Ostéoporose : tout savoir sur cette maladie

Osteoporose Os
Ce n’est pas vraiment une maladie. Nos os se fragilisent avec l’âge et cassent plus facilement. Si l’ostéoporose des femmes après la ménopause est bien connue, cette menace touche aussi les hommes après 60 ans. Il y a des solutions pour faire face.

L'ostéoporose : qu’est-ce que c’est ?

Conséquence du vieillissement, l'ostéoporose est une altération quantitative du tissu osseux. Il se raréfie. Alors, inéluctablement, les os, fragilisés, se cassent facilement. Ces fractures, plus ou moins spontanées, sont graves tant sur le plan médical que social et économique. Elles sont fréquentes chez les plus de 60 ans et devraient l'être de plus en plus avec l'allongement de la durée de vie. Or, des solutions thérapeutiques et des moyens de prévention existent mais sont encore peu utilisés.

Pourquoi les femmes sont-elles quatre fois plus touchées que les hommes par cette "maladie" ? Pourquoi ne le sont-elles pas au même âge ? Et pourquoi seules certaines d'entre elles en souffrent ? Pour comprendre ces inégalités, encore faut-il saisir ce qu'est la "vie" de nos os.

On a, en effet, tendance à considérer le tissu osseux comme un tissu inerte. Or, l'os vit (autant que le foie, le cerveau). Sa densité est le fruit d'une bataille entre des cellules qui fabriquent sans cesse de l'os nouveau, les ostéoblastes, et des cellules qui le détruisent, les ostéoclastes. L'os évolue ainsi tout au long de la vie. Jusqu'à la fin de l'adolescence, le capital osseux se constitue : c'est le temps de la construction osseuse. Puis, jusqu'à 35 ans, environ, il se crée un équilibre entre les deux forces.

La "maturité" osseuse est atteinte à cet âge où l'os est le plus dense et le plus solide. Ensuite, il se "fragilise" progressivement : c'est le temps de la destruction. Celle-ci est lente dans un premier temps, puis elle s'accélère à partir de 50 ans chez la femme et de 60 ans chez l'homme (inégalité flagrante : entre 40 et 70 ans, les hommes perdent de 15 à 20 % de leur os tandis que les femmes en perdent plus de 40 %).

Il faut dix à quinze années ensuite pour que les conséquences de cette perte osseuse apparaissent : il s'agit de l'ostéoporose qui est donc de deux types selon l'âge et le sexe :

L'ostéoporose précoce

L'ostéoporose précoce ne touche que les femmes et survient dix ans environ après le début de la ménopause, soit vers 60 ans. La perte osseuse est secondaire au déficit en œstrogènes, lié à l'arrêt de fonctionnement des ovaires.

Ses conséquences ? Des tassements vertébraux à l'origine de douleurs, de limitation de la mobilité mais aussi de diminution de taille (les femmes peuvent perdre jusqu'à 15 cm).

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L'ostéoporose tardive

L'ostéoporose tardive, dite sénile, survient chez l'homme comme chez la femme, après 70 ans. Elle est due surtout à un déficit vitaminocalcique. Sa principale conséquence est la redoutable fracture du col du fémur. Chaque année, en France, environs 70 000 personnes souffrent d'une telle fracture. Mais il n'y a plus lieu de se lamenter et de déplorer ces manifestations du "vieillissement" de nos os ; en effet, nous pouvons parfois les éviter, en tout cas limiter les dégâts.

La prévention semble l'arme la plus logique : elle consiste à éviter l'apparition de cette ostéoporose, donc à réduire le rythme de la destruction osseuse. Evidemment, on ne peut jouer sur l'existence de la ménopause ou sur son âge de survenue (des critères génétiques le régissent).

Mais on peut éviter certains facteurs qui accélèrent la perte osseuse : la consommation de tabac, de café, d'alcool, de certains médicaments, la pratique intempestive de régimes alimentaires. On peut également privilégier les éléments qui ralentissent la destruction de l'os : une bonne hygiène de vie, en particulier la pratique d'exercice physique régulier et l'adoption d'une alimentation équilibrée, particulièrement riche en calcium.

Mais la prévention ne doit pas démarrer à l'âge adulte. Plus elle est faite tôt, plus elle est efficace. En effet, de la qualité et de la densité de l'os à la fin de l'adolescence dépend la perte osseuse, qu'elle soit liée à l'âge ou à la ménopause. Or cette densité est, certes, également liée à des facteurs "incontrôlables" (génétiques, familiaux ou environnementaux) mais aussi aux habitudes de vie.

Préserver ses os

Le "guide de l'os sain" est simple.

Bien manger

L'alimentation doit être équilibrée, apportée en quantité suffisante et variée. La consommation de calcium doit atteindre environ 800 milligrammes par jour jusqu'à l'âge de 10 ans, puis 1 200 à 1 400 mg/jour jusqu'à 30 ans.

Enfin, chez la femme ménopausée, une consommation de 1 400 à 1 500 mg par jour est souhaitable. Dans nos pays, elle est en général trop basse durant l'adolescence (surtout chez la jeune fille), acceptable chez l'adulte et mauvaise chez la personne âgée (surtout la femme).

Sachez qu'un bol de lait apporte 300 mg de calcium, de même que deux yaourts ou 30 g de gruyère. Pour ceux qui ne supportent pas les produits laitiers, des comprimés de calcium sont disponibles en pharmacie.

La vitamine D est également indispensable car elle intervient pour l'absorption et la fixation du calcium au niveau de l'os. Le soleil est le meilleur des amis pour vous apporter cette vitamine D, sinon des gouttes ou des capsules viendront à votre secours.

Les régimes, quand ils ne sont pas utiles, sont à proscrire, les femmes très minces souffrant beaucoup plus souvent que les autres d'ostéoporose.

Mieux vaut éviter la consommation de tabac, surtout pour les femmes (car elle avance l'âge de la ménopause), et celle de café, du moins en excès (il augmenterait l'élimination du calcium).

Sport toujours

Une activité physique régulière doit être pratiquée, et ce tout au long de la vie. L'activité physique joue un rôle considérable pour le maintien de vos os. Si vous n'aimez pas le sport, la marche est excellente. En effet, les cellules responsables de leur construction sont stimulées par les pressions mécaniques qu'exerce tout effort musculaire. Pour renforcer vos os, faites-les bouger !

Outre ces conseils "hygiénodiététiques", il existe évidemment des moyens "médicamenteux" pour éviter l'apparition de l'ostéoporose ou la traiter.

Un traitement pour les femmes

Le premier de ces moyens ne s'adresse qu'aux femmes puisqu'il concerne l'ostéoporose post-ménopausique. Celle-ci étant secondaire au déficit en œstrogènes, il semble logique de proposer un apport de cette hormone manquante : c'est le traitement hormonal substitutif.

Ce traitement qui apporte des œstrogènes, et souvent dans le même temps de la progestérone, à doses et avec des modalités variées, prévient la perte osseuse de l'après-ménopause. Des études montrent que le risque de fracture du col du fémur est diminué de moitié chez les femmes ménopausées traitées par œstrogènes pendant au moins cinq ans. Si l'utilité de ce traitement est incontestable, surtout chez les femmes à haut risque d'ostéoporose, le problème est de savoir combien de temps il faut le poursuivre. On a en effet constaté qu'à l'arrêt du traitement, la perte osseuse reprend au même rythme qu'avant.

Alors, traitement de cinq ans, de dix ans ? Même si les opinions divergent, il semble raisonnable de préconiser une durée de traitement d'au moins dix ans pour voir réellement le bénéfice sur les os. Et les femmes qui ne peuvent ou ne veulent pas de ce traitement ? D'autres solutions existent ; elles valent tant pour l'ostéoporose post-ménopausique que pour l'ostéoporose sénile et sont proposées aux hommes comme aux femmes.

Lutter contre la perte osseuse

La calcitonine, par exemple, permet de freiner la destruction osseuse. Cette hormone est testée actuellement sous une forme nasale (mieux tolérée que la forme injectable). Une étude danoise a montré que l'utilisation de calcitonine de saumon, en spray nasal, diminuerait de deux tiers le taux de fractures vertébrales et périphériques chez les femmes de 68 à 72 ans.

Autre produit testé les diphosphonates. Administrés en alternance avec du calcium, ils présentent une réelle efficacité sur la réduction des taux de fractures vertébrales.

Stimuler la formation de l'os

Le fluor favorise la prolifération des ostéoblastes et donc la formation de l'os (avec un accroissement d'environ 8 à 10 % par an). C'est un des seuls médicaments aujourd'hui capables d'augmenter la densité osseuse vertébrale en cas d'ostéoporose.

Son effet est donc important : il réduit le risque de fracture chez les gens qui souffrent d'ostéoporose. Mais il faut l'utiliser à un dosage adéquat (25 mg deux fois par jour de fluorure de calcium ou 100 mg deux fois par jour de monofluorophosphate disodique).

Tous ces produits sont curatifs : ils ne peuvent être actuellement proposés qu'à des personnes souffrant d'ostéoporose confirmée, c'est-à-dire, en pratique, ayant un tassement vertébral. Il semblerait évidemment intéressant de les utiliser de manière préventive et non uniquement pour éviter la survenue de nouvelles fractures. Il faudra encore, pour cela, savoir définir les sujets à risques de manière simple.

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Eviter les chutes

Il est évident qu'une fois l'ostéoporose installée, il faut lutter par tous les moyens contre la survenue de fractures, surtout chez la personne âgée. Pour cela, toutes les précautions anti-chute devront être prises :

  • Pas de prise "diurne" de médicaments à l'origine de somnolence ou de baisse de la vigilance.
  • Pas de consommation abusive d'alcool.
  • Equiper les appartements (tapis antidérapants dans les baignoires et salles de bains), éviter les fils de lampe qui courent sous les pieds, pas de cirage abusif des parquets...
  • Eviter les boissons laxatives avant de se coucher, surtout en cas de prises de somnifères ou d'hypotension orthostatique (chute de la tension artérielle au lever).

Ainsi, l'ostéoporose peut être attaquée sur tous ses fronts : lors de la constitution du capital osseux, par une bonne hygiène de vie ; lors de la post-ménopause chez les femmes, par un traitement hormonal substitutif et, en cas d'ostéoporose installée, par des diphosphonates, des sels de fluor, de calcium, ou peut-être par la calcitonine en spray nasal.

C'est en cumulant ces moyens préventifs, curatifs... que l'on évitera peut-être, alors que la population va vieillir de plus en plus, cette conséquence invalidante, voire gravissime du vieillissement.

Mesurer ses risques

Dans l'arsenal des moyens pour lutter contre l'ostéoporose, il en est un qui ne cesse de progresser : le diagnostic. Grâce à différentes techniques - radiologie ou ostéodensitométrie il est désormais possible d'apprécier la densité osseuse.

L'absorptiométrie biphotonique à rayons X est actuellement la méthode la plus utilisée. Elle permet l'étude des principaux os à risques (vertèbres, fémur), ainsi que l'ensemble du squelette, Mais cette méthode, comme toute méthode nouvelle, ne fait pas l'unanimité. Certains pensent qu'elle n'a d'intérêt que dans des cas bien précis et ne s'adresse pas à tous, ou plutôt à toutes.

Ostéoporose : Inégalités des risques

Certaines personnes ont beaucoup plus de risques que d'autres de souffrir d'une ostéoporose. Les principaux facteurs de risques sont :

  • Génétique : les races blanche ou asiatique ainsi que 'les antécédents familiaux d'ostéoporose.
  • Statural : les petites tailles, les squelettes frêles ou les personnes peu épaisses.
  • Nutritionnel : le tabac, l'alcool, la faible consommation de calcium, surtout pendant la petite enfance et l'adolescence.
  • Obstétrical: ne jamais avoir eu d'enfants ou ne pas les avoir allaités,
  • Endocrinien: hyperthyroïdie, périodes prolongées sans règles (avant la ménopause).
  • Pathologique : résections intestinales, malabsorption, alcoolisme chronique.
  • Thérapeutique : longs traitements de cortisone, administration d'hormones thyroïdiennes, traitements anticonvulsivants, immobilisation prolongée.

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