Un mal très fréquent
Le mal de dos représente le motif de consultation le plus fréquent en rhumatologie et en médecine générale. Si les lombalgies sont à l'origine d'une gêne importante et parfois d'une douleur intolérable, elles se révèlent bénignes dans 95 % des cas. Mais le chemin vers le soulagement se montre souvent plein d'embûches. Mieux vaut avoir toutes les cartes du mal de dos en main, même si elles vont parfois à l'encontre des idées reçues...
Dix notions essentielles à prendre en compte pour optimiser les chances de guérison.
1. La médecine classique désemparée
En période de crise, le recours aux médicaments antalgiques est quasiment incontournable. L'ordonnance se compose principalement de paracétamol, d'anti-inflammatoires non stéroïdiens et de décontracturants musculaires. L'infiltration de cortisone n'est utilisée qu'en dernier recours.
Mais quand la lombalgie devient chronique... ça se complique ! L'estomac supporte mal les anti-inflammatoires au long cours. Le paracétamol, lui, risque à la longue d'abîmer le foie. Enfin, les infiltrations ne peuvent pas être répétées indéfiniment. Reste la chirurgie, mais elle n'est pratiquée que dans des cas particuliers et grave'. D'où le développement des soins de rééducation fonctionnelle (kinésithérapie) et de diverses médecines douces.
2. Des mécanismes non élucidés
La plupart du temps, un "tour de reins" finit par passer. Mais quand la douleur devient permanente, elle devient difficile à dompter. Tous ceux qui ne peuvent même plus travailler à cause des caprices" de leur dos peuvent en témoigner... On sait que plus le dos est sollicité, plus il risque de "lâcher".
La clé du problème est de trouver la structure qui souffre. Trouble articulaire, musculaire ou ligamentaire ? Atrophie des disques intervertébraux ? Hernie discale ? Rétrécissement du canal lombaire ? Ou tout à la fois ? À l'heure actuelle, la question n'est pas entièrement résolue. D'autant plus que chaque situation est unique ! Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi la solution "miracle" n'existe pas.
3. Douleur et lésion à la radio : pas toujours associées
La plupart des personnes présentent des lésions à la radio. Pour autant, tout le monde ne se plaint pas du dos. Il faut aussi savoir que l'arthrose dorsale (qui sévit dès l'âge de 25 ans !) ne se manifeste que rarement par des douleurs. Les becs de Perroquet aperçus sur les clichés sont trop souvent cités à tort comme responsables des douleurs. Autre notion la scoliose de l'adulte importante est rarement en cause le corps ayant appris à compenser le déséquilibre.
Même une hernie discale sur un cliché peut ne donner aucun symptôme. En pratique, les examens radio graphiques ou l'imagerie (scanner, IRM) ne sont pas recommandés en première intention si l'examen n'a décelé aucune cause grave.
4. Le stress coupable
Il peut à lui seul être à l'origine de douleurs lombaires et cervicales. Les tensions nerveuses se répercutent sur la colonne vertébrale. C'est la situation classique du chef d'entreprise surmené qui va souffrir du dos de façon épisodique. Le stress peut aussi s'ajouter à d'autres facteurs et favoriser les récidives, qui à leur tour génèrent aussi... stress et anxiété.
Les douleurs chroniques conduisent même à un état dépressif. Pour en finir avec le mal de dos, il paraît donc important de prendre en compte les facteurs psychiques.
5. Pas de repos strict et du sport
A moins de ne vraiment plus pouvoir bouger, d'être atteint d'une pathologie qui interdit le sport, ou de souffrir terriblement, le repos au lit se montre totalement inutile. Pire, il favorise le passage à la chronicité. Les muscles ne travaillant pas, ils s'affaiblissent et aggravent alors le handicap déjà existant. Un seul mot d'ordre continuez à bouger en épargnant bien sûr votre dos.
Par exemple, en se faisant livrer les courses au lieu de les porter. Côté sport, vous pouvez continuer à condition de vous fixer des limites.
Aucune discipline ne se montre vraiment nuisible, à condition de reprendre progressivement. Cependant, mieux vaut opter pour la natation où l'état d'apesanteur possède un pouvoir antalgique et remuscle en douceur.
Privilégiez aussi les balades en vélo, car la position du corps (en suspension, penché en avant) diminue l'inconfort des lombalgies chroniques.
6. Les abdos indispensables
La sangle abdominale doit exercer son rôle de maintien. Car, qui dit ventre relâché, dit risque de cambrure lombaire (hyperlordose) pour compenser. D'où des contraintes mécaniques supplémentaires sur notre colonne. L'objectif est de renforcer en douceur le tonus des abdominaux transverses (situés dans le bas du ventre).
Dix minutes d'exercice chaque jour suffisent. Exemple allongez-vous et amenez les cuisses à 900 du buste, jambes pliées. Ouvrez et refermez les genoux au moins vingt fois, puis tendez et pliez les jambes.
Attention surtout à bien plaquer les lombaires au sol et à ne pas décoller la nuque.
7. Des précautions au quotidien
Prendre soin de son dos commence par vivre dans un environnement agréable en limitant au maximum le stress et les tensions nerveuses. Ensuite, il faut surveiller son poids. Si le fait de maigrir n'assure pas, à lui seul, la disparition des douleurs, il favorise les rémissions en épargnant aux lombaires la contrainte d'un ventre distendu. Enfin, nous devons tous surveiller notre posture.
Attention donc aux cambrures non physiologiques (épaules ou ventre en avant) qui, au fil des années, dérèglent l'équilibre, abîment la musculature ou compriment certaines vertèbres. Pensez à creuser légèrement le ventre, à pousser le bassin vers l'avant et à vous grandir.
8. Une rééducation facile pour tous
Les exercices physiques représentent un véritable traitement, en complément des autres médecines. Un programme sur mesure établi par un kinésithérapeute ou un éducateur sportif, doit répondre à trois objectifs :
- dénouer les tensions ;
- étirer pour limiter la compression des vertèbres ;
- retonifier les muscles rattachés à la colonne vertébrale. Pas question de suivre un entraînement intensif ! Dix minutes de mouvements doux, tous les jours, donnent d'excellents résultats.
Certains exercices d'étirements peuvent même se faire sur une chaise au bureau : rien de tel pour relâcher les tensions au niveau de la nuque et du haut du dos que de poser les mains à l'arrière de la tête, de fermer les coudes puis de souffler en arrondissant la nuque et les épaules vers l'avant (taille tenue, milieu et bas du dos bien plats).
9. La kinésithérapie pour soulager
D'après les experts, rien ne permet vraiment d'affirmer que telle technique de massage chez un kiné est efficace contre le mal de dos. Ce qui ne veut pas pour autant dire que ces méthodes ne marchent pas. Seulement voilà... il manque cruellement d'études cliniques.
Parce qu'il est difficile d'évaluer objectivement une amélioration et à cause des faibles moyens des promoteurs (association de professionnels de santé en général). Mais une chose est sûre : il faut toujours confier son dos à un véritable professionnel de santé qui saura reconnaître les limites de sa discipline.
10. Guérir = éviter les récidives
Se débarrasser de la douleur, c'est absolument nécessaire. Empêcher qu'elle ne revienne, c'est mieux. Les antalgiques permettent de supporter le mal de dos mais pas de s'en débarrasser à vie. Quand on ne retrouve pas de cause anatomique avérée, il faut jouer sur plusieurs facteurs à la fois pour espérer s'en sortir.
On comprend alors pourquoi la prise en charge doit être pluridisciplinaire. Ainsi, le médecin va calmer la douleur et réduire l'inflammation éventuelle, le kiné va dénouer les tensions nerveuses et musculaires, l'ostéopathe redonne de la flexibilité à la colonne, le rééducateur sportif tonifier la musculature...
Les critères de gravité
Une douleur au dos peut révéler une maladie sous-jacente comme une fracture, une infection ou un rhumatisme inflammatoire (Spondylarthrite, ankylosante), une tumeur osseuse. Des examens approfondis s'imposent dans les situations suivantes :
- vous êtes âgé de plus de 50 ans et vous vous plaignez pour la première fois ;
- vous avez des antécédents cancéreux ;
- vous avez de la fièvre ;
- vous avez maigri sans raison apparente et vous êtes fatigue ;
- vous vous traitez régulièrement avec de la cortisone.
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