La greffe de cœur, le manque de greffons
Des centaines de patients souffrant d'insuffisance cardiaque progressive et irréversible sont en attente, chaque année, d'une greffe du cœur, seule solution qui peut leur être proposée. Certains, par manque de greffons, ne peuvent pas en bénéficier.
Pour eux, un ventricule gauche artificiel nommé "Arrow Coeur de Lion" offre une alternative à la transplantation. Mieux, il peut même être utilisé en cas de contre-indication à la greffe.
Entièrement implantable, contrairement aux autres "cœurs artificiels", il a l'avantage de procurer une véritable indépendance. Les batteries peuvent se porter à la ceinture accordant une plus grande liberté de mouvement.
Sur les 30 patients qui devraient recevoir ce nouveau matériel de pointe, trois ont déjà bénéficié en Allemagne de cette thérapeutique. L'équipe française du Pr Iradj Gandjbakhch de la Pitié-Salpétrière, composée du Pr Alain Pavie, du Dr Philippe Léger et du Dr Pascal Leprince, a réalisé le 5 juin dernier, pour la première fois en France, l'implantation de ce type de cœur chez un quatrième patient, un homme de 70 ans. Une avancée considérable et prometteuse si ce dispositif donne les résultats espérés : il pourrait sauver 70 à 80 % des malades atteints d'insuffisance cardiaque terminale.
Une solution permanente
La mise en place de ce petit ventricule gauche électrique nécessite environ 5 heures. Une technique complexe, mais aujourd'hui bien maîtrisée. Il ne s'agit pas d'une solution provisoire en attente d'une greffe ou de la récupération de la fonction cardiaque.
L'implantation définitive dans l'abdomen de ce dispositif évite une trans- plantation cardiaque. Il se compose d'une pompe et d'une batterie pesant aux alentours de 1,3 kilo.
Remplaçant le ventricule gauche défectueux, la pompe artificielle, par l'intermédiaire de deux canules d'entrée et de sortie, pulse le sang en provenance du cœur gauche dans la crosse de l'aorte qui va se charger de le distribuer aux principaux organes de l'organisme.
Les "cœurs artificiels" existant déjà sont tous reliés aux batteries extérieures par un fil ou un câble traversant la peau. "Arrow Coeur de Lion est, quant à lui, dépourvu de tout branchement transdermique. La batterie interne (implantée sous la peau) est alimentée par une batterie externe (posée sur la peau) fixée à une ceinture. Le courant passe de l'une à l'autre par induction électrique à travers la peau.
Ce matériel, prévu pour être gardé en permanence, s'adresse aux personnes en insuffisance cardiaque terminale souffrant d'une défaillance du ventricule gauche.
Or, ce dernier effectue, à lui seul, près de 80 % du travail cardiaque. Les patients en attente de trans- plantation cardiaque, dont 80 à 100 d'entre eux meurent chaque année faute de greffe, pourront bénéficier de ce traitement. De même, les personnes n'ayant pas droit à une transplantation (sujets âgés ou jeunes ayant une maladie susceptible d'être aggravée par le traitement immunosuppresseur comme une diverticulose, un ulcère évolutif, des antécédents de cancer...). En revanche, ce dispositif ne peut convenir aux patients souffrant d'une atteinte des deux ventricules cardiaques (droit et gauche) ni aux sujets dont le poids est inférieur à 40 kilos.
Il n'est pas adapté non plus aux cas d'extrême urgence.
Le plus pour les patients
Il s'agit d'un traitement supplémentaire capable de sauver des patients pour qui aucune thérapeutique ne pouvait, jusque-là, leur être proposée.
L'amélioration de la qualité de vie par une plus grande autonomie est un critère très appréciable car ce matériel permet de mener une vie quasi normale. Tout d'abord, la batterie interne accorde au patient une indépendance totale d'une demi-heure pour accomplir les gestes de son choix (prendre une douche...).
La batterie possède, quant à elle, 2 à 3 heures d'autonomie, mais se recharge à la façon d'un téléphone portable. En promenade, le patient se déplace avec deux batteries de rechange, ce qui lui laisse une autonomie de 6 heures. En voiture, il a la possibilité de se recharger sur son allume-cigare. A domicile et la nuit, il peut aisément être relié à une prise électrique.
Entièrement automatique, la pompe ne se règle pas. Elle s'adapte totalement aux besoins du patient, accélérant et ralentissant en fonction de ses activités.
Contrairement à d'autres dispositifs, elle est peu bruyante.
Les patients s'épargnent un risque de rejet et les inconvénients d'un traitement immunosuppresseur observés en cas de greffe.
L'éviction du passage d'un fil à travers la peau, grâce à ce dispositif entièrement implantable, permet de réduire de façon importante le risque d'infection.
Quelques contraintes…
Cette machine possédant des valves artificielles, elle nécessite la prise quotidienne d'anticoagulants. La durée de vie de la batterie implantée est estimée à 2 ans. Il est donc prévisible, comme pour les pacemaker, que les batteries internes soient à changer dès l'expiration de ce délai, même si cette intervention est bénigne.
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