propre mère dans ces caricatures, mais on se retrouve rarement soi-même. Et pourtant... Si, dans la génération précédente, l'affection se montrait moins que de nos jours, aujourd'hui, les démonstrations de tendresse sont non seulement très valorisées, mais considérées comme normales.

Une mère très affectueuse, mais peu démonstrative, passe pour une femme froide et peu maternelle. Du coup, les mères en font parfois trop, même par rapport à leur tempérament. Elles veulent montrer leur affection à leur enfant, mais aussi à tout leur entourage. Or, s'ils sont les bienvenus dans les moments de détresse ou de régression qui nous précipitent tous, enfants ou adultes, dans les bras de ceux qui nous aiment et savent nous le faire sentir, ces gestes d'affection sont difficiles à supporter en public parce qu'ils font partie de l'intimité.

A tout âge, chacun a besoin d'avoir son monde secret et de le soustraire à la curiosité, aussi affectueuse soit-elle, de ses proches et de sa mère. C'est une question de feeling. Il faudrait arriver à comprendre - ce qui n'est pas facile - ce que son enfant est capable de supporter comme démonstration d'affection. Encore faut-il être capable soi-même de s'abstenir de les embrasser en public, de leur faire mille recommandations devant témoins, d'éviter les démonstrations de tendresse qui les plongent dans l'embarras et les poussent à se dégager de nos bras, et à nous faire de la peine du même coup, ce qui n'est agréable ni pour eux ni pour nous !

« En cas de difficulté, tu peux toujours compter sur moi »

Faut-il le montrer ? N'est-ce pas évident ? Si ça ne l'est pas, s'ils ne sentent pas qu'ils peuvent compter sur leur mère quoi qu'il arrive et quel que soit leur âge, mieux vaut le leur dire et le leur prouver que le leur promettre à travers des gestes qui, parfois, disent autre chose. Que disent-ils, ces gestes tendres ?

"J'ai peur pour toi". "Ne me quitte pas". "Ne m'exclus pas de ta vie". "Ne me laisse pas seule avec toute cette affection dont je déborde et dont je ne sais pas quoi faire car elle t'est destinée".

Il faut savoir rompre avec le lien charnel qui nous unissait si fort à nos bébés. Car ils grandissent, ces bébés, et ils doivent faire leur chemin et mener leur vie tout seuls. On a beau le savoir, c'est parfois plus fort que nous.

Or, cette affection qui nous remplit, nous ne devons pas en faire de nos enfants les seuls et uniques destinataires, car le poids d'une affection uniquement concentrée sur leur tête est bien trop lourd à porter. Mais aussi pour nous, car, une mère doit « désirer ailleurs », avoir d'autres investissements, d'autres désirs et d'autres sources de plaisir que son enfant.

« Ils ne m'appellent que lorsqu'ils ont besoin d'un service ! »

C'est la complainte des mères en mal d'affection. Celles qui ont du mal à admettre que, l'amour n'a pas toujours besoin de se montrer. Devenus adultes, les enfants sont sur-occupés, débordés par leur propre vie : leur métier, leur couple et leurs propres enfants. Alors, certaines mères deviennent un peu abusives, téléphonent pour un oui ou pour un non, pour rappeler à leurs enfants qu'elles existent et qu'elles leur ont tant donné. C'est ainsi que l'on voit des hommes continuer à donner leur linge à laver à leur mère alors qu'ils sont adultes depuis de nombreuses années ou, à l'inverse, des femmes abréger l'appel téléphonique d'une mère (trop) empressée en l'envoyant le plus délicatement possible sur les roses d'un

"Maman, je n'ai pas le temps de te parler, j'ai mille choses à faire ! "

Une mère trop affectueuse a aussi plein de bons côtés. Chaque enfant a sa personnalité et apprend à composer avec celle de ses parents et des autres en général. Ce n'est pas parce qu'une mère est trop affectueuse que ses enfants resteront dans ses jupons ad vitam aeternam ou s'enfuiront à toutes jambes pour couper le cordon.

On pourrait très bien assurer, à l'inverse, qu'avoir eu une mère très démonstrative permet de ne pas avoir peur des liens et de l'intimité et de devenir très démonstratif à son tour, ce qui n'est pas forcément désagréable pour l'entourage. Il ne faut pas s'imaginer qu’un éventuel excès d'affection empêchera un enfant de grandir et de devenir un adulte autonome. Il y a des familles très démonstratives où la sollicitude se transmet de mère à fille sans pour autant traumatiser ceux et celles qui ont fait l'objet d'une telle ardeur.

En matière d'affection, il n'y a pas de norme. Chaque mère fait comme elle sent et comme elle peut. La plupart des mères sont assez raisonnables pour ne pas accabler leurs enfants d'une affection trop pesante qui ne s'adresse pas toujours vraiment à eux. Car, quand on déborde d'affection à l'égard de son enfant, on peut se poser à soi-même la question : "Pourquoi ai-je tellement besoin de montrer ce qui va de soi ? " » On pourrait ajouter : à qui ces mères ont-elles besoin de donner à voir qu'elles aiment autant leurs enfants ? A elles, à leurs enfants ou à l'entourage ?

Conseils pour un juste équilibre

  • Soyez disponible mais ne le faites pas trop sentir.
  • Respectez le besoin de liberté et d'autonomie de vos enfants et tenez-vous prête à les aider, mais seulement quandent,
  • Soyez à l'écoute et apprenez à transformer vos marques d’affection en fonction de leur âge,
  • Ne soyez pas trop démonstrative en public.
  • Apprenez à repérer les moments où ils ont besoin de votre affection et ne vous précipitez pas pour les prendre dans vos bras quand ils ont envie de s'en sortir tout seuls,
  • N'ayez pas peur d'être rejetée ou critiquée, cela fait pallie du "métier" de mère !
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