Sophie, la trentaine, est mal dans sa peau, elle a le sentiment que le bonheur n'est pas fait pour elle « Lorsqu'un homme tombe amoureux de moi, je pense qu'il se trompe sur mon compte... S'il me plaît, une peur affreuse m'envahit : si nous avions une liaison, il ne tarderait pas à s'apercevoir de mes défauts. Mieux vaut ne pas aller plus loin dans cette relation... Je n'ai même pas mon travail pour me consoler. Comme je n'ai jamais cru en moi, je végète dans un métier que j'aime peu... Au fond je ne m'aime pas... »
Accepter ses qualités et ses défauts
Pourtant, Sophie est séduisante et a des atouts pour réussir, mais une petite voix intérieure l'empêche de s'épanouir. Cette petite voix, le Dr Frédéric Duffour , psychiatre, l'appelle "Radio Critique". Elle serine à Sophie : "Ne fais pas ceci ou cela, tu sais que tu n'en es pas capable"... Pour prévenir l'échec, Sophie renonce à agir et, de ce fait, échoue faute d'avoir essayé..
Elle ressent en fait ce que les psychiatres nomment une faible "estime de soi". En France, plus de trois millions de personnes sont dans ce cas. Certaines s'isolent, refusent toute invitation ; d'autres restreignent leur vie sociale à quelques personnes...
L'estime de soi est une dimension fondamentale de la personnalité. Elle permet de s'accepter, de vivre en paix avec soi-même, de ne pas se dévaloriser ni d'être en permanence insatisfait de ce que l'on fait et de ce que l'on est. Elle permet d'agir, d'entreprendre quand c'est difficile et que l'on n'est pas certain de réussir. De s'accepter avec ses défauts et ses qualités, sans vouloir s'idéaliser en permanence.
Une personne qui a une faible estime de soi aura de nombreux préjugés négatifs sur elle-même. Elle pensera : "Je ne suis pas capable de faire cela", "J'ai besoin que tout le monde m'aime, car je ne m'aime pas" ou encore "Je rate tout ce que je fais Les personnes souffrant d'une faible estime de soi sont souvent des perfectionnistes, très sensibles à l'opinion des autres..
Se fixer des objectifs raisonnables
« Paradoxalement, les gens manquent souvent de confiance en eux parce qu'ils ont des exigences trop élevées, explique le Dr Duffour. Ils mettent la barre trop haut et n'y arrivent pas. » Dans un premier temps, il faut leur apprendre à réajuster la vision qu'ils ont d'eux-mêmes en leur rappelant des situations où ils ont réussi.
Pour commencer, ils peuvent demander à deux ou trois proches ce qu'ils pensent d'eux. Très souvent, ce "nouvel éclairage" est un facteur déclenchant dans la progression vers une meilleure estime de soi. On peut ainsi découvrir des aspects positifs de sa personnalité, jusque-là négligés.
Il faut également passer à l'action, se montrer que l'on est capable d'agir en se fixant des objectifs et contredire le regard négatif que l'on porte sur soi-même.
Le Dr Christophe Durdant, psychiatre, demande ainsi à ses patients d'arrêter dix personnes dans la rue pour leur demander leur chemin et de faire un rapport de ces contacts. Ces petites actions vont permettre de modifier sa relation aux autres, de les considérer comme des partenaires et non plus comme des censeurs... Seul le patient est l'artisan du changement, le thérapeute ne peut que l'aider dans cette démarche.
À lire aussi : Comment retrouver confiance en soi ?
Confiance en soi : ne pas redouter l'échec
Il faut apprendre à douter, car ce qui caractérise une bonne estime de soi, ce n'est pas l'absence de doute, mais c'est le fait de savoir réagir intelligemment à ces doutes, d'affronter l'échec. Il est en effet normal d'échouer ; en revanche, ce qui devient pathologique, c'est le fait de croire que les échecs révèlent notre incapacité à agir et même à être...
Certaines personnes, à l'inverse, sont victimes d'un excès d'estime de soi... Ce sont des "personnalités narcissiques" , qui se pensent supérieures aux autres et ne supportent pas la contradiction.
Elles attribuent systématiquement leurs échecs aux circonstances ou à leur entourage. En revanche, elles auront tendance à s'obstiner quand elles s'investissent dans une entreprise risquée qui peut les conduire à la catastrophe.
À lire aussi : L’hypnose pour reprendre confiance en soi
Conseils pour positiver
Se connaitre : il ne s'agit pas de se perdre dans l'introspection, mais de bien connaître ses capacités et ses limites.
S’accepter : une fois que l'on a identifié ses qualités et ses défauts, il faut éventuellement changer les seconds ou bien les accepter. Avoir une bonne estime de soi n'implique pas d'être parfait, mais d'assumer ses défauts.
Agir : en entretenant l'estime due l'on a de soi. Au quotidien, il faut se donner une foule d’objectifs modestes à atteindre. Une fois atteints, ils nous permettront de ressentir une satisfaction personnelle.
« Faire taire la critique intérieure » : cela vous permettra de prendre conscience que vos difficultés ne viennent pas uniquement de la tâche que vous entreprenez, mais aussi d'un manque de confiance en vos capacités.
Apprendre de ses échecs : Il faut "agir" et prendre le risque d'échouer. Mieux vaut faire l'expérience de l'échec, pour le dédramatiser, que vouloir l'éviter à tout prix. Ne pas voir les choses en blanc ou en noir, mais imaginer un résultat intermédiaire entre le triomphe et la catastrophe.
Ecouter le point de vue des autres : chercher à le comprendre, mais manifester sa différence Si l'on n'est pas du même avis, que ce soient les proches, les collègues… ils peuvent nous aider à "nourrir" notre estime de soi, dites plutôt "J'aimerais" que « j’en ai marre ». Pour cela, il faut vous demander quel objectif se Cache derrière votre plainte et donc rechercher une solution à cette plainte.
Valorisez votre enfant : une étape importante également
L’estime de soi de se en place très tôt. La meilleure pédagogie, c'est l'exemple. Les enfants vont intérioriser la manière dont les parents affrontent leurs difficultés. Donc commencez par agir sur votre propre estime de soi. Ensuite, il faut faire attention à la manière dont on élève son enfant : le féliciter pour ses succès, ne pas le décourager devant ses échecs...
Ainsi, un enfant que l'on gronde à chacun de ses échecs, en lui faisant remarquer qu'il est moins bien que son frère, risque d'acquérir, à l'âge adulte, des réflexes de pensée d'auto dévalorisation et de phobie de l'échec, Il faut aussi exprimer régulièrement soutien et amour à ses enfants en évitant, toutefois, de les couvrir de cadeaux sous prétexte de manifester de l'affection.
À lire aussi :