Pilule : comment bien l’utiliser ?

Pilule Contraceptive
Plus d’une femme sur trois utilise un moyen de contraception. Et une sur deux prend la pilule. Le point sur son emploi.

Une efficacité largement prouvée

Après soixante ans de service, la pilule reste difficile à avaler ! Malgré une efficacité aujourd'hui largement reconnue et sa généralisation (une femme sur deux utilisant un moyen de contraception, entre 20 et 44 ans, prend la pilule), le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) ne diminue pas (200 000 par an), y compris chez les utilisatrices de la pilule.

Il augmente même de façon constante chez les adolescentes (+2,8 % par an). Première cause d'échec : les oublis.

Dans une étude menée en 2019, 92 % des femmes questionnées par leur gynécologue déclaraient avoir oublié leur pilule entre une à cinq fois pendant les six derniers mois. Une "étourderie" pas toujours mesurée puisque 32 % affirmaient n'avoir pris aucune protection ensuite, et 14 % avoir abandonné leur pilule…

L'année dernière, une autre étude a montré que les échecs de contraception chez les moins de vingt ans surviennent davantage sous pilule que chez celles qui n'ont aucune contraception (6,9 % contre 4,6 %). Et que 87 % des grossesses non désirées, ayant conduit à une IVG chez ces mêmes jeunes filles, sont dues à un oubli de pilule.

Mais plus qu'une mauvaise utilisation par méconnaissance, ce sont le mode de vie, le contexte affectif, familial, social, les mentalités, l'état de santé général, la fatigue, le stress... qui rendent difficile une observance sans faille.

Un constat qui amène aujourd'hui les médecins à s'interroger. Notamment sur la pertinence de leur communication sur la pilule (être plus attentif aux besoins, envies et personnalité de chacune) et sur le choix du moyen contraceptif : la pilule n'est pas le seul. Il existe d'autres méthodes à adapter selon les circonstances (implants, stérilets...).

Laquelle choisir ?

Les "combinées"

Elles contiennent deux hormones de synthèse (progestatif et estrogène) et sont les plus prescrites en raison de leur bonne tolérance. Leurs taux en estrogène sont aujourd'hui très faibles : 30 à 35 microgrammes (μg) pour celles de deuxième génération entre 15 et 30 μg pour celles de troisième génération.

Elles existent en plaquettes de 21 (sept jours d'arrêt), 24 (quatre jours d'arrêt) ou 28 comprimés (sans arrêt). 90 % des femmes utilisent cependant les plaquettes à 21 jours.

Les progestatives, ou "micro- pilules"

Elles contiennent une seule hormone (progestérone ou dérivé) et sont prescrites aux femmes qui ont une contre-indication aux estrogènes (diabète, hypertension, cholestérol, tabac, surpoids, personnes immobilisées...).

Quand la prendre ?

À l'heure où vous êtes sûre de ne pas l'oublier, en associant sa prise à un geste quotidien : le matin en vous levant, après le brossage des dents, au cours du déjeuner, le soir ayant de vous coucher... Pour les étourdies, il existe des applications qui envoient des notifications et programment des alarmes à heures fixes.

Que faire en cas d'oubli ?

Il y a "risque" dès qu'il y a plus de douze heures de retard avec une pilule combinée - trois heures avec une pilule progestative. Les oublis les plus fréquents ont lieu avec les pilules à 21 jours dans la première semaine de reprise (42 % des oublis).

Dans ce cas, n'arrêtez pas votre pilule et prenez le comprimé oublié en même temps que le suivant (on limite ainsi les éventuels effets secondaires : saignements...). Utilisez en plus un autre moyen de contraception jusqu'à la fin de la plaquette (préservatifs, spermicides...).

Vous l'oubliez en fin de plaquette

Soit vous enchaînez immédiatement sur la nouvelle plaquette, sans respecter les jours d'arrêt. Soit vous commencez la suivante un ou deux jours avant la date prévue, si vous avez oublié votre pilule un ou deux jours avant la fin de la plaquette.

Dans tous les cas, il ne doit jamais y avoir plus de sept jours d'arrêt entre le dernier comprimé et le nouveau (risque de retour de l'ovulation).

Vous l'oubliez au moins deux jours de suite

Si cela se produit lors de la première semaine de reprise, pensez à la contraception d’urgence. Au cours de la deuxième semaine, reprenez votre pilule normalement. Lors de la troisième semaine : idem, mais commencez la plaquette suivante le lendemain du dernier comprimé de la plaquette en cours.

Vous l'oubliez très souvent.

Demandez à votre médecin une autre méthode contraceptive.

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Dois-je la prendre en plus d'utiliser des préservatifs ?

Oui, car les préservatifs ont leurs limites : ils peuvent craquer ou glisser. Ils sont davantage un moyen de protection contre les M.S.T et le sida qu'un moyen de contraception.

Si vous cessez d'utiliser des préservatifs parce que vous avez une relation régulière, n'oubliez pas d'adopter en relais un autre moyen de contraception. Car ni la méthode Ogino (mesure des températures) ni la "pensée magique" ("Ça ne peut pas m'arriver") n'ont fait la preuve de leur efficacité contre une grossesse non désirée...

La pilule contre l'acné est-elle une pilule contraceptive ?

Oui, mais cette pilule n'est pas autorisée comme telle en France : elle est uniquement prescrite comme traitement hormonal de l'acné.

Après un accouchement, quand la reprendre ?

  • Vous n'allaitez pas : vous devez reprendre la pilule trois semaines après l'accouchement (moment du retour de l'ovulation).
  • Vous allaitez : vous n'en avez pas besoin tant que votre enfant est exclusivement nourri au sein (pas d'alternance avec les biberons), que votre retour de couches n'a pas eu lieu et pas au-delà de six mois (retour naturel du cycle ovulatoire).

En cas de saignements pendant le cycle, dois-je l'arrêter ?

Surtout pas. On appelle ce phénomène le spotting. Il se produit le plus souvent pour une première pilule et disparaît généralement après trois mois. Mais s'il persiste, parlez-en avec votre médecin.

De même, si vous constatez une absence de règles en fin de plaquette, des pertes blanches, maux de tête, prise de poids, tension mammaire, jambes lourdes... n'attendez pas pour lui en faire part. Il suffit juste parfois de changer de pilule pour faire disparaître les symptômes.

Pour qui est-elle "à risque" ?

Malgré des doses très faibles en estrogènes, il existe un risque vasculaire relatif chez les femmes ayant un facteur prédisposant : tabac (risque multiplié par sept après 35 ans), antécédent de phlébites, diabète, hypertension, cholestérol, obésité, migraines...

Dès 1995, les pilules de 3ème génération ont été accusées d'augmenter le risque vasculaire... II effectivement plus élevé qu'avec les pilules de 2ème génération, mais ce risque reste exceptionnel.

Par ailleurs, il faut rappeler que la pilule diminue les règles abondantes et douloureuses, ainsi que le syndrome prémenstruel. Selon des études, elle aurait un effet protecteur contre le risque de cancer de l'endomètre et des ovaires et diminuerait la fréquence des kystes ovariens fonctionnels.

Après arrêt de la pilule, puis-je être aussitôt enceinte ?

Absolument. Le délai de grossesse après arrêt de la pilule varie, selon les femmes, de 15 jours à six mois. En réalité, les "délais" dépendent davantage de la fécondité que de la prise de la pilule à long terme : celle de la femme (elle baisse naturellement après 30-35 ans), de l'homme ou du couple même (il y a des partenaires peu ou très féconds ensemble).

Que faire en cas de décalage horaire ?

II vaut toujours mieux prendre sa pilule en avance que trop tard, et jamais avec plus de 12 heures de retard. En fonction de ces données et de votre destination (nombre d'heures de décalage horaire, durée du voyage…), soit vous décidez de conserver votre heure habituelle de prise (vous la prenez à 22 h en France, vous la prendrez à 22 h à New York), soit vous vous basez sur un cycle de 24 heures.

Dois-je l'arrêter avant intervention chirurgicale ?

Cette interruption n'est nécessaire que s'il y a un réel risque vasculaire et en cas d'immobilité prolongée après l'intervention. Dans tous les cas, précisez à l'anesthésiste que vous prenez la pilule.

Peut-elle entraîner une prise de poids ?

Un tiers des femmes sous pilule se plaignent de prendre du poids. En réalité, il s'agit de rétention d'eau liée à la présence des estrogènes, qui peuvent entraîner des gonflements, jambes lourdes, ballonnements.

Vous pouvez demander à votre médecin un autre moyen de contraception ou essayer la pilule "anti-rétention". A base d’un progestatif (drospirénone), elle neutraliserait l'action des estrogènes et réduirait, dans certains cas, la rétention hydrosodée. Mais, attention, il ne s'agit nullement d'une pilule pour maigrir.

À lire : Pilule : vraies questions et bonne surveillance

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