Infarctus : que faire en cas d’urgence ?

femme ressentant des douleurs dans la poitrine, dessin du coeur
Être alerté par les symptômes, appeler rapidement un médecin… En cas d’infarctus, il y a urgence !  

Au cœur de l'infarctus

Pour battre régulièrement, le muscle cardiaque a besoin d'un apport constant de sang (ou plus précisément d'oxygène apporté par le sang).

Ce sont les artères coronaires qui irriguent ce muscle. Quand il existe une obstruction complète d'une ou plusieurs artères, alors se produit un infarctus. Résultat : Les régions du cœur qui ne sont plus irriguées "souffrent" progressivement par manque d'oxygène. Si rien n'est fait pour lever cette obstruction, elles se nécrosent et meurent.

Qui sont les plus concernés par l’infarctus ?

En général, les hommes de plus de 50 ans et les femmes de plus de 60 ans (et qui sont sédentaires) ; les personnes ayant déjà souffert d'angine de poitrine ou celles souffrant d'hypercholestérolémie ou d'hypertension artérielle ; les fumeurs ou les anciens gros fumeurs.

Enfin, les sujets diabétiques ou qui présentent une obésité sont plus vulnérables. Toutefois, il arrive qu'un infarctus du myocarde se manifeste vers l'âge de trente-cinq ans chez quelqu'un apparemment en bonne santé... un cardiaque qui s'ignore. Heureusement, ce cas est plutôt rare !

Un exemple d’urgence cardiaque parmi tant d’autres

Vincent a 53 ans. Il passe le week-end de l'Ascension en Bourgogne dans sa maison familiale. A quatre heures du matin, il est soudainement réveillé par une forte douleur dans le creux de l'estomac. Depuis quelques semaines, à plusieurs reprises, Vincent a souffert de cette région, mais jamais de façon aussi violente.

La douleur ne cédant pas, il se décide à contacter le médecin de garde, une attitude qui semble d'autant plus justifiée que Vincent se sent désormais très nauséeux. Gastrite, indigestion... en discutant avec le médecin, le diagnostic s'oriente vers un problème digestif... apparemment sans gravité.

Mais avant de rédiger son ordonnance, le médecin apprend que Vincent est un ancien gros fumeur et que l'année dernière une prise de sang avait révélé un excès de cholestérol. Ces deux informations suffisent pour que le médecin pose son stylo et aille chercher dans sa voiture son électrocardiographe. L'ECG ne montre rien de symptomatique (dans de rares cas, il arrive que l'électrocardiogramme ne révèle pas d'emblée un infarctus).

Malgré les vives protestations de Vincent - croyant mordicus à une indigestion -, le médecin décide de joindre une équipe du SAMU pour un avis complémentaire et les éventuels premiers soins. Car le médecin le sait, s'il y a infarctus, les traitements doivent être donnés le plus tôt possible. En attendant, Vincent doit rester tranquillement allongé.

Infarctus : ses symptômes différents selon les gens

Ses suspicions étaient les bonnes. Le médecin apprend qu'à l'hôpital son patient a été admis dans un service de cardiologie pour infarctus... L'exemple de Vincent est banal. Il illustre combien les manifestations signant un accident cardiaque sont quelque fois peu révélatrices (en particulier chez certains diabétiques et personnes âgées).

En effet, un grand nombre de symptômes très différents les uns des autres peuvent faire évoquer ce type de problème. Le cas le plus dramatique est l'infarctus foudroyant (la personne qui en est victime s'effondre brutalement et décède quelques minutes plus tard).

Cette situation n'est malheureusement pas exceptionnelle. L'infarctus est d'ailleurs la toute première cause de mort soudaine. De façon générale, cet accident coronarien est révélé par une douleur thoracique.

Cela peut être la sensation d'une barre devant le thorax enserrant comme un étau, source parfois d'angoisses, gênant la respiration... Ou encore une douleur dans les deux bras, dans les mâchoires, dans le dos, ou aux deux poignets (en bracelet). Les personnes qui ont souffert d'une ou plusieurs crises d'angine de poitrine (angor) connaissent davantage ces symptômes.

Si à l'absorption de trinitrine (en spray : 1 à 2 bouffées sous la langue ; ou en comprimé : à croquer et laisser fondre sous la langue ; en glossette sublinguale : à laisser fondre), la douleur ne cède pas en une à cinq minutes, l'avis d'un médecin s'impose !

Dès les premières manifestations suspectes, il est donc important de joindre une équipe de soins d'urgence ou un médecin, car si le diagnostic d'infarctus est confirmé, les soins doivent être donnés le plus tôt possible.

Moins de trois heures... pour sauver un cœur !

En cas d'infarctus du myocarde, les zones du muscle cardiaque qui ne sont plus irriguées risquent de mourir rapidement si l'obstruction coronarienne n'est pas levée dans les plus brefs délais. En effet une artère coronaire fermée plus de trois heures, ce sont des lésions myocardiques irréversibles, même si la réouverture de l'artère coronaire est obtenue ultérieurement".

Conséquence : Le diagnostic doit être fait le plus tôt possible - le délai communément admis est de 3 à 6 heures - pour ensuite entreprendre un traitement efficace ! Pour gagner cette course contre la montre, au moindre doute dans les grandes villes, il faut appeler le SAMU (c'est l'hôpital à la maison)... A la campagne ou dans les villes ne disposant pas de SAMU, l'erreur serait d'accumuler les intermédiaires avant d'obtenir l'avis d'un praticien compétent dans l'interprétation d'un électrocardiogramme

Pour confirmer le diagnostic d'infarctus, dans la majorité des cas, l'électrocardiogramme (ECG) suffit. Cet examen est facile à réaliser et rapide à interpréter. Des électrodes sont placées sur le thorax, aux deux poignets et aux deux chevilles.

Une fois ces électrodes reliées à l'appareil, l'enregistrement de l'activité électrique du cœur ne demande que deux-trois minutes, et il n'en faut pas davantage pour interpréter l'électrocardiogramme. En plus de préciser l'existence d'un accident cardiaque grave, cet examen indique la région du muscle cardiaque qui est touchée. En fonction des zones du cœur atteintes, l'infarctus peut être plus ou moins sévère.

homme se tenant la poitrine avec dessin d’électrocardiogramme
© istock

L'ECG permet encore de diagnostiquer un éventuel trouble du rythme cardiaque (extrasystoles ventriculaires, bloc auriculo-ventriculaire...) complications possibles d'un infarctus.

En quelques instants, la décision peut donc être prise pour commencer les premiers soins. Dans de rares cas, l'ECG ne permet pas de diagnostiquer un infarctus avec certitude.

C'est alors par une prise de sang, en dosant certains marqueurs biochimiques, que l'on obtient des informations complémentaires. En cas d'infarctus, la destruction de cellules musculaires cardiaques libère dans le sang des substances normalement contenues dans ces cellules.

Conséquence : La concentration de ces protéines augmente dans le sang : la myoglobine, la créatine-kinase, les isoformes de la créatine-kinase, la lactase déshydrogénase (LDH), les troponines, etc.

Le diagnostic d'infarctus par dosage de ces substances a le gros inconvénient d'être un peu long. Dans le meilleur des cas, ce diagnostic est possible dès la deuxième ou troisième heure, grâce au dosage de la myoglobine. Mais ce dosage a un autre intérêt majeur.

Il permet d'évaluer l'étendue de l'infarctus et l'efficacité d'une éventuelle thrombolyse, ce traitement donné en première intention en cas d'infarctus récent et qui a pour but de dissoudre le caillot ou le thrombus. Le dosage de ces marqueurs cardiaques, effectué quelque temps après la thrombolyse, informe sur l'effet des médicaments injectés.

Traitement immédiat de l'infarctus

Le médicament thrombolytique est injecté dans une veine du bras. Une fois dans le sang, le produit gagne le cœur et en particulier l'artère coronaire obstruée pour agir localement.

Dans 50 à 70 % des cas, ces médicaments (la streptokinase acyclée, le rt-PA...) parviennent à dissoudre le caillot. Ils sont en général bien tolérés par l'organisme, en respectant scrupuleusement les contre-indications : l'inconvénient majeur de ces substances est en effet un risque d'hémorragie.

Le traitement thrombolytique peut être injecté dès que le diagnostic d'infarctus est certain. Aujourd'hui, les équipes du SAMU l'utilisent couramment. Depuis cette nouvelle pratique (qui date quand même des années 80), la mortalité par infarctus a très nettement baissé.

À noter : Encore une fois que le facteur temps est essentiel. En effet, l'efficacité de la thrombolyse est d'autant plus grande que les médicaments sont injectés précocement.

D'autres médicaments sont donnés à la phase aiguë de l'accident cardiaque, comme un bêtabloquant qui limite la taille de l'infarctus, des diurétiques, des inhibiteurs de l'enzyme de conversion, ou des dérivés nitrés en cas d'insuffisance ventriculaire gauche, etc. Les traitements doivent également prendre en compte l'état clinique du patient (sa tension artérielle, sa respiration...) pour corriger d'éventuels troubles.

Enfin, le médecin ou l'équipe soignante doit s'occuper le plus vite possible des éventuelles complications liées à l'infarctus. Elles peuvent être plus ou moins sévères. Citons certaines d'entre elles :

  • Un choc vagal (un ralentissement de la fréquence cardiaque, une syncope parfois...) nécessite l'injection d'atropine.
  • Des extrasystoles ventriculaires (battements anormaux des ventricules) se traitent par de la xylocaïne. Ces extrasystoles risquent d'évoluer vers une fibrillation ventriculaire (anomalie du rythme cardiaque gravissime). Celle-ci peut également se manifester dès les premiers instants d'un infarctus et engendrer une mort subite.
  • Une autre complication est un bloc auriculo-ventriculaire, trouble du rythme qui se définit par une absence de connexion électrique entre les oreillettes et les ventricules. Dans ce cas, on donne certains médicaments, mais également une sonde (d'entraînement) peut être quelquefois placée à l'intérieur du ventricule droit. Cette sonde est reliée à un stimulateur électrique (pile)...

Les complications liées à l'infarctus sont en réalité très nombreuses. Dans tous les cas, elles méritent d'être analysées et traitées rapidement.

Une fois hospitalisé dans une unité de soins intensifs ou dans un service de cardiologie, le patient continue à être suivi avec beaucoup d'attention. La suite des investigations et des soins dépend de l'âge du patient, de son état de santé général... et, bien sûr, des caractéristiques de l'infarctus. Une coronarographie peut être envisagée (examen radiographique qui permet de visualiser les artères coronaires et ses rétrécissements).

Pour la suite, un simple traitement médicamenteux peut suffire. Mais une angioplastie (dilatation par un ballonnet de la zone rétrécie) est parfois décidée, ou un pontage aorto-coronaire peut aussi être indiqué.

Quoi qu'il en soit, dans les semaines qui suivent la prise en charge d'un infarctus du myocarde, il arrive que l'on éprouve des difficultés à reprendre une vie quotidienne "normale".

Conséquences psychologiques, mode de vie à corriger, hygiène alimentaire parfois à modifier... un séjour dans un centre de réadaptation fonctionnelle peut être recommandé.

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