La conisation du col de l’utérus

Conisation Col Uterus
Intervention chirurgicale méconnue du grand public, la conisation est un traitement efficace dans la prévention du cancer invasif du col de l’utérus. Pourquoi réaliser une conisation ? Comment se déroule l’intervention ? Quelles suites post-opératoires ? Des réponses claires et complètes dans cet article.

Une conisation est un acte chirurgical qui consiste à supprimer les tissus malades sur une partie du col de l’utérus. Le terme conisation tire son origine de l’incision réalisée en forme de cône. C’est une chirurgie simple et bénigne à visée préventive du cancer du col de l’utérus.

La conisation comme traitement de la dysplasie cervicale

Joyaux par excellence de la féminité, les organes reproducteurs féminins sont au cœur des préoccupations avec l’augmentation constante des cancers chez la femme (INCa, Panorama des cancers en France (2021) ).

. Pourtant, le cancer du col de l’utérus peut facilement être évité lorsqu’il est dépisté précocement. C’est pourquoi, les dames sont invitées à réaliser tous les ans puis tous les 3 ans un frottis cervico-vaginal dans le but de s’assurer de la bonne santé de leur col.

L’analyse cytologique du frottis peut révéler une anomalie des cellules du col appelées dysplasie cervicale.

Qu’est-ce que la dysplasie cervicale ?

Les dysplasies cervicales sont causées par une modification anormale des cellules du col liée à une infection au papillomavirus (HPV). Elles sont en général bénignes et se résorbent d’elles-mêmes. Cependant, dans une minorité des cas, ces cellules pré-cancéreuses peuvent évoluer vers un cancer au bout d’une dizaine d’années si elles ne sont pas traitées.

Il existe plusieurs degrés de dysplasie cervicale en fonction de l’atteinte lésionnelle :

  • Les lésions intraépithéliales de bas grade (LSIL, ou dysplasie légère)
  • Les lésions intraépithéliales de haut grade (HSIL, ou dysplasie modérée à sévère)

Lorsque le frottis a mis en évidence une dysplasie, une colposcopie est prescrite dans le but de confirmer et affiner le diagnostic.

Qu’est-ce qu’une colposcopie ?

Une colposcopie est un examen gynécologique durant lequel le praticien observe le col à l’aide d’une loupe binoculaire appelé colposcope. Les tissus malades sont repérés à l’aide de deux colorants à base d’iode et de potassium qui vont réagir en présence des cellules atteintes. Facilement discriminable à l’œil, le gynécologue pourra alors prélever une petite partie de tissus malades puis l’enverra en analyse dans un laboratoire d’anatomopathologie. C’est la biopsie.

Qu’apporte la biopsie ?

L’analyse histologique des tissus biopsiés déterminera si les lésions sont de bas grade ou de haut grade.

  • En cas de lésions de bas grade (CIN 1), une simple surveillance est préconisée sauf lorsque les lésions persistent au-delà de 2 années.
  • Lorsque la biopsie confirme une dysplasie modérée à sévère (CNI 2 et CNI 3), cela signifie que les cellules pré-cancéreuses ont atteint les couches profondes du col et qu’il est nécessaire de traiter pour éviter l’évolution vers un cancer. C’est ici que la conisation est indiquée.

Les différentes méthodes de conisation

La conisation consiste à éliminer toutes les cellules de dysplasie en incisant la zone malade.

Plusieurs méthodes existent :

  • La conisation par bistouri froid ou laser : ce sont des procédures longues de moins en moins pratiquées face aux progrès médicaux dans les techniques de résection.
  • La conisation par anse diathermique(ou LEEP pour « Loop Electro Excision Procedure »). Cet instrument en forme de « fil à couper le fromage », est traversé par un courant électrique qui va inciser et cautériser simultanément les tissus. L’incision débute en périphérie de la zone à traiter puis va entrer un peu plus en profondeur avant de revenir vers la couche superficielle du col. La forme du cône est ainsi obtenue.
  • La conisation à pointe fine électrique (SWETZ) partage la même finalité que la technique précédente. Elle sera davantage préconisée en cas de lésions profondes.

Quelle méthode choisir ?

Le choix de la méthode dépend de la taille des lésions et de leurs profondeurs :

  • La conisation par anse diathermique sera indiquée dans le cas d’une atteinte de dysplasie peu étendue (environ 80% des cas), Cette technique est la plus répandue à l’heure actuelle, car elle est peu invasive. L’inconvénient est qu’elle peut conduire à des excisions incomplètes dans les stades avancés.
  • La conisation à pointe fine électrique (SWETZ) sera réalisée dans 10 à 15% des cas, lorsque les lésions touchent les couches profondes du col.

Dans tous les cas, la technique utilisée sera déterminée par le praticien qui considèrera tous les facteurs vous concernant.

Comment se passe l'intervention ?

Deroulement Operation Conisation Col Uterus
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La conisation est un acte chirurgical simple et rapide. Elle ne nécessite pas d’hospitalisation longue et peut être réalisée en ambulatoire (vous ressortirez de l’hôpital quelques heures après l’intervention, en présence d’un accompagnateur).

  • Un rendez-vous avec l’équipe médical est organisé en amont pour faire le point sur votre état de santé, vos antécédents médicaux ainsi que vos traitements en cours.
  • Au bloc opératoire, vous êtes installée sur la table d’opération en position gynécologique (c’est-à-dire, allongée sur le dos, les jambes surélevées sur des repose-jambes). L’anesthésiste, le chirurgien et le reste de l’équipe soignante sont à vos côtés.
  • Une fois en place, le praticien écarte les parois du vagin à l’aide d’un spéculum. Dans la majorité des cas, une anesthésie locale est réalisée au niveau du col afin d’éviter toute douleur. Une anesthésie loco-régionale (péridurale) ou générale est également envisageable dans certaines conditions.
  • Une fois la zone endormie, une nouvelle colposcopie est menée pour mettre en évidence la zone de dysplasie. L’ablation du cône est réalisée. La partie de col extraite est ensuite envoyée pour analyse dans le but de préciser le type de lésion, et s’assurer que toutes les cellules anormales ont été retirées. On parle de marges saines (c’est-à-dire sans reste de cellules de dysplasie). Le praticien peut ensuite utiliser un laser afin de traiter les cellules avoisinantes potentiellement malignes. Les saignements résiduels sont arrêtés. L’intervention est terminée. Elle aura durée entre 10 à 30 minutes.

Est-ce douloureux ?

Cet acte chirurgical est considéré comme étant peu douloureux, mais un antalgique peut être prescrit avant l’intervention. De légères douleurs comparables aux crampes menstruelles peuvent être ressenties durant et quelques jours après l’intervention. Dans ce cas, n’hésitez pas à demander un antalgique à l’équipe soignante.

Les risques de cette opération

Les risques liés à cette intervention sont rares, mais peuvent survenir dans certains cas. Les principales complications sont les suivantes :

  • L’hémorragie durant l’intervention. Dans ce cas, la procédure consistera à réaliser des points hémostatiques ou à placer une compresse vaginale (mèche) qui se résorbera d’elle-même.
  • L’hémorragie tardive. Elle se caractérise par des saignements de couleur rouge vif, plus abondants que des menstruations normales et la présence de caillots. Une consultation en urgence est requise.
  • Une infection, caractérisée par des douleurs dans le bas du ventre, de la fièvre et des pertes malodorantes.
  • Sur le long terme, une sténose du col peut survenir. Ceci correspond à un rétrécissement, voire une obstruction totale du col. La sténose complique potentiellement les examens gynécologiques ultérieurs. Elle peut aussi rendre difficile la pose d’un stérilet, et perturber l’ouverture du col lors de l’accouchement. Néanmoins, cette complication est facilement traitable grâce à une procédure de dilatation.
  • Une augmentation du risque de fausse couche tardive et d’accouchement prématuré.
  • Un risque de récidive.

La surveillance après une conisation

La première surveillance consiste à observer les saignements post-opératoires. Sachez qu’il est tout à fait normal de présenter de légers écoulements pendant 2 à 3 semaines. Une augmentation des saignements est possible vers le 12ᵉ jour et correspond à la chute d’escarre (c’est-à-dire, au détachement de la croute cicatricielle).

Six mois après la conisation, une recherche du papillomavirus (HPV) sera réalisée. Les conduites diffèrent selon certains paramètres :

  • En cas de lésions initiales de bas grade : en présence d’un test HPV négatif (autrement dit, une infection au papillomavirus non détectée), la patiente est considérée comme guérie.
  • En cas de lésions initiales de haut grade : si le test HPV est négatif, les prochains contrôles auront lieu tous les 3 ans.
  • En cas d’HPV positif, une nouvelle colposcopie devra être réalisée. En l’absence de lésion à la colposcopie, un nouveau test HPV devra être conduit un an plus tard. Si une nouvelle lésion est observée lors de la colposcopie, il s’agira d’une récidive et votre médecin vous expliquera la conduite à tenir pour le traitement.

Les recommandations pour minimiser les risques de complications post-intervention :

De retour chez vous, il est recommandé de vous reposer et d’éviter les activités physiques intenses. Mangez sainement, en petites quantités.

Puis, suivez ces quelques conseils pendant un mois :

  • Évitez les bains et les baignades.
  • Abstenez-vous d’avoir des rapports sexuels avec pénétration vaginale.
  • N’insérez pas de tampon dans le vagin.
  • Proscrivez les douches vaginales.
  • Évitez les longs trajets et les déplacements éloignés de votre domicile.
  • Prenez votre température pour détecter toute fièvre supérieure à 38 °C.

Conisation et désire de grossesse

Conisation Grossesse
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De manière générale, la conisation est sans conséquence majeure sur la fertilité et sur les chances de mener à terme une grossesse.

Cependant, il existe quelques points de vigilance à observer :

  • Une conisation large et profonde peut provoquer une altération de la glaire cervicale. Or, cette dernière constitue un élément indispensable à la protection et au transport des spermatozoïdes lors de la fécondation. Un traitement à base d’œstrogènes résoudra facilement le problème.
  • Les risques d’accouchements prématurés et de fausses couches tardives sont augmentés, car les fonctions du col peuvent être altérées. La solution consiste à réaliser un cerclage, dont le but est de resserrer le col.

Dans tous les cas, il est important de mentionner aux professionnels de santé votre antécédent de conisation, afin de vous garantir une prise en charge adaptée.

Conisation pendant la grossesse : est-ce possible ?

La conisation en cours de grossesse est très rare. Elle n’est quasiment jamais pratiquée sauf lorsqu’un cancer invasif du col est suspecté et que la grossesse n’a pas dépassé le premier trimestre.

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